Journée mondiale des enseignant∙e∙s : nous sommes présent∙e∙s, nous nous souvenons, nous agissons
Le 5 octobre, Journée mondiale des enseignant∙e∙s, l'Internationale de l'Éducation et ses organisations membres rendent hommage aux enseignant∙e∙s, aux personnels de soutien à l'éducation et aux membres des syndicats perdus à cause de la COVID-19, rappelant aux gouvernements du monde leurs responsabilités pour garantir des conditions de travail sûres et l'équité vaccinale.
« Ensemble, nous honorons les enseignants et enseignantes que nous avons perdus pendant la pandémie de COVID, célébrons leur vie et leur héritage, et nous nous engageons à nouveau à faire des conditions de travail sûres et de l'équité vaccinale une réalité pour tous et toutes à travers le monde », a déclaré David Edwards, secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, lors de l'ouverture de l'événement-hommage mondial.
Ajoutant qu'alors que l'Internationale de l'Éducation et ses membres participent à des événements toute la semaine pour commémorer la Journée mondiale des enseignant∙e∙s sous le thème de l'UNESCO, de l'Organisation internationale du Travail (OIT) et de l'UNICEF (Les enseignants au cœur de la relance de l’éducation), il a expliqué que l’Internationale de l’Éducation « estime qu'en plus de ces événements et alors que les nouvelles affluaient au cours des 18 derniers mois des pertes constantes et croissantes dans un pays puis dans un autre, nous avons dû faire une pause car ce ne sont pas des chiffres, ce sont des êtres humains qui ont perdu la vie au service de leurs étudiants et collègues en faisant ce qui comptait le plus ».
Rendre hommage en continuant à lutter pour des conditions de travail meilleures, plus sûres et plus dignes
Edwards a expliqué que : « Nous leur rendons hommage en continuant à lutter pour des conditions meilleures, plus sûres et plus dignes qui profitent aux personnes qui enseignent pour l'avenir. Nous rendons hommage à leur héritage en tant que parties de cet ensemble qui est vraiment plus grand que la somme de ses parties individuelles. »
« En tant qu'enseignants et enseignantes, nous avons une grande responsabilité », a-t-il également souligné. « Notre travail aide les enfants à apprendre, à grandir et à atteindre leur plein potentiel. Nous sommes des amis, des alliés et des mentors ayant une grande influence sur les jeunes esprits. Les liens que nous construisons dans nos salles de classe durent souvent toute une vie. C'est pourquoi la perte de tant d'enseignants est particulièrement déchirante pour les élèves. Alors que nous pleurons la perte de tant d'éducateurs, nous pouvons trouver du réconfort dans le fait que leur esprit vit dans tous les étudiants qu'ils ont enseignés, motivés et inspirés tout au long de leur carrière. »
Edwards a réitéré la demande de l'Internationale de l'Éducation de vacciner tous les enseignant∙e∙s et a regretté que de nombreux collègues enseignent dans des conditions difficiles et dangereuses.
Pour honorer ces collègues du monde entier, l'Internationale de l'Éducation a lancé un site Web commémoratif - https://www.teachercovidmemorial.org/fr/, rassemblant les profils d’enseignant∙e∙s et de personnels scolaires décédé∙e∙s pendant la pandémie de COVID-19. Chacun représente une perte énorme pour leurs familles, nos écoles et nos communautés.
CSI : sans éducateur∙trice∙s et travailleur∙euse∙s centraux∙ales, le monde ne peut pas continuer
Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), a également partagé un message pour les éducateur∙trice∙s du monde.
« Il ne fait aucun doute que vous pouvez être vraiment fier de la résilience, de la ténacité et de l'engagement en faveur d'une éducation de qualité que nous avons effectivement constatés de la part de tous les éducateurs et éducatrices du monde entier tout au long de la pandémie. Nous savions déjà que le service d'enseignement était indispensable à la vie des gens partout, à l'opportunité éducative pour un avenir sûr, mais la COVID-19 nous a montré ce que les travailleurs centraux peuvent faire. Lorsque vous ne pouviez pas aller à l'école physiquement, vous transfériez les cours en ligne. Partout où c'était possible, vous n'avez pas laissé les étudiants isolés et non connectés à leurs salles de classe, à l'éducation, mais aussi coupés en tant qu'êtres humains de la connexion les uns avec les autres.
Pour elle, « le monde a enfin reconnu que sans enseignants, sans travailleurs de la santé, sans autres travailleurs des services essentiels, dont la majorité sont des femmes, alors notre monde ne peut pas continuer. »
« Vous avez continué à fournir des services alors même que votre propre vie était en danger, même si vous avez vu vos collègues tomber malades, car vous avez perdu des membres de la profession enseignante à cause de cette pandémie insidieuse », a-t-elle reconnu.
Burrow a ajouté que « la famille de la CSI est fermement à vos côtés. Un travail décent, un salaire juste, des conditions de travail sûres et productives, vous méritez d'être valorisé de toutes les manières possibles afin que vous puissiez effectivement continuer à servir l'éducation de qualité à laquelle nos étudiants du monde entier ont droit. »
OIT : les enseignant∙e∙s joueront un rôle essentiel dans la reprise après la pandémie
« Les enseignants et enseignantes sont au cœur de toutes nos vies et de chacune de nos sociétés. Cela n'a jamais été aussi clair que pendant la crise de la COVID-19 », a souligné Guy Ryder, directeur général de l'OIT.
Il a déclaré que les enseignant∙e∙s jouaient un rôle essentiel pour maintenir l'éducation ouverte à des millions d'étudiant∙e∙s dans le monde et que cela nécessitait d'énormes sacrifices. Par exemple, les enseignant∙e∙s ont dû assumer une charge de travail supplémentaire, maîtriser de nouvelles technologies pour l'enseignement à distance et préparer de nouvelles leçons.
