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Mondes de l'éducation

Chaque interaction à l’école construit la communauté... ou la détruit, par Sean Slade

Publié 15 mai 2018 Mis à jour 24 septembre 2018
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Outre la violence, l’intimidation et le harcèlement à l’école, de nombreux/euses membres du personnel éducatif doivent faire face à une baisse de moral et à un stress toujours plus important. Nous vivons à une époque où les responsabilités se multiplient, et avec elles leurs conséquences. L’évaluation des enseignant(e)s et du personnel administratif se fait à l’aide de tests à grands enjeux, et nombre d’entre nous savent que le moral est au plus bas. Il semblerait que nous fassions la même observation chaque année depuis quelque temps déjà. Cette situation nous affecte lourdement. Nous sommes conscient(e)s de la nécessité de créer des environnements scolaires positifs et inclusifs, et il est plus que jamais temps de s’atteler à la tâche. Nos étudiant(e)s ont le droit de bien commencer leur vie adulte. Un climat scolaire encourageant nous permettra d’atteindre cet objectif.

Le climat scolaire s’appuie sur les expériences des étudiant(e)s, des parents et du personnel éducatif de la vie à l’école et reflète des normes, des objectifs, des valeurs, des relations interpersonnelles, des pratiques d’enseignement et d’apprentissage ainsi que des structures organisationnelles. Un climat scolaire positif et durable encourage le développement et l’apprentissage des jeunes. Ces éléments sont nécessaires pour leur permettre de mener une vie productive, collaborative et heureuse dans une société démocratique. Ce climat inclut:

· Des normes, des valeurs et des attentes grâce auxquelles les individus se sentent en sécurité d’un point de vue social, émotionnel et physique;

· L’engagement et le respect de chacun(e);

· Le fait que les étudiant(e)s, les familles et les éducateurs/trices travaillent main dans la main pour mettre sur pied une vision commune de l’école, y contribuer et y vivre;

· Le fait que les éducateurs/trices servent de modèles et favorisent des comportements qui mettent en avant les avantages et la gratitude découlant de l’apprentissage; et

· La nécessité que chacun(e) contribue au fonctionnement de l’école et prenne soin de l’environnement physique.

Il est essentiel d’attirer l’attention sur ce dernier point: « que chacun(e) contribue au fonctionnement de l’école ». Que nous formulions des paroles encourageantes et bienveillantes, réagissions de façon négative ou soyons réticent(e)s aux nouvelles idées, nous contribuons au climat scolaire. Il est également important de noter la différence entre le climat scolaire et la culture scolaire. La culture scolaire se rapporte au sentiment de sécurité des étudiant(e)s et des enseignant(e)s à l’école, alors que le climat scolaire suppose une approche plus proactive et englobe l’infrastructure scolaire dans son ensemble ainsi que tous les aspects connexes. En outre, le climat scolaire inclut l’accueil du personnel au sein de l’établissement, le degré d’implication des étudiant(e)s dans leur apprentissage et les stratégies mises en œuvre par les enseignant(e)s d’un point de vue pédagogique pour mobiliser les étudiant(e)s, mais également les événements qui se déroulent au cours de l’année scolaire et la mesure dans laquelle les parents se sentent accueillis lorsqu’ils assistent à des événements scolaires ou rencontrent un(e) enseignant(e) ou le/la directeur/trice de l’école. (School Climate Change, p 3)

Cet extrait de notre ouvrage School Climate Change(« Changer le climat scolaire ») (Sean Slade et Peter DeWitt, ASCD 2015) met en lumière un point important : chaque personne au sein de la communauté scolaire, qu’il s’agisse d’un(e) enseignant(e), d’un(e) membre du personnel de soutien à l’éducation ou du personnel administratif, joue un rôle dans la création du climat scolaire de l’établissement à travers ses interactions, la façon dont elle résout les problèmes et salue les autres personnes le matin, mais également à travers la propreté, la sécurité et la maintenance des bâtiments scolaires, le sentiment de fierté qu’elle ressent à l’égard de sa fonction et de son école, et à travers chacune de ses interactions avec des étudiant(e)s ou d’autres adultes au sein de l’établissement.

