UEN Norvège : le développement organisationnel comme première étape vers des syndicats forts
Le développement organisationnel des syndicats est au cœur de tous les projets de coopération de l' Union of Education Norway (UEN). Le syndicat norvégien se concentre sur trois domaines clés : le dialogue social, l'égalité et l'équité entre les sexes, et le renforcement des capacités.
1. Quand et comment votre organisation a-t-elle décidé de s’engager dans la coopération internationale ?
L’ Union of Education Norway a une longue histoire de coopération avec d’autres syndicats d’enseignants, qui remonte à plusieurs décennies.
L’objectif global de notre coopération est de renforcer notre syndicat et les autres syndicats afin de promouvoir la profession enseignante, d’assurer un enseignement public de qualité, inclusive et gratuite pour tou·te·s, et de garantir les droits humains et les droits syndicaux.
2. Quelles sont les priorités de votre syndicat en matière de coopération internationale ?
Nos priorités, lorsqu’il s’agit de projets de coopération au développement, sont basées sur les besoins concrets de nos organisations partenaires, ainsi que sur nos propres politiques et stratégies et celles de l’Internationale de l’Éducation. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les bureaux régionaux de l’Internationale de l’Éducation.
Pour être plus précis, tous nos projets sont axés sur le développement organisationnel, et nos principaux domaines thématiques sont le dialogue social, l’égalité et l’équité entre les genres, et le renforcement des capacités.
3. Qu’apportent les projets de coopération internationale à votre syndicat ?
Les projets de coopération nous donnent l’occasion d’apprendre des autres syndicats, d’échanger des idées et d’être informés de ce qui se passe dans le monde.
En travaillant ensemble avec d’autres syndicats d’enseignants, nous comprenons que les enseignant·e·s du monde entier sont confrontés aux mêmes défis et luttes, même s’ils sont différents en termes d’ampleur et de gravité. Nous constatons que nous formons une seule et même profession mondiale. Et nous voyons que la seule façon pour nous de réussir dans nos combats communs est de nous unir et de nous renforcer mutuellement.
L’ Union of Education Norway croit fermement que nous sommes « plus forts ensemble », à la fois au niveau local, national et international. Travailler avec la coopération internationale souligne, renforce et guide notre compréhension sur ce sujet. Nos collaborations internationales sont importantes pour nous, par exemple pour l’élaboration de politiques et le renforcement des capacités de nos membres.
En outre, les connaissances et les expériences acquises grâce à notre coopération internationale nous confèrent une plus grande crédibilité lorsque nous nous engageons auprès de notre gouvernement national et d’autres organisations sur des questions d’éducation internationales.
4. Avez-vous des exemples concrets de réussite d’un projet de coopération ?
L’ Union of Education Norway fait partie d’un projet du consortium de l’Internationale de l’Éducation qui soutient le Persatuan Guru Republic Indonesia (PGRI) depuis de nombreuses années.
Je pense que la confiance et la compréhension mutuelle construites grâce à cette coopération de longue date ont été une très bonne plateforme et sont essentielles lorsque l’on voit les changements survenus au sein du PGRI ces dernières années.
Très concrètement, le PGRI a un programme appelé Lingkar Belajar Guru (LBG), que l’on peut traduire par « Cercle d’étude pour les enseignant·e·s ». Comme méthodologie, le programme LBG recourt à des cercles d’étude, mais aussi des fiches de dialogue.
Pour former ses propres représentant·e·s syndicaux·ales, l' Union of Education Norway utilise des fiches de dialogue comme méthodologie. L’expérience de nos propres formations est la raison directe pour laquelle nous avons présenté les fiches de dialogue à la direction de PGRI, comme un moyen possible d’engager et de former les représentant·e·s syndicaux·ales.
Lors de la même réunion, Lärarförbundet de Suède, un autre partenaire du consortium travaillant avec PGRI, a présenté les cercles d’étude — avec lesquels ils ont une bonne expérience.
Le PGRI a adopté ces deux méthodologies et a créé sa propre version, qui est un mélange des deux. Cette nouvelle version, d’après ce que j’entends, convient très bien à l’organisation. Un nouveau programme de formation s’appuyant sur cette nouvelle méthodologie a été adopté par le congrès du PGRI en 2019, et le PGRI met actuellement en œuvre ce programme à la base. La réponse, jusqu’à présent, est très positive.
D’autres exemples positifs proviennent des deux réseaux de femmes que nous soutenons : un en Amérique latine et un en Afrique. Les deux ont été évalués par des chercheur·euse·s externes et les évaluations ont montré que les réseaux ont eu des effets positifs sur l’égalité des genres dans les syndicats impliqués.
5. Quelle est la chose la plus difficile dans le travail de coopération internationale ?
Une difficulté lorsqu’on s’engage dans un travail de coopération internationale est de se rencontrer en tant que partenaires égaux. Cela peut sembler un peu étrange, mais généralement, lorsque des partenaires collaborent, l’un fournit des ressources financières à l’autre. Cela peut affecter l’équilibre des pouvoirs et nécessite une attention particulière. Comme l’indique le Manuel de coopération au développement de l’Internationale de l’Éducation : « Cela est susceptible de créer une inégalité dans la relation et chaque partenaire doit prêter une grande attention pour rendre cette relation aussi égale que possible ».
Une autre question difficile est bien sûr l’empreinte environnementale liée aux déplacements. C’est un problème pour lequel tous les partenaires doivent trouver des solutions. Heureusement, nous avons constaté que les réunions en ligne peuvent nous aider dans ce domaine, mais il est également très important d’organiser des réunions physiques dans le cadre de projets.
6. Quels conseils donneriez-vous à un syndicat désireux de s’engager dans la coopération internationale ?
Sur la base de nos propres expériences, nous pensons que ces questions sont d’une grande importance :
- Prenez le temps, au début, de faire connaissance, de discuter des besoins, des cultures organisationnelles, des structures, etc.
- La confiance et le respect mutuel sont des éléments essentiels, qui prennent du temps à s’établir.
- Les rôles et les responsabilités doivent faire l’objet d’une discussion approfondie et être abordés avant le début du projet.
- La connaissance du pays est importante pour mieux comprendre le contexte et la culture.
En outre, nous conseillons à toutes les organisations qui s’engagent dans la coopération au développement de parcourir et de s’appuyer sur le Manuel de coopération au développement de l’Internationale de l’Éducation au début d’un projet de coopération.