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Mondes de l'éducation

Un syndicat de l’éducation promeut des solutions adaptées au contexte pour répondre aux défis liés à la COVID-19, par Shri N. Rangarajan et Dr. J Eswaran.

Publié 29 juillet 2020 Mis à jour 17 août 2020
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En mars 2020, alors que la chaleur tropicale s’intensifiait au Tamil Nadu, en Inde, que les enseignant·e·s étaient occupé·e·s à préparer leurs cours, à travailler avec les élèves et à consigner les progrès réalisés au cours du dernier trimestre de l’année scolaire dans un environnement scolaire bourdonnant d’activité, les autorités de l’État annoncèrent le confinement total de la capitale de l’état, Chennai, dans un premier temps. Les enseignant·e·s se demandaient alors ce que leur réserveraient, à eux·elles et aux enfants, les comptes rendus menaçants de cas et de victimes de la COVID-19 à travers le monde. Avant qu’ils n’aient vraiment le temps de prendre conscience de la situation et de mettre en place des plans d’urgence face à cette pandémie sans précédent, l’état du Tamil Nadu fut à son tour soumis au confinement total et les écoles primaires publiques furent fermées jusqu’à nouvel ordre.

Les enseignant·e·s du primaire ont ainsi été confronté·e·s au défi, commun à de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, d’assurer la liaison avec les élèves et leurs parents dans un contexte très particulier. La fermeture des écoles occasionnée par la pandémie de COVID-19 depuis maintenant 14 semaines, a eu pour effet d’accentuer la difficulté de retenir l’intérêt et la participation des élèves défavorisés sur le plan économique et vivant en zones rurales éloignées et en milieu urbain de l’état du Tamil Nadu et dans presque l’ensemble du territoire indien.

De fait, les parents de la grande majorité des élèves du primaire sont soit des travailleur·euse·s journalier·ère·s, temporaires ou sans emploi. Compte tenu du contexte socio-économique très sombre provoqué par la situation lié à la COVID-19, les enseignant·e·s de la Tamil Nadu Elementary School Teacher’s Federation(TESTF) ont uni leurs forces pour mettre en place tout un ensemble d’activités de soutien et de leadership communautaire, dont des actions de sensibilisation au sein des communautés visant à encourager le respect des mesures de distanciation physique, du lavage des mains et le maintien d’installations sanitaires de bonne qualité dans un contexte de ressources limitées et de zones résidentielles surpeuplées.

Les membres de la TESTF ont été les premiers fonctionnaires à faire don d’une journée de salaire au gouvernement dans le cadre de l’appel des responsables nationaux à contribuer à faire face à la COVID-19. Les membres de la TESTF ont par ailleurs réalisé une collecte de fonds interne afin d’alimenter le fonds « Chief Minister Relief Fund » destiné à mener des actions face à la pandémie de COVID-19 dans l’état de Tamil Nadu. Dans un contexte difficile, cette initiative menée avec passion auprès des membres du syndicat a permis de recueillir 10.651.977Rs (125.525€) en faveur des fonds d’urgence, soulignant l’engagement communautaire des membres de la TESTF.

En coordonnant leurs efforts visant à fournir des articles de première nécessité, dont des masques et des produits désinfectants afin de faire appliquer les mesures de distanciation physique au sein des communautés locales et de les sensibiliser, en tant que dirigeant·e·s communautaires, les dirigeant·e·s et membres de TESTF réalisèrent l’importance du développement professionnel continu et de la communication avec les élèves dans ces circonstances exceptionnelles. A cette fin, les enseignant·e·s ont enregistré des sessions pédagogiques dans des conditions semblables à celles de la salle de classe diffusées par la chaîne publique éducative « Kalvi TV » et participé à des formations en ligne sur les méthodologies d’enseignement axées sur la technologie pour se préparer à « la nouvelle réalité du monde ». Cependant, le double problème épineux de l’accès aux jeunes enfants vivant en milieu isolé et privés d’alternative d’apprentissage, et de la stabilité, inhérente au système scolaire, apparait de plus en plus insurmontable pour un·e enseignant·e du primaire.

