L’éducation de qualité – un bien public au coeur de la démocratie
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Par Susan Hopgood, Présidente de l'Internationale de l'Education (IE), et Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE
Lorsque l’on jette un regard en arrière sur notre éducation, on se souvient des enseignant(e)s qui ont changé notre vie, qui nous ont ouvert de nouveaux horizons et qui nous ont incité à penser, à débattre et à découvrir. Nous revivons l’exaltation de l’apprentissage
Nous avons découvert les différences entre les êtres humains, et nous avons appris à les respecter. La tolérance, l’honnêteté et les autres valeurs positives ont souvent permis de supplanter le sectarisme et la peur. Les enseignant(e)s aidaient les migrant(e)s à trouver racine au sein de leur nouvelle patrie. L’éducation était synonyme d’ascenseur social pour les personnes en marge de la société.
A l’inverse, quels seront les souvenirs d’école des étudiant(e)s qui pâtissent aujourd’hui des « réformes » que nous connaissons? De ceux/celles qui n’ont pas bénéficié d’une scolarisation dispensée par un service public bienveillant, mais par un système commercial sans pitié qui ne jure que par les évaluations, les classements et la sacro-sainte responsabilisation?
Ne garderont-ils/elles en mémoire de l’éducation que l’image d’une myriade de tests standardisés? La jeunesse laissera-t-elle le souvenir d’une masse angoissée qui a entravé plutôt que facilité l’apprentissage?
A l’avenir, chaque nouvelle génération sera-t-elle condamnée à subir une éducation standardisée et dévalorisée? Aux quatre coins du monde, nous nous mobilisons et unissons nos forces afin d’épargner aux générations futures ce sort funeste. Ensemble, nous pouvons y parvenir!
L’éducation ne constitue pas le seul pan de la sphère publique qui a vu l’assurance de ce qui a fonctionné par le passé être marginalisée par les expérimentations du marché. C’est le triomphe de l’idéologie sur l’expérience. Rien n’illustre mieux ce dilemme que la crise économique.
Si la crise financière (2007-2008), qui est à l’origine de la grande Récession que nous connaissons aujourd’hui, s’est révélée être la plus grave crise financière depuis la Grande Dépression, les conséquences politiques sont quant à elles bien différentes. Ces deux crises ont éclaté aux Etats-Unis. Dans les années 1930, les puissant(e)s responsables politiques ont choisi de tourner le dos aux acteurs du secteur privé au profit de la démocratie et des services publics. En 1933, le Président Franklin D. Roosevelt l’a résumé comme tel: « Dans le temple de notre civilisation, les financiers sont tombés de leur piédestal. » Il appela également à restaurer des « valeurs sociales plus nobles que le simple profit monétaire. »
Au cours des années 2000, en revanche, les politiques mises en œuvre et les résultats obtenus ont été radicalement différents. Les banques ont été renflouées et les dettes abyssales du secteur privé sont devenues publiques. L’inégalité et l’insécurité sont devenues les principaux secteurs de croissance. Et, cette fois, les financiers sont restés sur leur piédestal.
Adam Smith, le philosophe du XVIIIe siècle et père de la théorie classique de l’économie de marché libre, n’a-t-il pas lui-même déclaré: «Je n'ai jamais connu beaucoup de bien fait par les personnes qui prétendent travailler pour le bien public ». Smith considérait le « marché libre » comme un moyen d’organiser l’économie, pas comme une idole à vénérer.
Dans certains milieux, les mesures gouvernementales et autres formes « d’ingérence » dans le secteur privé, notamment le rôle des syndicats, sont perçues comme des « distorsions du marché ». Cependant, rares sont les responsables politiques qui tendent à admettre que les marchés et les acteurs du secteur privé engendrent de graves distorsions du service public.
Nous allons poursuivre notre combat, mais nous avons besoin de renforts. Pour garantir une éducation de qualité pour tou(te)s, les gouvernements doivent impérativement prendre des mesures pour combattre le travail précaire, la surpopulation des classes, le faible niveau de formation, la restriction des programmes scolaires, ainsi que les autres facteurs qui concourent au faible niveau de qualité. Si nous ne nous attaquons pas aux causes fondamentales de ces crises, telles que l’austérité, l’éducation déclinera au lieu d’être une force de progrès. C’est également le cas de nombreux autres services publics.
L’éducation est un bien public, pas une entreprise commerciale. Les éducateurs/trices sont des professionnel(le)s, pas des « prestataires de services ». Les étudiant(e)s sont les précieux/euses garant(e)s de l’avenir de l’humanité, pas des produits destinés à alimenter le moteur de l’économie ou à servir des intérêts commerciaux. Une éducation de qualité peut aider les un(e)s et les autres à réussir dans la vie. Elle offre une porte de sortie et des perspectives d’avenir.
Nous avons appris que les idées néfastes se répandaient comme une traînée de poudre, mais de manière éparse. Les idées salutaires, telles que l’éducation de qualité, mettent du temps à se développer, à l’image des racines d’un arbre, mais elles deviennent à terme puissantes et durables
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.