Promouvoir les droits, la dignité et le pouvoir d’action des personnes migrantes pour une reprise inclusive
À l’approche du tout premier Forum d’examen des migrations internationales, qui se tiendra au printemps prochain en vue d’évaluer la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (PMM), le deuxième rapport du secrétaire général nous rappelle l’impact qu’ont eu la pandémie et les catastrophes naturelles causées par le changement climatique sur les personnes migrantes et leurs communautés d’accueil.
L’Internationale de l’Éducation soutient pleinement l’appel lancé par le rapport aux États pour qu’ils prennent « des mesures concertées afin de progresser vers un monde qui favorise véritablement les droits, la dignité et le bien-être des migrantes et migrants et qui soit fondé sur la coopération et le droit international ».
Le PMM, adopté en décembre 2018 par une majorité d’États membres, est le premier accord non contraignant négocié au niveau intergouvernemental couvrant de manière globale et exhaustive toutes les dimensions de la migration internationale. Le PMM fixe 23 objectifs recouvrant, entre autres : le recrutement équitable et éthique et l’accès à un travail décent pour les personnes migrantes ; l’accès aux services de base, notamment l’éducation ; permettre aux personnes migrantes et aux sociétés de réaliser pleinement l’inclusion et la cohésion sociale ; et la reconnaissance mutuelle des compétences, aptitudes et qualifications.
Repenser la gouvernance mondiale de la migration au lendemain de la pandémie
Le rapport reconnaît à juste titre que « la pandémie de COVID-19 a remodelé les migrations internationales à bien des égards ». Il souligne également la contribution essentielle des personnes migrantes à la société, tout en dénonçant les discriminations profondément ancrées et les violations des droits humains auxquelles doivent faire face les travailleur·euse·s migrant·e·s et leurs communautés, en raison de la gouvernance mondiale actuelle de la migration.
Dans le cadre des initiatives pour évaluer les avancées et identifier les moyens de relever les défis systémiques, l’Internationale de l’Éducation salue l’appel lancé par le rapport, soulignant que « [pour] faciliter un relèvement véritablement mondial et équitable, il sera crucial de garantir un recrutement juste et éthique et un travail décent et d’investir dans des solutions qui facilitent la reconnaissance mutuelle et le développement des aptitudes, des qualifications et des compétences ».
Si le rapport souligne que depuis l’adoption du PMM en 2018 « les États ont également continué à ratifier les instruments fondamentaux relatifs au travail », il demeure que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille reste l’un des traités sur les droits humains les moins ratifiés trente ans après son adoption. Les gouvernements se doivent de protéger la dignité et les droits des travailleur·euse·s migrant·e·s en ratifiant et en mettant en œuvre la Convention 143 de l’OIT et les autres normes internationales du travail.
Une reprise inclusive qui passe par l’éducation
L’Internationale de l’Éducation reconnaît certains progrès mentionnés dans le rapport mais estime que davantage pourrait être fait pour promouvoir l’inclusion intégrale des personnes migrantes. À cet égard, tout en reconnaissant que les personnes migrantes continuent de rencontrer des obstacles pour accéder aux services de base, le rapport sous-estime le rôle important de l’éducation et ne relève aucun progrès pertinent dans ce domaine. S’ils souhaitent rencontrer les objectifs du PMM, les États doivent accorder une place centrale à l’éducation dans leurs politiques de relance et d’inclusion des personnes migrantes.
À l’heure où les États et les parties prenantes sont invités à prendre des engagements concrets pour la mise en œuvre du PMM en prévision du Forum d’examen des migrations internationales, il importe également de prévoir des mécanismes d’examen systématiques et participatifs pour s’assurer que ces engagements protègent les droits des personnes migrantes, en particulier leur droit à une éducation inclusive de qualité.
Dans le cadre de leurs engagements et initiatives pour mettre en œuvre le PMM, l’Internationale de l’Éducation demande instamment aux gouvernements d’évaluer systématiquement l’impact de la fermeture totale ou partielle des établissements scolaires sur les élèves, le personnel enseignant et les personnels de soutien à l’éducation les plus vulnérables, notamment ceux et celles issu·e·s de la migration, et d’examiner de toute urgence les principales problématiques liées à l’équité qui ont été aggravées par la pandémie.
Un engagement sérieux avec les syndicats
L’Internationale de l’Éducation soutient également l’appel formulé dans le rapport, selon lequel « tous les acteurs doivent s’engager ensemble dans le dialogue et l’analyse et promouvoir la coopération et les partenariats pour agir en solidarité avec et pour toutes les personnes, dans le cadre du travail collectif visant à concrétiser les avantages de la migration pour tous et toutes ». Les syndicats sont des acteurs essentiels pour comprendre les besoins de l’ensemble des travailleur·euse·s et ne peuvent être écartés des décisions politiques, notamment en ce qui concerne le respect des droits du travail des personnes migrantes.
Si nous ne prenons pas de mesures immédiates pour inclure les personnes migrantes aux systèmes d’éducation et leur proposer des emplois décents, nous condamnons des millions d’individus à une vie de privations. Les gouvernements nationaux et la communauté internationale ont une obligation morale et juridique envers toutes les personnes migrantes. Une action immédiate est nécessaire.