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Photo by Mat Napo on Unsplash
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Nouvelle étude : le monde échoue dans l’éducation au climat malgré l’urgence qu’il y a à agir

Publié 28 septembre 2021 Mis à jour 8 décembre 2021

Selon une nouvelle étude de l’Internationale de l’Éducation, malgré l’urgence de la crise climatique, les pays du monde entier négligent d’accorder la priorité à l’éducation au climat, pourtant une composante essentielle d’un avenir durable. Cette étude examine le niveau d’ambition en matière d’éducation au changement climatique, ainsi que la mesure dans laquelle les pays accordent la priorité à l’éducation en tant qu’outil d’action climatique. Les résultats sont déplorables et montrent que les pays échouent sur toute la ligne.

« Face à la catastrophe climatique mondiale, l’éducation au climat n’est pas facultative. Elle est absolument vitale. Les étudiants ont besoin de savoirs et de compétences pour faire face à cette crise et opérer des changements positifs. Leur vie en dépend. Les gouvernements doivent intervenir d’urgence et garantir l’accès universel à une éducation de qualité au changement climatique. Les enseignants et enseignantes sont prêts à remplir leur rôle », a déclaré David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation.

Mesurer l’ambition en matière d’éducation au changement climatique

L’ambition en matière d’éducation au changement climatique à l’heure du bilan : l’IE fait le point, une initiative conduite par Christina Kwauk, a analysé 95 contributions déterminées au niveau national (CDN) mises à jour, révisées ou nouvelles, au 30 septembre 2021. Les CDN sont des plans d’action nationaux sur le climat visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à faciliter l’adaptation aux changements climatiques.

L’étude a permis d’évaluer les CDN selon six critères basés sur le Manifeste de l’Internationale de l’Éducation pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s :

  1. Ambition politique – le pays préconise-t-il un enseignement obligatoire au changement climatique, évalué sur la base de critères clairs et limités dans le temps pour suivre le progrès accompli ?
  2. Diffusion – Le pays préconise-t-il une éducation au changement climatique dans l’ensemble du système éducatif, y compris à tous les niveaux d’enseignement et dans toutes les matières ?
  3. Inclusivité – L’approche du pays en matière d’éducation au changement climatique bénéficie-t-elle à toutes les populations cibles, y compris les plus vulnérables ? Le pays consulte-t-il les éducateur·trice·s et les étudiant·e·s lors de l’élaboration des politiques en matière d’éducation au changement climatique ?
  4. Qualité de l’éducation au changement climatique – Le pays préconise-t-il une éducation au changement climatique qui favorise l’égalité de genre, qui soit intersectionnelle et transdisciplinaire ? Préconise-t-il une éducation au changement climatique fondée sur la science, qui encourage la participation citoyenne et l’action climatique, et qui ouvre la voie à de futures carrières dans l’économie verte ?
  5. Justice climatique – Le pays axe-t-il son approche de l’éducation au changement climatique sur la recherche de la justice climatique, en enseignant comment différents groupes, comme les femmes et les filles ou les peuples autochtones, sont impactés de manière différente par le changement climatique ?
  6. Renforcement des systèmes – Le pays préconise-t-il un financement adéquat de l’éducation publique nécessaire pour soutenir une éducation de qualité au changement climatique ? Le pays garantit-il aux enseignant·e·s l’accès à une formation adéquate et au développement professionnel continu, afin de leur permettre de dispenser, à leur tour, une éducation de qualité sur le changement climatique ?

Les indicateurs décrits ci-dessus représentent une norme élevée à laquelle chaque pays devrait aspirer, a fortiori dans le contexte d’un effondrement climatique imminent.

Échec pour tous les pays

Toutes les CDN analysées ont manqué d’atteindre la note minimum de 60 % requise pour réussir. Seuls trois pays ont obtenu une note de 50 % ou plus :

  • Cambodge (58 %)
  • République dominicaine (51 %)
  • Colombie (50 %)

Si l’on ajuste les notes vers le haut (en ajoutant 42 points de pourcentage à toutes les notes), 10 pays se retrouvent en tête du classement :

  • 90-100 % : Cambodge, République dominicaine, Colombie, Argentine
  • 80-89 % : Cap-Vert, Gambie, Birmanie, Costa Rica
  • 70-79 % : Antigua-et-Barbuda, Îles Marshall
  • 60-69 % : Qatar, Sainte Lucie, Soudan du Sud, Sierra Leone, Seychelles, Vanuatu, Mexique

Les pays (ne) reconnaissent (pas) le rôle d’une éducation de qualité dans la lutte contre le changement climatique

Alors que 72 sur les 95 CDN mises à jour font référence à l’éducation, seules 23 d’entre elles font spécifiquement référence à l’éducation des enfants et des jeunes.

