Les syndicats de l’éducation en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suisse, au Canada, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud appellent les gouvernements à soutenir l’équité vaccinale
Les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suisse, au Canada, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud lancent un appel aux gouvernements pour qu’ils soutiennent la dérogation temporaire aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et traitements intervenant dans la lutte contre la COVID-19 à l’Organisation mondiale du Commerce. Si elle est adoptée, cette dérogation permettra d’accroître la production de vaccins dans le monde, contribuant ainsi à garantir un accès équitable aux vaccins pour tous et toutes.
En octobre 2020, l’Afrique du Sud et l’Inde ont été les premiers pays à proposer une dérogation temporaire à l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) concernant les vaccins contre la COVID-19. Depuis lors, l’initiative a recueilli le soutien de plus de 100 pays dans le monde. Seule une poignée de pays riches s’opposent à une telle dérogation et choisissent activement de défendre les profits des entreprises pharmaceutiques, alors que la pandémie a déjà emporté plus de cinq millions de personnes dans le monde et continue de décimer les populations les plus vulnérables. Le Royaume-Uni, la Suisse et l’Allemagne par l’intermédiaire de la Commission européenne, sont les principaux opposants à la dérogation.
L’Internationale de l’Éducation, en collaboration avec le mouvement syndical mondial, soutient et défend activement la dérogation aux ADPIC. Le groupement Global Unions a récemment publié une déclaration soulignant la nécessité d’une intervention urgente à la lumière du nouveau variant Omicron et a par ailleurs, mobilisé les organisations membres à l’échelon national en soutien à la dérogation. Pendant ce temps, les affiliés de l’Internationale de l’Éducation en Allemagne, au Royaume-Uni et en Suisse ont entrepris des démarches auprès de leurs gouvernements, appelant ceux-ci à revoir leur position concernant la dérogation aux ADPIC. En outre, les syndicalistes de l’éducation au Canada, aux etats-Unis et en Afrique du Sud ont appelé les gouvernements à un engagement constructif dans les négociations sur la dérogation.
Allemagne
En Allemagne, l’organisation membre de l’Internationale de l’Éducation, Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft (GEW), est un fervent défenseur de la dérogation aux ADPIC. Le syndicat GEW s’inscrit dans une vaste coalition de la société civile qui s’efforce de convaincre le gouvernement allemand de soutenir la dérogation et de faire passer les vies avant les profits des Big Pharma.
Réagissant aux plans de la nouvelle coalition gouvernementale, le GEW a critiqué la décision de cette dernière de poursuivre la politique d’opposition à la dérogation aux ADPIC. Maike Finnern, présidente du GEW, a déclaré : « Le refus de consentir à la levée des brevets dans le cadre de l’Organisation mondiale du Commerce n’a pas seulement des conséquences désastreuses sur la vie des gens et l’accès à l’éducation dans les pays du Sud, où les taux de vaccination sont faibles. À terme, cela compromet également le succès de la lutte mondiale contre les pandémies. »
Le GEW a également contacté plusieurs ministres au sein du nouveau gouvernement pour faire pression en faveur de la dérogation et de l’équité vaccinale.
Royaume-Uni
Le 7 décembre, le National Education Union, le plus grand syndicat de l’éducation au Royaume-Uni, a écrit au Premier ministre Boris Johnson pour demander un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19.
Kevin Courtney, secrétaire général adjoint du National Education Union, a déclaré : « La levée des brevets, les transferts de technologies et la diffusion de la vaccination à travers le monde offrent la meilleure chance de prévenir l’apparition de nouveaux variants qui pourraient à nouveau nuire à l’éducation dans notre propre pays ».
L’ Education Institute of Scotland (EIS), le plus grand syndicat de l’éducation d’Écosse, a également demandé à Boris Johnson de revoir sa position et de soutenir la dérogation aux ADPIC sans délai.
Suisse
Le Syndicat des enseignants romands (SER) a appelé le gouvernement suisse à soutenir la dérogation aux ADPIC au niveau de l’Organisation mondiale du Commerce. Dans une lettre adressée à Alain Berset, membre du Conseil fédéral suisse et chef du Département fédéral de l’intérieur, le syndicat membre de l’Internationale de l’Éducation a déclaré :
« Il est primordial que les gouvernements se réunissent pour trouver des solutions constructives et efficaces afin de surmonter les obstacles liés aux droits de propriété intellectuelle pour mettre fin à cette pandémie. Dès lors, nous vous demandons instamment de soutenir la proposition de dérogations à l’accord sur les ADPIC et d’ouvrir la voie à un accès équitable aux produits médicaux pour lutter contre la Covid-19 à l’échelle mondiale. »
Canada
Au Canada, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), organisation membre de l’Internationale de l’Éducation, a écrit au Premier ministre Justin Trudeau, à la ministre du Commerce international Mary Ng, et au ministre de la Santé Jean-Yves Duclos, pour souligner l’importance de la dérogation aux ADPIC dans la lutte contre la pandémie.
Le syndicat de l’éducation a appelé le gouvernement canadien à adopter une position plus active en faveur de la dérogation et à prendre les mesures qui s’imposent pour convaincre les gouvernements opposés de s’asseoir à la table des négociations en vue d’une levée temporaire des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et les traitements liés à la COVID-19.
États-Unis et Afrique du Sud
Randi Weingarten et Mugwena Maluleke, membres du Bureau exécutif de l'Internationale de l'Education, ont uni leurs voix pour en appeler au leadership moral des nations riches dans la lutte mondiale contre la pandémie.
Dans leurs pays respectifs, l' American Federation of Teachers et le South African Democratic Teachers' Union ont été à la pointe du combat pour un accès équitable aux vaccins contre la Covid-19 dans le monde entier. Dans leur appel conjoint à l'action, les deux dirigeants soulignent l'importance de la dérogation temporaire pour développer la production et la distribution des vaccins, diagnostics et traitements relatifs à la Covid-19 :
"Malheureusement, les conséquences de cette pandémie ne semblent pas avoir suffisamment convaincu les entreprises pharmaceutiques de partager leur savoir-faire avec d’autres producteurs à travers le monde. Ces informations doivent être mises en commun. Le seul moyen d’y parvenir est d’obtenir une dérogation à l’ADPIC. En se prononçant en faveur de cette dérogation, nos propres gouvernements et les dirigeant·e·s des pays riches éviteront que la cupidité des entreprises ne prenne le pas sur la vie humaine."