Uruguay : les organisations syndicales disent oui à l’enseignement public
L’Internationale de l’Éducation est pleinement solidaire de ses organisations membres
Contre vents et marées, les organisations syndicales et les couches populaires uruguayennes ont conduit le pays à un référendum portant sur l’abrogation d’un ensemble d’articles de loi imposés par le gouvernement, qui affaibliraient l’enseignement public et favoriseraient la privatisation.
Le référendum du 27 mars visait à sceller le sort de la Loi d’urgente considération (Ley de Urgente Consideración, LUC), approuvée par le Congrès uruguayen en 2020, qui impose un éventail de mesures touchant à la sécurité, à la santé, aux droits du travail et à l’éducation.
La LUC a été largement critiquée pour limiter le droit de grève, supprimer l’enseignement public obligatoire et ouvrir la porte à la privatisation et à l’intervention de capitaux étrangers dans l’éducation.
En tout, 67 des 502 articles de la LUC concernent le secteur de l’éducation. Ces dispositions prévoient une forte concentration du pouvoir entre les mains du ministère de l’Éducation et une limitation de la participation des enseignant∙e∙s aux décisions relatives à leur profession. Dans le même temps, la loi ouvre la porte à de nouveaux acteurs, notamment du secteur privé, pour ce qui a trait à la gestion du système éducatif national, en éliminant, entre autres, la condition actuelle qui impose dix ans d’enseignement dans le public pour pouvoir intégrer un conseil de participation.
Malgré la forte mobilisation des couches populaires en Uruguay, le vote n’a pas dépassé les 50 % requis pour abroger la LUC. La consultation s’est néanmoins soldée par un soutien sans précédent face à la forte opposition du gouvernement, qui a gagné avec une marge de moins de 1 %.
Solidarité internationale avec l’Uruguay
L’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres sont solidaires des affiliés en Uruguay – la FENAPES (Federación Nacional de Profesores de Enseñanza Secundaria), la FUMTEP (Federación Uruguaya de Magisterio y Trabajadores de Educación Primaria) et la CSEU (Coordinadora de Sindicatos de la Enseñanza del Uruguay) –, qui ont mené une campagne énergique en défense du droit fondamental du peuple uruguayen à un enseignement public gratuit et de qualité.
« L’enseignement public en Uruguay fait figure d’exemple dans le monde entier, notamment pour sa structure démocratique, une forte représentation des enseignants et enseignantes, et son ample engagement pour les droits de son peuple », a déclaré David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, qui s’est récemment trouvé à la tête d’une délégation en visite dans le pays.
Au cours de sa visite en Uruguay, Edwards a participé à plusieurs événements organisés en soutien à l’enseignement public, aux droits syndicaux et à la lutte contre la privatisation et la commercialisation dans le secteur de l’éducation.
« Nous sommes solidaires des enseignants et enseignantes d’Uruguay, qui sont une source d’inspiration pour nous, du fait du combat démocratique et syndical qu’ils mènent au quotidien pour créer un meilleur avenir pour tous et toutes les élèves de leur pays », a ajouté Edwards
La vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine, Fátima Silva, du Brésil, qui a également participé à la délégation, a exhorté ses collègues éducateur∙trice∙s en Uruguay à défendre l’enseignement public à tous les niveaux.
« Les principes de l’Internationale de l’Éducation et de nos affiliés ont toujours été la défense d’un enseignement public socialement référencé, construit par nos membres, où qu’ils soient, et adapté à leur pays », a-t-elle expliqué.
Silva a insisté sur le fait que la lutte pour l’enseignement public est essentielle, a fortiori en période de pandémie, alors que les inégalités et les injustices sont devenues plus prononcées dans le monde.