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Les syndicalistes enseignant∙e∙s d'enseignants continuent de défendre l'éducation inclusive et les droits des LGBTI

Publié 14 juin 2021 Mis à jour 20 juin 2024

En Espagne et au Royaume-Uni, des éducateur∙trice∙s ont rappelé leur engagement en faveur de l'inclusion des éducateur∙trice∙s et des étudiant∙e∙s lesbiennes, gays, bisexuel∙le∙s, trans et intersexes (LGBTI) dans les systèmes éducatifs et la société.

Les syndicats réagissaient au récent Rapport mondial de suivi sur l'éducation, publié par l'UNESCO et l' International LGBTQI Youth and Student Organisation(IGLYO) - un réseau international constitué par des jeunes et des étudiant∙e∙s. Le rapport indique que 54 % des personnes LGBTI ont été au moins une fois victimes d'intimidation à l'école en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur expression de genre ou des variations de leurs caractéristiques sexuelles.

Espagne : l’inclusion des étudiants LGTBI est loin d'être atteinte

L'Espagne a beaucoup progressé dans la voie de l'égalité des droits pour les personnes LGTBI.

Dans leur récent blog(en espagnol), Belén de la Rosa et Begoña Fuentes, de la Federación de Enseñanza de Comisiones Obreras(FE.CC.OO) ont fait remarquer que la législation a contribué à ce que les personnes LGTBI se sentent de mieux en mieux acceptées dans la société. Au niveau national, deux lois capitales, l'une garantissant l'égalité du mariage et l'autre sur le changement de nom enregistré, mettent en évidence la nécessité d'étendre les droits civils des personnes transgenres. En outre, 12 des communautés autonomes espagnoles ont approuvé des lois contre la phobie des LGTBI et sur le droit à l'autodétermination du genre.

Toutefois, les avancées n'ont pas progressé « au même rythme en termes d'acceptation sociale », ont affirmé De la Rosa et Fuentes. Les auteures se basent sur leur expérience en tant que professionnel∙le∙s de l'enseignement qui ont également été victimes d'intimidation en raison de leur appartenance à la communauté LGBTI.

Exclusion et discrimination

Les autrices ont fait état d'une enquête récente menée en Europe, et notamment en Espagne, dans laquelle plus de 17.000 garçons, filles et jeunes âgés de 13 à 24 ans ont révélé que l'exclusion et la discrimination étaient toujours bien présentes dans les salles de classe.

À leurs yeux, « la sécurité du corps étudiant LGBTI semble dépendre de la chance de pouvoir vivre dans une région qui a développé des politiques éducatives inclusives ou non, et du contexte politique du moment. Cela signifie que nos droits sont sans cesse menacés. La progression de l'extrême droite et le retour de positions ultra-conservatrices constituent un rappel brutal de la facilité avec laquelle certains droits fondamentaux des personnes LGBTI pourraient être abolis », écrivent De la Rosa et Fuentes.

C'est pourquoi la FE.CC.OO fournit aux écoles des informations et des outils pour soutenir les étudiant∙e∙s et les enseignant∙e∙s LGBTI. « Les écoles ont besoin de systèmes solides capables de contrôler la discrimination et la violence contre les étudiants LGBTI. Les étudiants doivent être au centre de ces efforts, grâce, par exemple, à des clubs et des espaces qui proposent des dispositifs de soutien aux étudiants victimes de harcèlement ou de violence. »

Lorsque tous les étudiant∙e∙s, malgré leurs différences, se sentent en sécurité et bien accueillis, les brimades et les incidents violents sont moins nombreux et les étudiant∙e∙s peuvent développer tout leur potentiel, soulignent de la Rosa et Fuentes.

Former les enseignant∙e∙s

Elles estiment que, pour que les écoles puissent accueillir tous les élèves, il est indispensable que le personnel enseignant reçoive les connaissances nécessaires pour dispenser des programmes inclusifs. « Si un enseignant n'inspire pas à ses élèves la confiance que les brimades et la violence seront traitées efficacement, ces derniers ne seront pas disposés à révéler leur identité et leur orientation sexuelle. Ils continueront à se cacher », ont souligné les autrices.

Royaume-Uni : les droits des LGBTI font partie des droits humains.

« NASUWT – The Teachers’ Union est profondément convaincu que tous les étudiants et enseignants doivent être libres d'enseigner et d'apprendre dans un environnement inclusif et respectueux des droits des LGBTI », a souligné Jennifer Moses, responsable nationale du NASUWT pour l’égalité et la formation. « Nous sommes intimement convaincus qu'un environnement éducatif inclusif pour les élèves et les étudiants doit également constituer un espace sûr et inclusif pour l'ensemble du personnel scolaire, en particulier pour les personnes LGBTI. »

Lors d’une récente conférence des enseignant∙e∙s LGBTI du NASUWT, elle a souligné que 36 % des personnes interrogées ont déclaré que les cas liés à la LGBTI-phobie avaient empiré pendant la pandémie de COVID-19, beaucoup ayant remarqué une recrudescence du langage homophobe et haineux utilisé en ligne.

En matière d'enseignement, en Angleterre, l'attention s'est récemment concentrée sur la question de savoir dans quelle mesure les problématiques liées aux LGBTI sont prises en compte de manière significative et suffisante dans les programmes scolaires, a insisté Moses.

