Une question posée dans le désert, par Joseph Jovellanos.
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On raconte parfois qu'après la Seconde Guerre mondiale, l'Empereur du Japon Hirohito a appelé l'un de ses soldats et a posé cette question : « Combien d'enseignants ont-ils survécu ?» Cette question est une reconnaissance par l'Empereur du rôle crucial des enseignant·e·s dans la construction ou la reconstruction d'une nation. Sans les enseignant·e·s, une nation ne peut jamais être construite ou reconstruite. C'est peut-être la raison pour laquelle l’enseignement est considéré comme la plus noble des professions.
Aux Philippines, les enseignant·e·s sont soit des enseignant·e·s des écoles publiques, soit des enseignant·e·s des écoles privées. Si les Philippines reconnaissent l'éducation comme un droit dont les citoyen·ne·s doivent jouir, elles peuvent à peine répondre à tous les besoins de l'éducation de base et ne sont pas financièrement capables de fournir un enseignement supérieur gratuit à toutes et à tous. Pour cette raison, les écoles privées font partie du système éducatif. Et par conséquent, les écoles sont soit des écoles publiques, soit des écoles privées, soit encore des partenariats public-privé.
Le fonctionnement des écoles privées aux Philippines repose sur les frais de scolarité (frais de scolarité, frais divers et autres frais). Sans ces frais de scolarité, les écoles privées ne survivront pas. De la même manière, les salaires et avantages sociaux des enseignant·e·s et du personnel des écoles privées dépendent des frais de scolarité. Pour cette raison, l'augmentation des salaires et des avantages sociaux des enseignant·e·s et du personnel scolaire dans les écoles privées dépend de l'augmentation des frais de scolarité, conformément à la loi de la République n°6728, également connue sous le nom de « Loi portant assistance aux étudiant·e·s et aux enseignant·e·s dans l’enseignement privé et fonds appropriés ».
De plus, les enseignant·e·s des écoles privées sont soit des enseignant·e·s titulaires/régulier·ère·s, soit des enseignant·e·s contractuel·le·s/en stage probatoire. En termes de rémunération, les enseignant·e·s titulaires/régulier·ère·s perçoivent leur salaire et d'autres avantages régulièrement, tandis que les enseignant·e·s contractuel·le·s/en stage probatoire sont soumis·es au régime « pas de travail, pas de rémunération ».
Suite à la crise mondiale provoquée par la COVID-19, le gouvernement philippin, tout comme d'autres gouvernements dans le monde, a ordonné la suspension des cours dans les écoles de tous les niveaux, publiques ou privées, depuis le 16 mars 2020 et jusqu'à aujourd'hui, pour des raisons de santé et de sécurité. Avec cette suspension des cours, les écoles privées de tout le pays ont institué des mesures pour leur survie car elles ne reçoivent pas de frais de scolarité. Elles ont réduit les coûts de fonctionnement. Malheureusement, même avec les mesures mises en œuvre, de nombreuses écoles privées envisagent encore de fermer car elles ne peuvent plus survivre.
Dans le même temps, vu la situation des écoles privées, on estime qu'un total de 409.757 enseignant·e·s et personnels scolaires des écoles privées sont fortement touchés.
Au départ, les plus touché·e·s ont été les enseignant·e·s contractuel·le·s/en stage probatoire et le personnel scolaire. Comme ils·elle·s sont sous le régime de « pas de travail, pas de rémunération », ils·elle·s n'ont plus perçu de salaire depuis le 16 mars 2020. Heureusement, certains d'entre eux·elles, grâce à la générosité des propriétaires des écoles, ont quand même perçu leur salaire jusqu'au 15 avril 2020 mais pas au-delà. Les enseignant·e·s contractuel·le·s/en stage probatoire et le personnel scolaire qui travaillent dans des écoles où des syndicats sont présents ont plus de chance. Au-delà du 15 avril 2020, il·elle·s ont reçu une aide financière ou en nature issue de la négociation entre la direction de l'école et le syndicat. Dans une école privée, dont le syndicat est affilié à NATOW, les enseignant·e·s contractuel·le·s/en stage probatoire et les autres membres du personnel de l'école ont reçu le 14e mois de salaire au prorata le 30 avril 2020, les congés non utilisés monétisés conformément à la convention collective de travail le 15 mai 2020, des produits de base comme du riz, des conserves et autres le 30 mai 2020 et une aide financière de 5.000 pesos (87 euros) le 15 juin 2020.
Au fur et à mesure que la suspension des classes se poursuit, les enseignant·e·s régulier·ère·s/titulaires et le personnel scolaire commencent à ressentir l'impact de la crise à différents niveaux, en fonction de la gestion de leur école. Certains enseignant·e·s et personnels des écoles privées ont commencé à percevoir des prestations réduites. Certain·e·s ont commencé à recevoir des salaires et des avantages sociaux réduits. Et, à l'heure actuelle, certain·e·s ont cessé de recevoir des salaires et des avantages sociaux et leur nombre augmentera au fil des jours, des semaines et des mois. Cela montre que pour assurer des conditions de travail décentes aux enseignant·e·s ainsi que pour garantir le droit à l'éducation en temps de crise, il est essentiel d'augmenter l'allocation des fonds à l'éducation (par exemple par une fiscalité progressive, des aides et une augmentation des ressources nationales allouées à l'éducation) afin de développer un système public solide et durable.
Face à cette réalité, la question est : COMBIEN D'ENSEIGNANT·E·S SURVIVRONT-IL·ELLE·S ? Cette question peut-elle être prise en considération par les dirigeant·e·s actuel·le·s du gouvernement, de la même manière que le fît l'Empereur du Japon en son temps ? Ou est-ce une question posée dans le désert ?
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.