France : les syndicats restent mobilisés pour une amélioration des conditions sanitaires et de travail dans l’enseignement
Suite à la forte mobilisation du 13 janvier, les fédérations syndicales françaises ont appelé à une autre journée d’action le 20 janvier pour continuer à demander des conditions sanitaires adéquates protectrices contre la COVID-19 dans les écoles et une amélioration du statut enseignant.
Le 20 janvier est une nouvelle journée d’action à l’appel de l’intersyndicale FSU, Confédération générale du Travail (CGT), l’Union syndicale Solidaires (SUD), Force Ouvrière (FO), la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), et des syndicats lycéens, à savoir le Mouvement national lycéen (MNL), La Voix Lycéenne et la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL). Ceci avant la grève interprofessionnelle sur les salaires prévu le 27 janvier.
Maintenir la pression, continuer à se mobiliser
Le Syndicat national des enseignements de second degré- Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU) a souligné que la mobilisation du 13 janvier a obligé le gouvernement à réagir : « le Premier ministre Jean Castex a repris le dossier en main, le ton a changé et la porte s’est entrouverte sur certains sujets. Amplifions la mobilisation pour gagner notamment un protocole qui permette de sécuriser les établissements scolaires, le report des épreuves de bac, l’annulation des suppressions de postes et la revalorisation, sans contrepartie, de tous les personnels. »
Le SNES-FSU a aussi rappelé que, le 13 janvier « les manifestations ont rassemblé près de 100.000 personnes avec des taux de grévistes à plus de 60 % dans le second degré, et près de 80 % pour les assistants et assistantes d'éducation (AED). Alors qu’en début de journée, le ministère ne donnait aucun signe, dans l’après-midi, le gouvernement a décidé en urgence de recevoir les organisations syndicales. Signe de leur fébrilité face à la mobilisation. »
Le syndicat s’est par ailleurs félicité que des engagements ont été pris, plus particulièrement pour le second degré : ouverture de négociations pour le report des épreuves de spécialités du bac prévues en mars, recrutement de 1.500 AED pour les vies scolaires, livraison de masques chirurgicaux voire FFP2 dans certains cas. Sur la méthode (communication notamment), le Premier ministre a reconnu que les choses devaient être mieux faites.
Pour le SNES-FSU, il s’agit bien d’une première étape qui doit en appeler d’autres et le gouvernement ne peut pas s’en tenir à ces seules décisions. Il faut de surcroît :
- Annuler les suppressions de postes prévues à la rentrée prochaine et décider d’un collectif budgétaire pour l’Éducation ;
- Programmer un plan pluriannuel de recrutement ;
- Remettre à plat les réformes désastreuses et inégalitaires du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer ; et surtout
- Revaloriser sans attendre les salaires des personnels sont des impératifs incontournables à mettre au cœur des prochaines mobilisations.
Vigilance sur le respect et la mise en œuvre des annonces faites par le Premier ministre
De son côté, l’Union nationale des syndicats autonomes Éducation (UNSA Éducation) a fait remarquer qu’à l'issue de la journée de mobilisation du jeudi 13 janvier, plusieurs organisations syndicales de l'Éducation ont publié un texte pour rappeler ce que la mobilisation historique des personnels de l'éducation nationale avait permis d'obtenir et pour assurer leur vigilance sur le respect et la mise en œuvre des annonces faites par le Premier ministre Jean Castex, en restant mobilisés.
Le texte insiste sur le fait que « des personnels de tous les corps de métiers se sont retrouvés dans l’action pour exprimer leur exaspération dans la situation actuelle : gestion chaotique de la crise sanitaire qui conduit à une désorganisation complète des écoles et établissements scolaires, mépris et manque de considération pour les personnels de la part de Jean-Michel Blanquer. »
Si elles ont bien noté que des annonces ont été faites en matière sanitaire et pédagogique, les organisations syndicales pointent également dans ce texte commun des insuffisances sur bien d’autres points : surcharge de travail des personnels et reconnaissance financière de celle-ci, délais de communication et de mise en œuvre des décisions, examens…
Elles avertissent : « Aujourd’hui, il reste beaucoup à faire pour que les annonces se traduisent sur le terrain et encore davantage pour répondre à l’exaspération des personnels qui s’est exprimée dans la rue le 13 janvier. Les organisations syndicales réaffirment leur volonté de rester mobilisées sous des formes diversifiées pour le respect des mesures annoncées et obtenir des améliorations durables pour le système éducatif et la reconnaissance matérielle et morale des métiers de l’Éducation. »
Pour le respect de l’éducation et la reconnaissance des personnels
Dans son intervention pour l’UNSA Éducation lors de la réunion du Comité d’hygiène, de sécurité, et de conditions de travail du ministère de l’Éducation nationale, le 18 janvier, Elisabeth Allain-Moreno a remémoré les demandes claires de son syndicat :
- Informer directement les enseignant·e·s par le canal professionnel de tout changement des règles sanitaires en pesant bien leur intérêt et en laissant un délai suffisant d’application ;
- Cesser d’exiger d’eux·elles une double journée de travail en supprimant explicitement la consigne de cumuler enseignement en présentiel et en distanciel, gestion de la crise journée et soirée, semaine et weekend ;
- Suspendre tout ce qui n’est pas prioritaire (évaluation d’écoles et d’établissements, formations, rédaction de projets…) ;
- Recruter des personnels en nombre suffisant et selon des statuts attractifs afin d’assurer les remplacements aujourd’hui non effectués qui déstabilisent chaque jour les écoles et établissements, afin de permettre la prise en charge, la gestion et le suivi des élèves positifs et cas contacts ;
- Équiper les enseignant·e·s d’autotests, mais aussi de masques FFP2 pour celles et ceux qui le souhaitent selon le métier ou la vulnérabilité, et cela en complément des masques chirurgicaux promis ;
- Anticiper toute réorganisation (examens, stages en milieu professionnel, …) pour ne pas mettre en péril notre travail d’équipes et les parcours de nos élèves ; et
- Intervenir au plus près des territoires pour que les travaux sur le bâti scolaire s’engagent concrètement.
L’UNSA Éducation considère que « le gouvernement doit entendre ce que les personnels de notre École lui disent, il en va de nos conditions d’exercice et de celles d’apprentissage de tous les élèves de notre pays » et qu’« il est du devoir de l’exécutif d’accélérer le rythme et de passer des paroles aux actes ».
Allain-Moreno a conclu son intervention en assurant que « nous prendrons le temps, comme nous avons habitude de le faire à l’UNSA Éducation, d’intervenir sur chacun des sujets dans un cadre de dialogue constructif dans l’intérêt de chacun des personnels que nous représentons ».
Soutien des syndicats de l’éducation francophones
Dès le 13 janvier, le Comité syndical francophone de l'éducation et de la formation (CSFEF), organisation qui regroupe les affiliés francophones de l’Internationale de l’Éducation, a apporté son soutien aux collègues français·es.
Pour Jean-Hervé Cohen, président du CSFEF, en France, « depuis la rentrée de janvier, l’épuisement et l’exaspération de toute la communauté éducative atteignent un niveau inédit. La responsabilité du ministre et du gouvernement dans cette situation chaotique est totale du fait de changements de pied incessants, de protocoles intenables et d’absence de moyens donnés pour assurer le fonctionnement de l’Éducation. Malgré une amplification jamais vue de l’épidémie, l’école ne bénéficie pas de l'organisation protectrice qui serait nécessaire pour assurer la sécurité des élèves, des personnels et de leurs familles. »