L'héritage de la législation de 1988

Elle a rappelé à quel point l'histoire de l'éducation LGBTI dans les écoles anglaises est complexe et difficile. Durant les dernières décennies, la question a été dominée par l'impact de ce qui est connu sous le nom de ‘Section 28’.

Cette loi, adoptée en 1988, stipulait que les écoles « ne doivent pas promouvoir intentionnellement l'homosexualité ou publier des documents dans l'intention de promouvoir l'homosexualité » ni « promouvoir l'enseignement, dans une école publique, de l'acceptabilité de l'homosexualité en tant que prétendue relation familiale ».

Même si la section 28 a été abrogée en 2003, son héritage demeure dans le système éducatif anglais, où l'égalité de statut des personnes et des communautés LGBT+ ne se reflète généralement pas dans les offres éducatives des écoles, avec des conséquences négatives évidentes pour les enfants et les jeunes et pour la cause de l'égalité LGBTI en général, a déploré Jennifer Moses.

Programme actualisé en matière d'éducation sexuelle et relationnelle

Elle a fait remarquer que les orientations statutaires sur l'éducation relationnelle et sexuelle n'avaient pas été mises à jour en Angleterre entre 2000 et 2020, date à laquelle une version révisée a été promulguée. Les orientations précédentes étaient muettes sur les questions liées aux LGBTI. Même si des critiques tout à fait justifiées continuent d'être formulées à l'encontre de ces orientations révisées, accusées de ne pas faire suffisamment pour lutter contre la discrimination à l'encontre des personnes et des communautés LGBTI et pour soutenir la promotion de l'égalité, la révision du cadre de l'éducation relationnelle et sexuelle dans les écoles constitue manifestement un pas dans la bonne direction.

La mise en œuvre de cette réforme du cadre de l'éducation LGBTI n'en est encore qu'à ses débuts et il sera important que tous les acteurs concernés, y compris le gouvernement, les syndicats, les groupes de sensibilisation et de défense des droits, continuent de voir dans quelle mesure la réforme donne aux écoles la possibilité d'aborder les contenus liés aux LGBTI de manière plus efficace et plus complète que ce n'était souvent le cas dans le passé, a déclaré Moses. « Une attention toute particulière devra être accordée à la qualité et à l'étendue de la formation et du soutien mis à la disposition du personnel des écoles, ainsi qu'à la possibilité pour ce personnel d'accéder à des sources d'expertise et à des conseils externes efficaces. »

Si les changements relatifs à l'éducation relationnelle et sexuelle sont importants, Moses estime qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les questions LGBTI soient prises en compte de manière plus cohérente et plus visible dans les programmes scolaires au sens large.

« Si nous croyons vraiment que les droits des LGBTI sont des droits humains, nous devons continuer à lutter pour un environnement d'apprentissage et d'enseignement sûr et inclusif dans le monde entier pour tous les élèves et le personnel scolaire LGBTI », a conclu Moses.

UNESCO et IGLYO : plus de la moitié des élèves LGBTI en Europe victimes d’intimidation à l'école

Les syndicats de l’enseignement ont réagi à l’étude publiée par le Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO et l'organisation internationale de jeunes LGBTI IGLYO. Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation a révélé que plus de la moitié des élèves LGBTI en Europe ont déclaré avoir été victimes d’intimidation à l'école. Ce rapport, publié le 17 mai, à l'occasion de la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, recommande un investissement accru dans les capacités des enseignants à dispenser des programmes scolaires inclusifs et à lutter contre l'intimidation et le harcèlement à l'encontre des LGBTI.

Le rapport constate également l'incapacité de certains établissements d'enseignement à lutter contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, l'identité et l'expression du genre et les variations intersexuelles.

Selon le rapport, les interventions des enseignant∙e∙s et des autres membres du personnel scolaire confrontés à des remarques négatives et à du harcèlement sont essentielles à un système éducatif inclusif. Mais beaucoup d'enseignant∙e∙s manquent de confiance et de connaissances pour soutenir les apprenant∙e∙s LGBTI. La majorité des élèves (58 %) n'ont jamais signalé les incidents dont ils sont victimes à un membre du personnel scolaire et moins de 15 % des personnes interrogées ont systématiquement signalé ces incidents à un membre du personnel de leur établissement.

Un engagement international pour l'inclusion

Selon le rapport, l'offre d'un environnement d'apprentissage sûr constitue une étape essentielle pour parvenir à l'inclusion des apprenants LGBTI. Cette inclusion a été reconnue dans l'engagement pris par 56 pays en 2016 dans le cadre de l'Appel à l'action des ministres convoqué par l'UNESCO pour une éducation inclusive et équitable pour tou∙te∙s les apprenant∙e∙s dans un environnement exempt de discrimination et de violence.

L’UNESCO et l’IGLYO ont également appelé les gouvernements et les écoles à généraliser l'enseignement des droits humains et d'autres matières, notamment l'histoire et les études sociales, afin d'intégrer les personnes LGBTI, leur histoire et leur expérience dans les programmes d'enseignement. Ces efforts doivent être complétés par la formation et l'habilitation des enseignants à dispenser des programmes inclusifs afin qu'ils puissent transmettre leurs connaissances et faire face aux incidents et aux menaces de manière efficace.