S’agissant de la qualité de l’éducation au changement climatique, une poignée de pays sont en tête de file, mais dans l’ensemble, le tableau reste morose. À titre d’exemple, aucun des pays qui, dans le cadre de leur CDN, préconisent une éducation au changement climatique n’exige que celle-ci soit fondée sur la science.

Les gouvernements ne sont pas à l’écoute des jeunes militant·e·s pour le climat

Alors que 66 CDN font référence aux enfants et aux jeunes, seules 10 d’entre elles les désignent comme des agents du changement et 6 comme un groupe prioritaire. 32 CDN font référence à l’équité intergénérationnelle et/ou aux générations futures.

Fait alarmant, les pays où les grèves des « Vendredis pour l’avenir » étaient les plus actives n’étaient pas plus susceptibles de faire référence à l’éducation au changement climatique, à l’équité intergénérationnelle ou au bien-être des générations futures dans leurs CDN que les pays où il y avait moins de grèves des jeunes pour le climat.

Les enseignant·e·s et les systèmes éducatifs laissés de côté

Seules 11 CDN mentionnent les enseignant·e·s et pas une seule ne fait référence à la participation des enseignant·e·s ou des syndicats d’enseignants en tant que parties prenantes du climat. Seule une CDN (Îles Marshall) reconnait que les enseignant·e·s ont un rôle à jouer dans l’écologisation du système éducatif.

Les pays ne prêtent pas non plus attention à la nécessité de renforcer les systèmes éducatifs pour faire face à la crise climatique :

  • Seules deux CDN (Cambodge et Myanmar) spécifient que des fonds supplémentaires doivent être alloués au système éducatif.
  • 8 CDN seulement font état de la nécessité de rendre les infrastructures éducatives plus « vertes » ou plus résilientes aux effets des changements climatiques.
  • Alors que 9 CDN soulignent la nécessité d’investir dans la formation des enseignant·e·s, seule une CDN (République dominicaine) appelle à des possibilités de développement professionnel continu pour les enseignant·e·s qui préparent les apprenant·e·s à faire face à l’une des plus grandes menaces existentielles de notre ère.

L’impact genré du changement climatique n’est pas une priorité

Alors que 78 CDN font mention des femmes et du genre, seules 15 d’entre elles font référence aux filles.

Parmi les pays où le changement climatique devrait avoir le plus d’impact sur l’éducation des filles, ceux qui ont soumis une CDN omettent d’y mentionner les filles.

Alors que deux CDN (Cambodge et Royaume-Uni) mentionnent les filles dans le contexte éducatif, pas une seule ne reconnaît formellement les contributions qu’un investissement dans l’éducation des filles pourrait apporter à leur stratégie climatique.

Les 20 principaux émetteurs et les 20 pays les plus riches ne mentionnent pas l’éducation au changement climatique

  • Seuls trois des principaux pays émetteurs de carbone font référence au bien-être des générations futures.
  • Les pays dont la note est supérieure à 90 % (lorsque les résultats sont ajustés vers le haut) sont tous des pays présentant une plus grande vulnérabilité climatique.
  • Les pays dont les émissions de carbone sont les plus faibles sont plus susceptibles de mentionner l’éducation au changement climatique dans leur CDN.

Plus une minute à perdre. Le monde a besoin d’une éducation au changement climatique de qualité pour toutes et tous maintenant !

"Face à la catastrophe climatique mondiale, l’éducation au climat n’est pas facultative. Elle est absolument vitale."

David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation.

Le rapport présente une série de recommandations clés à l’intention des décideur·euse·s politiques :

  • Financer, allouer des ressources et renforcer les systèmes éducatifs en tant que secteur pertinent pour le climat.
  • Accorder la priorité, en tant que stratégie climatique, à une éducation de qualité au changement climatique, fondée sur la science, orientée vers l’action climatique et opérant selon une approche intersectionnelle de la justice climatique.
  • Impliquer les enseignant.e.s et les éducateur·trice·s en tant que parties prenantes clés dans la politique et la prise de décision sur le climat.

Les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation du monde entier se rallient à la campagne Enseignez pour la planète de l’Internationale de l’Éducation afin d’exiger une éducation de qualité au climat pour toutes et tous.

Lisez le rapport complet ci-dessous et soutenez notre Manifeste pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s.