Les résultats du PISA mettent en évidence les pressions exercées sur les systèmes éducatifs
Les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) récemment publiés ont conduit les syndicats de l'éducation à réfléchir aux systèmes scolaires et à l'avenir de l'éducation.
En Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Australie, les syndicats de l'éducation ont mis en exergue les principaux points à retenir de l'enquête PISA publiée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 3 décembre. Le PISA mesure la capacité des jeunes de 15 ans à utiliser leurs connaissances et leurs compétences en lecture, en mathématiques et en sciences.
Royaume-Uni: un travail bien fait dans des circonstances difficiles
La National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT), organisation membre de l'IE au Royaume-Uni, a déclaré que « garantir des normes élevées d'enseignement et d'apprentissage dépend de la présence d'enseignants et enseignantes très motivés et dévoués, jouissant de conditions de travail qui leur permettent de se concentrer sur l'enseignement dans la salle de classe. Les résultats du PISA de cette année montrent que les enseignants et enseignantes font un excellent travail, mais souvent dans des circonstances difficiles. » Le syndicat a mis en garde contre l'utilisation des résultats du PISA pour classer les pays ou les juridictions.
Le syndicat a ajouté qu'en termes de bien-être, les étudiant·e·s britanniques semblent moins « susceptibles de dire qu'il·elle·s sont satisfait·e·s de leur vie que ceux·celles de presque tous les autres pays ». Il a exprimé la crainte que « la peur de l'échec et l'énorme pression exercée sur les enfants et les jeunes en raison de la responsabilisation entrainés par les enjeux importants des tests dans les écoles du Royaume-Uni puissent être un facteur important de ce constat ».
États-Unis: les systèmes scolaires fonctionnent
Aux États-Unis, l' American Federation of Teachers(AFT) a lié la montée de l'activisme des enseignant·e·s exigeant plus d'investissements publics et une baisse des tests à enjeux élevés à « une augmentation des résultats du PISA américain ». La Présidente de l'AFT, Randi Weingarten, a déclaré: « Lorsque vous essayez de répondre aux besoins pédagogiques et socio-émotionnels des élèves et d'écouter les éducateur·rice·s et les parents, plutôt que de les pénaliser en fonction des résultats des tests, vous pouvez commencer à changer les perspectives.
Pourtant, nous devons être prudent·e·s avec les classements de l'OCDE qui comparent des pommes avec des poires et opposent les nations. Au lieu de classer les pays ayant des contextes éducatifs très différents, nous devrions nous concentrer sur la recherche sous-jacente qui montre que les systèmes scolaires fonctionnent lorsque les enseignant·e·s sont bien préparé·e·s et bien soutenu·e·s, et lorsqu’on n’applique pas simplement des normes aux élèves mais qu’on leur offre les outils pour les respecter. »
Allemagne: davantage d'investissements sont nécessaires dans les écoles défavorisées
En Allemagne, le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft(Syndicat allemand de l'éducation/GEW) s'est déclaré préoccupé par le manque de soutien accordé aux « écoles en situation difficile ». Compte tenu de la forte corrélation prouvée par le PISA entre les résultats scolaires et le contexte social et économique des élèves, le membre allemand de l'IE a appelé à davantage d'investissements dans les écoles des quartiers socialement défavorisés. Une baisse de la qualité de l'éducation pourrait également être attribuée au manque d'enseignant·e·s, selon le rapport. Le syndicat appelle à un effort national pour attirer et maintenir en poste de nouveaux·elles employé·e·s qualifié·e·s.
Le bien-être des élèves et des enseignant·e·s a également été souligné par le GEW, et il a mis en garde contre l'utilisation des systèmes d'enseignement chinois et coréen comme exemples, uniquement sur la base de leurs bons résultats.
Espagne: les mesures d'austérité ont eu un impact sur la qualité
En ce qui concerne l'Espagne, le syndicat de l'éducation FECCOO a directement lié la faible performance des étudiant·e·s espagnol·e·s à la réforme conservatrice de la loi de l'enseignement, la Loi organique pour l'amélioration de la qualité de l'éducation (LOMCE). Le syndicat a appelé à la révision de la LOMCE et à un nouveau cadre qui place l'apprentissage efficace au cœur de son action tout en évitant la ségrégation et la discrimination. Les mesures d'austérité et la réduction des investissements dans les infrastructures et le personnel ont eu un impact négatif sur la qualité générale du système éducatif, a déclaré le syndicat. Il a appelé le gouvernement social-démocrate récemment élu à élaborer une nouvelle proposition pour remédier à la situation.
Australie: un système inégalitaire
L’ Australian Education Union(AEU) a également regretté l'impact des mesures d'austérité et des coupes dans l'éducation dans son pays. Il a déclaré que le PISA a souligné les lacunes du gouvernement fédéral en matière de financement équitable des écoles publiques. La Présidente de l'AEU, Correna Haythorpe, a déclaré que le rapport PISA ne réservait aucune surprise aux enseignant·e·s qui travaillaient dans des milieux défavorisés. « Les lacunes en matière de ressources sont évidentes dans l'architecture de financement des écoles du gouvernement Morrison et cela a un impact important au niveau de l'école en termes de personnel et de programmes d'apprentissage », a déclaré Correna Haythorpe. « La politique inégale du gouvernement Morrison en matière de financement scolaire est en train de transformer très rapidement toute une génération d'élèves australiens en créant un système composé de ‘nantis’ et de ‘non-nantis'. »
Selon le rapport, l'écart entre les élèves les plus performants et les moins performants dans les écoles australiennes était bien supérieur à la moyenne de l'OCDE. « Nos enseignants et enseignantes effectuent un travail remarquable pour enseigner à tous les élèves, mais le PISA montre qu'un écart persiste dans les performances des élèves issus de milieux socio-économiques supérieurs par rapport à ceux issus des milieux socio-économiques inférieurs », a déclaré Correna Haythorpe. « Les ressources pédagogiques supplémentaires qui seraient disponibles en veillant à ce que toutes les écoles soient financées à 100% de la référence de la Norme de ressources scolaires (SRS) sont essentielles pour combler cet écart de performance. »