Si les étudiant(e)s et leur famille contribuent à la création d’un climat scolaire positif, c’est bien le personnel scolaire qui joue le rôle le plus immédiat et le plus déterminant. En effet, ce sont eux/elles les adultes qui définissent les politiques, créent les normes comportementales, établissent les règles en faveur de l’interaction positive et créent un environnement favorable à la réussite ainsi qu’un sentiment d’appartenance.

Bien souvent, les étudiant(e)s se sentent plus à l’aise avec les membres du personnel de soutien à l’éducation et en sont plus proches. Le personnel de soutien à l’éducation remplit le rôle d’adultes responsables et bienveillants, sans pour autant porter le fardeau des notes et des résultats aux tests. Ils/Elles sont un rappel constant des aides mises à disposition de chaque étudiant, pour que ces enfants puissent grandir, se développer et apprendre. Les membres du personnel de soutien à l’éducation font le lien entre l’école et la communauté locale, puisqu’ils/elles vivent et travaillent généralement dans le même quartier, et jouent un rôle crucial dans la création et le maintien d’une culture scolaire positive, à la fois au sein de l’établissement et des communautés scolaire et locale.

L’école ne sert pas uniquement à diffuser du contenu: il s’agit d’un endroit où nos enfants apprennent à interagir les uns avec les autres, à se développer et à grandir dans un environnement sûr. Cet environnement, lorsqu’il est bien construit, permet à chaque enfant d’essayer de nouvelles choses et de savoir ce qu’on attend de lui à l’école, mais aussi d’évoluer dans un climat entièrement sécurisé et motivant.

En réalité, il nous suffit d’entrer dans une école pour savoir de quoi il retourne. Nous savons immédiatement s’il y règne un environnement sûr, motivant et favorisant l’apprentissage.

Le climat scolaire est un concept omniprésent. La plupart des éducateurs/trices en ont expérimenté les côtés positifs et négatifs. Nous pouvons aisément ressentir le climat d’une école dans les cinq minutes suivant notre entrée. Les expressions faciales et le langage corporel des étudiant(e)s sont particulièrement révélateurs. Souvent, il est possible de dire, en un seul regard, si les étudiant(e)s sont occupé(e)s, bruyant(e)s, silencieux/euses, concentré(e)s ou désintéressé(e)s. Regardez l’état de la cour de récréation, du parking et des bâtiments scolaires. Sont-ils propres ou mal entretenus? Baladez-vous parmi les étudiant(e)s et les membres du personnel et faites attention à la façon dont ils/elles vous regardent, vous dévisagent ou vous saluent. Vous sentez-vous accueilli(e), isolé(e) ou ignoré(e) lorsque vous entrez dans le bâtiment? Prêtez attention aux murs. Sont-ils décorés? Ouvrez les yeux et écoutez ce qui se dit dans les couloirs. Selon l’école, les couloirs peuvent fourmiller d’interactions positives entre les étudiant(e)s et les adultes ou du seul bruit des adultes qui réprimandent et font taire les étudiant(e)s se rendant dans leur classe.

En réalité, chaque école a son propre climat. Il est soit mis en place, c’est-à-dire développé de manière intentionnelle, soit adopté par défaut. S’il a été créé avec de bonnes intentions, il peut être motivant, protecteur, formateur et propice à un enseignement ainsi qu’à un apprentissage efficaces. Malheureusement, lorsqu’il est négligé, il peut se révéler dangereux, démotivant et incohérent. Imaginez que vous êtes un(e) étudiant(e), un(e) enseignant(e) ou un parent qui se rend chaque jour ou chaque semaine dans cette école. Comment vous sentiriez-vous: motivé(e) ou préoccupé(e)? Soutenu(e) ou vulnérable?(School Climate Change, p 4)

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.