« Lorsqu'ils enseignent en face à face, leurs chances de contracter le virus ont bien sûr augmenté », a déclaré Ryder. « Et cela bien sûr en plus des responsabilités familiales et autres qui sont devenues plus difficiles à remplir à cause de la pandémie. Permettez-moi donc de rendre hommage à ces éducateurs et éducatrices et à leurs sacrifices, et en particulier, souvenons-nous de ceux et celles qui ont perdu la vie ou qui font face à un long chemin vers la guérison. Ce qui leur est arrivé est dévastateur pour leurs familles, les élèves, les écoles et les communautés. »
Des hommages, notamment au travers de la poésie, de l'art et de la musique, ont été partagés en l'honneur d’éducateur∙trice∙s du monde entier. Des États-Unis, du Mexique, du Sénégal, de l'Inde, de l'Ouganda, du Paraguay, de la Palestine, de Taïwan, de l'Espagne, de la Hongrie, du Japon, du Brésil, de l'Afrique du Sud et d'autres.
L'hommage aux enseignant∙e∙s s’est terminé par un message d'espoir et de résilience porté par des syndicalistes argentin∙e∙s qui ont trouvé de la force à travers leur solidarité et leur communauté.
Le rapport de l’Internationale de l’Éducation évalue la condition du personnel enseignant et de la profession enseignante à l’ère de la COVID-19
Lors de la Journée mondiale des enseignant∙e∙s, l’Internationale de l’Éducation lance également son rapport 2021 sur la condition du personnel enseignant et de la profession enseignante dans le monde, basé sur une enquête menée auprès de 128 responsables et représentant·e·s de syndicats de l’éducation dans 94 pays et à travers tous les niveaux d’enseignement. Ce rapport souligne que la profession enseignante ne parvient plus à attirer de nouvelles générations d’éducateur·trice·s en raison des conditions d’emploi au sein des systèmes éducatifs. Les pénuries permanentes d’effectifs enseignants compromettent le droit de chaque élève d’accéder à un enseignement dispensé par du personnel enseignant qualifié.
Le rapport, préparé par le professeur Greg Thompson, de l’Université de technologie du Queensland en Australie, passe en revue les facteurs qui influencent le statut du personnel de l’éducation à travers le monde, tels que les salaires, les conditions de travail, l’autonomie professionnelle et l’image des enseignant·e·s véhiculée dans les médias.
Les principales conclusions sont les suivantes :
- Les salaires du personnel enseignant sont trop peu élevés, les conditions de travail se dégradent et les infrastructures de soutien à l’enseignement et l’apprentissage ne sont pas une priorité pour les investissements des gouvernements. Plus de 42 % des personnes interrogées signalent une détérioration des conditions de travail des enseignant·e·s au cours de ces trois dernières années. 84 % indiquent que les salaires ont diminué durant la pandémie de COVID-19.
- Intensification de la charge de travail. Plus de 55 % des personnes interrogées soulignent que la charge de travail devient ingérable. Plus de 66 % considèrent que les exigences administratives contribuent à alourdir de manière excessive la charge de travail des professionnel·le·s de l’éducation.
- Attrition du personnel enseignant. Cette situation est jugée problématique à tous les niveaux de l’enseignement, les chiffres les plus élevés étant observés dans l’enseignement primaire (33,1 %), les moins élevés dans l’enseignement supérieur (17,3 %). 48 % des personnes interrogées estiment que l’enseignement n’est pas une profession attrayante aux yeux des jeunes.
- Recrudescence des emplois précaires. Près de 60 % des personnes interrogées indiquent un recours aux contrats temporaires ou à durée déterminée pour le recrutement du personnel enseignant et universitaire. Dans certains pays, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Ouest, un grand nombre d’enseignant·e·s contractuel·le·s déclarent que leur salaire est inférieur à celui des enseignant·e·s permanent·e·s, que le soutien au niveau professionnel est insuffisant et que leurs conditions de travail sont de mauvaise qualité.
- Le développement professionnel continu pour les enseignant·e·s demeure insuffisant. Beaucoup le considère comme étant de mauvaise qualité, sans rapport direct avec les problèmes auxquels les enseignant·e·s sont confronté·e·s et au prix d'un coût financier personnel sans avantages clairs pour la carrière (voir les tableaux 106-112 du rapport).
Comme le souligne David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation : « Que nous apprend cette pandémie ? Primo, les enseignants et enseignantes et les personnels de soutien à l’éducation se sont montrés héroïques dans la gestion des systèmes éducatifs à travers le monde. Ce rapport montre clairement que les gouvernements doivent investir de toute urgence dans les enseignants et les élèves auxquels ceux-ci enseignent. Il est essentiel d’augmenter les salaires et de réduire la charge de travail des enseignants afin de pouvoir recruter les meilleurs candidats dans la profession et garantir une éducation de qualité pour tous et toutes. »
Il ajoute : « Les récents changements politiques ont tendance à faire porter la responsabilité et le blâme sur les enseignants et enseignantes pour les problèmes au sujet desquels les systèmes devraient apporter leur soutien. Un agenda professionnel intelligent nécessite un projet collectif négocié de façon conjointe avec la profession. Cela devrait être considéré comme un pas fondateur vers un professionnalisme intelligent. L'élaboration conjointe du Cadre mondial en matière de normes professionnelles pour l’éducation (en anglais) par l'Internationale de l'Éducation et l'UNESCO est exemplaire à cet égard. »
Le rapport 2021 sur la condition du personnel enseignant et de la profession enseignante dans le monde, préparé par G. Thompson, est disponible dans son intégralité ici. Le résumé de la recherche est disponible ici.