Un nouveau rapport mondial révèle que la profession enseignante est surchargée de travail, sous-payée et sous-évaluée
Ce rapport évalue la condition du personnel enseignant et de la profession enseignante à l’ère de la COVID-19
À l’occasion de la Journée mondiale des enseignant·e·s, les syndicats de l’éducation du monde entier tirent la sonnette d’alarme, à l’heure où de nouvelles recherches montrent que le personnel enseignant à travers le monde est sous-payé, sous-évalué et confronté à une surcharge de travail.
La pandémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur le secteur de l’éducation. Même si l’on a pu observer de la part du grand public une plus grande reconnaissance des enseignant·e·s et du travail qu’il·elle·s accomplissent, cette prise de conscience n’a cependant pas amené d’améliorations structurelles, notamment dans le domaine des investissements, du soutien et des conditions de travail des professionnel·le·s de l’éducation. Le Groupe de la Banque mondiale estime, en effet, que les budgets de l’éducation ont été réduits dans 65 % des pays à revenu faible et intermédiaire et dans 33 % des pays à revenu élevé et intermédiaire supérieur .
L’édition 2021 du Rapport de l’Internationale de l’Éducation sur la condition du personnel enseignant et de la profession enseignante dans le monde, basé sur une enquête menée auprès des responsables et représentant·e·s de syndicats de l’éducation dans différents pays, souligne que la profession enseignante ne parvient plus à attirer de nouvelles générations d’éducateur·trice·s en raison des conditions d’emploi au sein des systèmes éducatifs. Les pénuries permanentes d’effectifs enseignants compromettent le droit de chaque élève d’accéder à un enseignement dispensé par du personnel enseignant qualifié.
Comme le souligne David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation : « Que nous apprend cette pandémie ? Primo, les enseignants et enseignantes et les personnels de soutien à l’éducation se sont montrés héroïques dans la gestion des systèmes éducatifs à travers le monde. Ce rapport montre clairement que les gouvernements doivent investir de toute urgence dans les enseignants et les élèves auxquels ceux-ci enseignent. Il est essentiel d’augmenter les salaires et de réduire la charge de travail des enseignants afin de pouvoir recruter les meilleurs candidats dans la profession et garantir une éducation de qualité pour tous et toutes. »
Il ajoute : « Les récents changements politiques ont tendance à faire porter la responsabilité et le blâme sur les enseignants et enseignantes pour les problèmes au sujet desquels les systèmes devraient apporter leur soutien. Un agenda professionnel intelligent nécessite un projet collectif négocié de façon conjointe avec la profession. Cela devrait être considéré comme un pas fondateur vers un professionnalisme intelligent. L'élaboration conjointe du Cadre mondial en matière de normes professionnelles pour l’éducation par l'Internationale de l'Éducation et l'UNESCO est exemplaire à cet égard. »
Le rapport, préparé par le professeur Greg Thompson, de l’Université de technologie du Queensland en Australie, passe en revue les facteurs qui influencent le statut du personnel de l’éducation à travers le monde, tels que les salaires, les conditions de travail, l’autonomie professionnelle et l’image des enseignant·e·s véhiculée dans les médias. Les principales conclusions sont les suivantes :
- Les salaires du personnel enseignant sont trop peu élevés, les conditions de travail se dégradent et les infrastructures de soutien à l’enseignement et l’apprentissage ne sont pas une priorité pour les investissements des gouvernements. Plus de 42 % des personnes interrogées signalent une détérioration des conditions de travail des enseignant·e·s au cours de ces trois dernières années. 84 % indiquent que les salaires ont diminué durant la pandémie de COVID-19.
- I ntensification de la charge de travail. Plus de 55 % des personnes interrogées soulignent que la charge de travail devient ingérable. Plus de 66 % considèrent que les exigences administratives contribuent à alourdir de manière excessive la charge de travail des professionnel·le·s de l’éducation.
- Attrition du personnel enseignant. Cette situation est jugée problématique à tous les niveaux de l’enseignement, les chiffres les plus élevés étant observés dans l’enseignement primaire (33,1 %), les moins élevés dans l’enseignement supérieur (17,3 %). 48 % des personnes interrogées estiment que l’enseignement n’est pas une profession attrayante aux yeux des jeunes.
- Recrudescence des emplois précaires. Près de 60 % des personnes interrogées indiquent un recours aux contrats temporaires ou à durée déterminée pour le recrutement du personnel enseignant et universitaire. Dans certains pays, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Ouest, un grand nombre d’enseignant·e·s contractuel·le·s déclarent que leur salaire est inférieur à celui des enseignant·e·s permanent·e·s, que le soutien au niveau professionnel est insuffisant et que leurs conditions de travail sont de mauvaise qualité.
- Le développement professionnel continu pour les enseignant·e·s demeure insuffisant. Beaucoup le considère comme étant de mauvaise qualité, sans rapport direct avec les problèmes auxquels les enseignant·e·s sont confronté·e·s et au prix d'un coût financier personnel sans avantages clairs pour la carrière (voir les tableaux 106-112 du rapport).
Invitées à formuler leurs recommandations pour améliorer le statut de la profession, les personnes interrogées ont déclaré qu’il serait utile de s’intéresser en priorité aux salaires et aux conditions de travail, et tout particulièrement à la charge de travail. Les politiques et pratiques positives devraient notamment viser à recruter un nombre suffisant d’enseignant·e·s, de formateur·trice·s et de personnels de soutien à l’éducation et à garantir un financement adéquat des systèmes éducatifs afin de pouvoir offrir une éducation de haute qualité.
Le rapport 2021 sur la condition du personnel enseignant et de la profession enseignante dans le monde, préparé par G. Thompson, est disponible dans son intégralité ici. Le résumé de la recherche est disponible ici.