Taïwan : les pressions du syndicat de l'éducation incitent un fournisseur privé de services éducatifs à s'excuser pour le harcèlement dont il est responsable
La Taïwan National Teachers' Association (NTA) a publiquement dénoncé le groupe d’édition éducative Kang Hsuan (KH Group) pour ses pratiques illégales dans le domaine de la santé publique et des questions relatives au travail. Le groupe KH est l'une des plus grandes sociétés privées d'enseignement à Taiwan.
Une dénonciatrice présumée victime d’intimidation sur le lieu de travail
Les actions de la NTA sont survenues suite des violations répétées du règlement de quarantaine imposé suite à la pandémie de COVID-19 par le président du groupe KH. En outre, la NTA affirme que le président, Lee Wan-Chi, a demandé à la direction de l’entreprise d’identifier la dénonciatrice qui a mis au jour les violations. La lanceuse d'alerte a rapporté les actions de Lee à la presse, aux conseiller·ère·s municipaux·ales et aux autorités sanitaires, affirmant que les actions du président avaient nui à l'image de l'entreprise et aux relations de travail.
La NTA a exigé la mise en œuvre de modifications législatives pour garantir les droits des dénonciateur·trice·s et mettre fin à l'intimidation dans le milieu du travail.
L'employée du KH Group a rapporté que Lee, malgré l'obligation d’une quarantaine de 14 jours pour celles et ceux qui reviennent de Chine, avait participé à plusieurs réunions, mettant en danger les employé·e·s et la santé publique. La lanceuse d'alerte a également affirmé que Lee avait délibérément laissé son téléphone portable à la maison pour éviter d'être suivi par les autorités sanitaires.
De plus, après que la violation de Lee a été signalée et qu'il a été condamné à une amende par les autorités, le chef de la société a ordonné une enquête interne au sujet de la lanceuse d'alerte. Cette enquête a conduit à des allégations d'intimidation au travail. Une employée, qui travaillait pour KH Group depuis 18 ans, a quitté l'entreprise après avoir été convoquée à plusieurs reprises par la direction pour être interrogée et avoir été publiquement désignée comme lanceuse d'alerte.
Campagne de boycott de la NTA
La NTA a immédiatement dénoncé les pratiques du groupe KH à l’encontre d’une éducatrice de haut niveau qui a légitimement exercé son droit civil de révéler le comportement illégal du propriétaire de l’entreprise, qui menaçait la santé publique.
Le syndicat a insisté sur le fait que Lee, directeur d'une société éducative et défenseur de la responsabilité sociale des entreprises, avait enfreint la loi sur le contrôle des maladies transmissibles. En outre, il a déclaré que la tentative de Lee de cibler et de punir la dénonciatrice était considérée comme inacceptable par les enseignant·e·s, les parents et la société.
Exhortant à plusieurs reprises le groupe KH à présenter des excuses officielles au public, la NTA était également prête à appeler à une campagne nationale de boycott contre tous les manuels, écoles privées et publications du groupe KH.
Les déclarations du syndicat de l’éducation ont fait l’objet d’une couverture importante dans les informations quotidiennes, ce qui a accru la colère et le soutien des acteur·trice·s de l’éducation. De plus en plus de groupes se sont joints à la campagne, notamment des fédérations syndicales, des représentant·e·s des parents et de la communauté et des parlementaires de tous les partis.
Inspections menées par l’autorité du travail
Suite aux pressions de la campagne organisée par la NTA et du public, l’autorité du travail est intervenue, effectuant des inspections des conditions de travail, des démissions et des indemnités de départ et des droits fondamentaux protégés par la loi sur les normes du travail. Après la médiation présidée par l'autorité, le groupe KH a trouvé un accord avec l'employée et, quelques jours plus tard, le président a rendu public une lettre d'excuses officielle.
Vigilance continue de la NTA
La NTA insiste pour que le groupe KH continue de mettre en œuvre des mesures concrètes démontrant sa détermination à prévenir toute faute future dans les établissements d'enseignement qu'il exploite à Taiwan et en Chine.
Deuxièmement, il a fermement appelé les enseignant·e·s à reconsidérer le groupe KH en tant que fournisseur de manuels scolaires et a appelé le public à collaborer avec le syndicat pour surveiller les pratiques de travail de l'entreprise.
Troisièmement, sur la base des leçons apprises concernant les protections juridiques insuffisantes pour les dénonciateur·trice·s et les travailleur·euse·s victimes d'intimidation sur le lieu de travail, la NTA a déclaré que les député·e·s devraient modifier les lois concernées lors des prochaines sessions législatives afin de les rendre plus fortes et plus efficaces.