Une large enquête sur les répercussions de cette pandémie sur nos écoles et élèves a clairement montré que l’enseignement primaire était en danger dans la mesure où nos élèves sont, pour la plupart, privés d’accès aux outils de communication numérique. Il est évident que l’enseignement présentiel est plus déterminant à cet âge que pour tout autre niveau de scolarité. Les perspectives d’enseignement à la maison sont très limitées pour la majorité de nos élèves dont le quotidien est désormais dominé par le travail et dont la norme est l’incertitude. Les solutions d’apprentissage à travers une forme ou autre de support électronique sont les moins efficaces pour ces très jeunes enfants dont la participation et l’attention posent problème sans supervision des adultes.

Les difficultés exacerbées, associées à l’enseignement primaire au sein des communautés défavorisées, requièrent une attention à l’échelle de la planète ainsi que des solutions concrètes, plutôt que de retarder les mesures nécessaires pour répondre à la situation et d’envisager d’utiliser les écoles comme centres de traitement de la pandémie.  Au Tamil Nadu, la TESTF s’est opposée à l’idée d’utiliser les écoles comme centres de quarantaine et de traitement mais a été disposée à œuvrer avec le gouvernement à l’identification d’approches et la mise place de politiques privilégiant l’enseignement des élèves des écoles publiques. Nous nous sommes par conséquent activés cet été à identifier et proposer des solutions à travers nos propres groupes d’apprentissage, groupes de travail et équipes en ligne constitués au cours des deux derniers mois.

Néanmoins, l’enthousiasme avec lequel elle·il·s enseignent, leur sens de responsabilité sociale et l’engagement des enseignant·e·s à la promotion d’un environnement d’apprentissage propice ne sauraient porter leurs fruits faute de financement, de soutien, de lignes directrices et de mise en œuvre efficace des politiques dans des proportions suffisantes. La fourniture de biens et services indispensables, tels que l’eau propre pour le lavage des mains, les savons et  les produits désinfectants, ainsi que la formation essentielle du personnel afin de pouvoir mettre en place des activités d’apprentissage et d’enseignement respectueuses des mesures de distanciation physique, sont à cet égard obligatoires. Il est également crucial de prévoir, de financer et d’acquérir de nouvelles ressources afin de maintenir les installations sanitaires en bon état, et de procéder à un nettoyage en profondeur de chaque école dans la période postpandémique.

Les écoles et enseignant·e·s sont fondamentaux·ales pour de nombreuses communautés et pourraient par conséquent facilité les programmes de sensibilisation axés sur l’école à l’intention des élèves et des parents au cours des mois suivant la réouverture des écoles. Notre approche en matière de plaidoyer consiste à appeler le gouvernement à créer l’environnement d’apprentissage le plus sûr pour les élèves du primaire dans le but d’éviter que la situation postpandémique ne frappe les citoyen·ne·s les plus vulnérables de notre pays. La mise en œuvre de toutes ces recommandations et leur inscription dans la durée sont primordiales pour lutter contre l’abandon scolaire, le décrochage et les mauvaises conditions d’apprentissage.

De manière générale, les enseignant·e·s du primaire et la plus grande association d’enseignant·e·s du Tamil Nadu, la TESTF, sont déterminé·e·s à s’engager, d’un pas assuré et avec force, aux côtés de nos enfants défavorisés, vers un plus bel avenir postpandémique. Les gouvernements du monde entier doivent cependant reconnaitre les défis de dimension internationale que pose l’enseignement primaire au sein des communautés défavorisées et mettre en place les solutions concrètes et les changements politiques en associant syndicats d’enseignants, expert·e·s concerné·e·s et parties prenantes.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.