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Photo: avec l'aimable autorisation de la CSI.
Photo: avec l'aimable autorisation de la CSI.

Rapport sur le développement dans le monde: « Il faut avoir une vision pour avoir de l’espoir »

Publié 19 septembre 2018 Mis à jour 3 octobre 2018

L’Internationale de l’Education exhorte la Banque mondiale à modifier radicalement son approche, qui nuit aux travailleurs/euses, à la démocratie et à l’avenir de nos sociétés.

Dans une lettre ouverte(en anglais) à Jim Yong Kim, directeur de la Banque mondiale, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE) David Edwards fait part des préoccupations du syndicat mondial concernant les opinions politiques et valeurs affichées dans le projet de Rapport sur le développement dans le monde 2019.

Cette lettre, envoyée aujourd’hui depuis le siège de l’IE à Bruxelles, s’inquiète du manque de vision de la Banque mondiale ainsi que de « son mode de pensée étriqué et tortueux », qui transparaissent tous deux dans le projet du Rapport sur le développement dans le monde à paraître en 2019. Elle examine en outre des thématiques telles que l’avenir du travail et des entreprises, la négociation collective, l’impôt et l’éducation.

Une précarisation accrue dans le monde du travail

Parmi les plus grandes menaces à la prospérité, au bien-être et à la croissance, Edwards a mis en évidence la multiplication des emplois précaires, les salaires toujours plus bas et les conditions de travail qui ne cessent de se détériorer dans de nombreuses régions du monde. Le Secrétaire général a en outre fait remarquer que les propositions de la Banque mondiale pour résoudre ces problèmes ne se renouvelaient pas: « les mêmes recommandations sont faites, quand bien même celles-ci n’ont pas fonctionné par le passé ».

En conséquence, « plutôt que de tirer les enseignements des échecs passés, la Banque mondiale semble déterminée à formuler des recommandations visant à perpétuer, voire à aggraver, ces échecs », soutient l’IE. L’Internationale de l’Education se montre particulièrement critique envers le fait que la Banque mondiale s’obstine à recommander le maintien des faibles salaires dans les pays en développement, qu’elle s’appuie sur la flexibilité et la déréglementation, et qu’elle néglige l’emploi formel.

Des inégalités exacerbées

Si le rapport reconnaît que le développement est souvent entravé par le manque de recettes fiscales, il sous-estime, selon l’IE, l’impact des inégalités et laisse passer l’occasion de suggérer un impôt progressif sur le revenu, qui assurerait un financement durable pour les services publics tels que l’éducation.

Une perception déformée de l’éducation

La lettre du Secrétaire général aborde principalement la façon dont la Banque mondial perçoit l’éducation et critique sa « compréhension étriquée du rôle de l’éducation au sein de la société ». Elle soutient que l’institution a une « vision unilatérale de l’éducation, liée presque exclusivement aux besoins de l’économie, soit une vision réduite à des résultats d’apprentissage limités, des mesures erronées et des systèmes d’évaluation malavisés ».

Selon Edwards, la Banque mondiale continue également à sous-estimer l’importance de l’enseignement en tant que profession, ignorant ostensiblement la voix des éducateurs/trices au sein de leurs organisations et freinant de ce fait la réalisation des Objectifs de développement durable.

Des omissions dangereuses en guise de conclusion

L’Internationale de l’Education considère que le Rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale omet de nombreux facteurs clés qui affectent la vie des individus et constituent une menace pour l’avenir. L’organisation internationale des enseignant(e)s appelle à un nouveau contrat social fondé sur des valeurs sociales solides, qui implique les partenaires sociaux et ne fait pas de distinction entre le développement et les droits humains, la tolérance et la dignité. Elle exprime le souhait de continuer à apporter sa contribution en vue d’améliorer les projets du Rapport sur le développement dans le monde, dans l’espoir que celui-ci aura « un visage humain et qu’il prendra en compte les besoins urgents et multiples de la société ».