Gabon : les éducateur∙trice∙s soutiennent l’initiative gouvernementale pour une continuité pédagogique via l’éducation à distance
S’il∙elle∙s estiment que l’initiative de plateforme XGEST pour l’éducation à distance lancée par le ministère de ‘l’Éducation vaut la peine d’être essayée en période de COVID-19, les enseignant∙e∙s émettent de fortes réserves quant au fait que tous les élèves puissent y accèder. Il∙Elle∙s insistent donc pour un réaménagement de l’année scolaire dès que la situation reviendra à la normale.
Les cours à distance ont démarré le mardi 14 avril suite à la suspension par les autorités publiques des cours sur toute l’étendue du territoire national, en vue de préserver élèves et enseignant∙e∙s des risques d’une propagation certaine, rapide et généralisée du COVID-19 en milieu scolaire. La décision a été prise après des rencontres d'information et d'explications entre les ministres chargés de l'éducation et les partenaires sociaux, à savoir les syndicats d’enseignants et les fédérations des associations des parents d'élèves). L’objectif est de maintenir les élèves en activité et garder le lien avec les familles. Cette phase pilote va concerner dans un premier temps les élèves des classes d'examens, à savoir la 5e année du primaire (CM2), les élèves de 3e et terminale pour le secondaire.
Le Syndicat de l'Éducation Nationale (SENA) a donné son accord de principe en dépit des insuffisances et de limites identifiées.
« Puisqu'il est question d'occuper les élèves en activité durant la période de confinement et la pandémie du COVID-19, nous ne trouvons pas d'inconvénient à essayer cette méthode de travail, tout en étant conscient que tout le public concerné ne sera pas atteint », a indiqué Fridolin Mve Messa, secrétaire général du SENA.
Il insiste en expliquant que cette expérience du ministère concernant l’enseignement à la maison vaut d’être essayée, mais ne doit pas permettre de valider une année scolaire, seulement garder son but de maintenir les élèves dans l’activité pédagogique. Pour Mve Messa, « les élèves qui ne bénéficient pas de de ces enseignements à distance ne doivent pas être pénalisés lorsque les cours vont reprendre dans les établissements scolaires ».
Le SENA a ainsi émis des réserves : tous les foyers n’ont pas de radio ni de télévision, tous les élèves ne disposent pas d’un outil informatique et toutes les villes ne sont pas connectées à Internet.
Pour ce qui est des canaux et supports de communication à mobiliser pour l’enseignement à distance, Mve Messa cite, dans une lettre adressée aux enseignant∙e∙s et aux membres du SENA en date du 16 avril :
- La télévision et la radio ;
- Le réseau internet avec la plateforme du Ministère de l’Education Nationale (XGEST) ;
- La téléphonie mobile par la création des groupes WhatsApp par établissement et par classe ;
- La poste pour les supports physiques ; et
- Le déplacement des personnes (enseignants ou parents d’élèves).
Il rappelle par ailleurs que la démarche ministérielle s’inscrit dans la logique des principes directeurs définis par l’Internationale de l’Éducation sur la pandémie du COVID-19, notamment dans les principes 4, 5 et 6.
Il ajoute que le SENA « estime que le réaménagement du calendrier scolaire reste la seule alternative possible après la sortie de cette crise sanitaire, demande au Ministre d’amorcer la réflexion sur la question avec les différentes composantes, tout comme il lui demande de prendre en compte ses remarques et observations sur l’enseignement à distance ».
Pour plus de sécurité et de prudence, au moment de la reprise effective des cours après le passage de la COVID-19, le SENA exhorte par ailleurs le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires de prévention continue afin de protéger élèves et enseignant∙e∙s en installant des points d'eau et la mise à disposition de gels hydro alcooliques. Le syndicat invite enfin ses membres au confinement et à l’observation des mesures barrières.
Vidéo de Mve Messa s’exprimant à l’antenne de Radio Gabon (sujet à 20 minutes) :