Journée mondiale des enseignant·e·s : la profession enseignante est la clé d'un rétablissement efficace et équitable et doit être soutenue tout au long de la crise de la COVID-19
Lors de la Journée mondiale des enseignant·e·s, le 5 octobre, la présidente de l'Internationale de l'Éducation, Susan Hopgood, a mis en exergue qu’un trop grand nombre d'éducateur·trice·s ont payé le prix ultime pendant la pandémie pour assurer une éducation de qualité à leurs étudiant·e·s.
S'exprimant lors de la conférence « COVID-19: Ce que les employeurs doivent savoir au sujet de la vaccination et de la prévention », organisée par l'Organisation internationale des employeurs (OIE), Hopgood a souligné que les organisations représentatives des enseignant·e·s doivent être consultées si les gouvernements veulent garantir un rétablissement efficace et équitable.
Pour mettre en valeur le sort des enseignant·e·s dans un passé récent, Hopgood a attiré l'attention sur l'évènement virtuel d’hommage aux enseignant·e·s organisé par l'Internationale de l'Éducation à l'occasion de la Journée mondiale des enseignant·e·s. L'événement visait « à honorer celles et ceux que nous avons perdus pendant la pandémie ».
Coût exorbitant de la pandémie
Hopgood a déclaré qu'il était regrettable que, « bien que les chiffres soient ahurissants, les histoires concernant cette pandémie et son bilan humain pour nos étudiants, nos communautés et nos éducateurs sont rarement couvertes ».
« En tant que profession mondiale, des pertes aussi stupéfiantes, quel que soit le lieu, sont ressenties par nous tous et partout. Le fait que la grande majorité de celles et ceux que nous avons perdus n'aient jamais eu l'occasion de se faire vacciner ne fait que renforcer notre engagement à assurer l'équité vaccinale et des conditions de travail sûres pour celles et ceux d'entre nous qui continuent à travailler en première ligne avec les populations les moins susceptibles d'être vaccinées, les enfants. »
La Présidente de l'Internationale de l'Éducation a témoigné de sa reconnaissance aux éducateur·trice·s qui se sont adapté·e·s et ont improvisé au niveau de la classe et de la communauté, travaillant par l'intermédiaire de leurs syndicats à forger et orienter des politiques au niveau des systèmes et gérer les défis personnels propres à tant de travailleur·euse·s de première ligne. Elle a également noté que « l'absence de scolarisation en personne pendant la pandémie a créé un vide et donné une leçon sans équivoque à chaque communauté sur l'importance de l'enseignement, un lieu appelé ‘école’ et les structures et systèmes d'éducation nécessaires ».
Cette leçon rappelle les réalités de l'inégalité, a-t-elle souligné : un apprentissage à distance efficace est impossible lorsque la moitié du monde n'a pas de connexion à Internet. La perte de l’alimentation fournie en milieu scolaire s'ajoute au taux historique et croissant de la faim dans le monde, et jusqu'à présent 11 millions de filles ont rejoint pendant la crise de la COVID-19 les 130 millions de filles déjà non scolarisées. Elles pourraient ne jamais revenir en cours. Hopgood a également rappelé aux participant·e·s que le Directeur général de l'Organisation internationale du Travail, Guy Ryder, avait déploré le fait que neuf millions d'enfants supplémentaires rejoindront probablement les rangs des 152 millions d'enfants travailleurs d'ici la fin de 2022.
Dérogation à l’accord sur les ADPIC et vaccins pour tou·te·s les éducateur·trice·s
La dérogation à l'Accord de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) est essentielle, a-t-elle déclaré, insistant sur le fait que les vaccins et les traitements contre la Covid-19 sont vraiment des biens publics mondiaux. Des vies sont toujours en jeu, a souligné Hopgood, notamment « la vie de nos collègues, de leurs communautés et le droit à un avenir de leurs étudiants et étudiantes. Une étude du mois dernier indique que plus de la moitié du monde sera sensible au virus à la fin de cette année, avec une transmission et une propagation importante jusqu’en 2022 ».
C'est pourquoi, avec plus de 100 pays et d'innombrables organisations, ainsi que le propre directeur de l'OMC, l'Internationale de l'Éducation pense que la solution la plus efficace consiste désormais à lever temporairement les barrières de propriété intellectuelle sur les vaccins et les produits médicaux permettant de lutter contre la COVID-19.
« En tant qu'enseignants et enseignantes, nous sommes présents dans chaque communauté et, par extension, dans chaque économie en cette période de COVID-19. Nous savons qu'il n'y a pas de fin à cette crise, pas de retour en toute sécurité dans les écoles ou au commerce ou à une véritable communauté sans équité en matière de vaccins dans le monde entier. Tant que l'accès aux vaccins ne répondra pas à la demande mondiale, nous continuerons de voir le renforcement des sous-courants de la pandémie nous tirer plus loin en mer, toujours plus loin du rivage de la reprise. »
Principes de l'OCDE et de l’Internationale de l'Éducation pour la reprise de l'éducation
Hopgood a souligné que les pays s'en sortaient beaucoup mieux dans la pandémie lorsque le gouvernement et les employeurs s’étaient engagés de manière significative avec les syndicats que lorsque les éducateur·trice·s et leurs syndicats n'étaient pas considéré·e·s ou traité·e·s comme des obstacles. Elle a souligné comment l'Internationale de l'Éducation et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont établi 10 principes pour une reprise efficace et équitable de l’éducation :
- Maintenir autant que possible les écoles ouvertes et en toute sécurité.
- Garantir l’équité et adapter les ressources aux besoins.
- Créer une infrastructure d’apprentissage à distance conçue pour s’adresser à l’ensemble des élèves.
- Soutenir les enseignant·e·s dans leur vie professionnelle.
- Offrir aux enseignant·e·s et aux parents les moyens de soutenir les élèves.
- Apporter un soutien ciblé pour répondre aux besoins éducatifs, sociaux et émotionnels des élèves.
- Concevoir une infrastructure d’apprentissage numérique performante avec les enseignant·e·s et les parties prenantes.
- Donner aux enseignant·e·s les moyens d’exercer leur professionnalisme et leur offrir des opportunités de formation professionnelle.
- Encourager une culture collaborative de l’innovation.
- Tirer des enseignements des études nationales et internationales.
Pour l'Internationale de l'Éducation et ses organisations membres, une reprise équitable et la durabilité au sein d’une éducation de qualité et tous les autres aspects de la société civile sont impossibles « si nous continuons à financer et à démonétiser le secteur public, ignorons la crise climatique, permettons aux paradis fiscaux des Pandora Papers de rester cachés dans la pénombre, et si nous ne parvenons pas à faire face aux menaces croissantes contre la démocratie ».
Les éducateur·trice·s défendent la vérité et combattent les mensonges et la désinformation
À l'occasion de la Journée mondiale des enseignant·e·s 2021, les enseignant·e·s et tou·te·s les travailleur·euse·s de l'éducation se tiennent aux côtés de « nos communautés troublées et anxieuses », a souligné Hopgood. « Notre partialité n'est pas un secret. Nous défendons la vérité et, à travers nos syndicats, nous menons des actions collectives face aux mensonges et à la désinformation. Nous éduquons, informons et travaillons pour pousser les citoyens et citoyennes à agir contre l'intolérance et les régimes autoritaires. »
Elle a conclu en déclarant : « Nous sommes mobilisés pour faire en sorte que l'avenir postpandémique se construise sur l'écoute, l'enseignement et la collaboration nécessaire pour travailler à un rétablissement efficace et équitable. L'avenir en dépend. »