Les syndicats d’enseignants mettent leur force au service de la lutte pour la justice climatique
La semaine dernière, des représentant·e·s de divers syndicats d’enseignants du monde entier se sont rassemblé·e·s de façon virtuelle afin de partager leur expérience, créer une force commune et établir une stratégie pour faire avancer la campagne « Enseignez pour la planète », lancée par l’Internationale de l’Éducation.
Coordonnée par l’Internationale de l’Éducation, la sixième réunion trimestrielle du réseau en charge de cette campagne s’est tenue moins d’un mois avant la conférence annuelle sur les changements climatiques, la COP 27. À la veille de ces journées cruciales pour la diffusion de messages d’action, cette sixième réunion a ainsi permis d’échanger des informations ainsi que des perspectives sur l’action au niveau national.
Garantir aux éducateur·trice·s une transition juste
La réunion s’est ouverte par une conversation avec la chercheuse Alanah Torralba, qui a dirigé une étude analysant la vision qu’ont les syndicats d’enseignants de ce qu’est la transition juste dans leur secteur.
L’étude mentionnée, « Enseignant·e·s sur une planète en surchauffe : façonner la vision syndicale pour une transition juste », établit que les éducateur·trice·s sont en première ligne sur les divers fronts du changement climatique : chaque jour, il·elle·s luttent contre les conséquences les plus graves de ce phénomène mondial. Des ouragans majeurs et autres tempêtes, des inondations affectant de vastes régions aux sécheresses prolongées, aux vagues de chaleur extrême et à la submersion de territoires insulaires, le changement climatique est déjà en train d’altérer le secteur de l’éducation d’une manière indirecte mais profonde. C’est pour cela que les éducateur·trice·s sont des acteur·trice·s essentiel·le·s dans les débats qui touchent à l’action climatique, dans cet objectif vital qu’est la transition vers un monde décarboné.
Selon Torralba, « les éducateurs et éducatrices s’inquiètent grandement de l’impact du changement climatique sur leur secteur professionnel. Ils sont unis dans l’affirmation que les systèmes éducatifs sont mal préparés pour lutter contre l’impact du changement climatique, et ce manque de préparation peut également être attribué à la privatisation grandissante qui affecte notre domaine d’activité. C’est pour cela qu’une transition juste dans l’éducation doit d’abord se faire en s’adaptant aux besoins des éducateurs et éducatrices et cela signifie aussi nécessairement un rejet de toute privatisation. Elle doit également passer par un renforcement des mesures de protection sociale pour les éducateurs et éducatrices, lesquels sont des intervenants d'urgence sur le front de la crise climatique. Enfin, les éducateurs et éducatrices ont le sentiment de faire intrinsèquement partie des communautés au service desquelles ils se trouvent et, par conséquent, les problèmes qui touchent leur profession ne sauraient être séparés des problèmes de la collectivité. En établissant le cadre d’une transition juste, les éducateurs et éducatrices mettent à jour une vision stratégique porteuse de davantage d’espoir dans le cadre de la lutte des travailleurs pour la justice climatique et un monde meilleur. »
Le climat : un point essentiel dans les débats du Sommet sur la transformation de l’éducation
Le réseau en charge de la campagne a également évalué les avancées obtenues lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, qui s’est tenu aux Nations Unies, à New York, en septembre. Les participant·e·s ont jugé favorablement l’intérêt accordé à l’éducation climatique durant le Sommet, et ont fait remarquer que la Déclaration de la Jeunesse appelait à investir dans l’éducation climatique ; la jeune militante climatique Vanessa Nakate a ouvert la conférence par un appel à la justice climatique ; et le secrétaire général des Nations Unies a instamment demandé aux pays membres(lien en anglais) de réformer leur programme éducatif et les recommandations pédagogiques en vigueur, pour orienter l’éducation vers le développement durable. Deux membres du bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation, Randi Weingarten et Johanna Jaara Astrand (compte Twitter en anglais), sont intervenues pour souligner l’importance d' une éducation au changement climatique de qualité et pour tou·te·s.
En ce qui concerne les résultats obtenus, un tiers des engagements faits par les pays membres lors du Sommet comprenaient celui d’intégrer l’éducation au changement climatique dans les programmes scolaires et celui de prendre des mesures pour garantir que les infrastructures scolaires appliquent strictement l’objectif de neutralité carbone. Le Sommet a également servi de cadre au lancement du Partenariat pour une éducation verte, une initiative de l’Unesco qui vise à mettre en valeur l’éducation au développement durable au sein des écoles, des communautés locales, et dans la formation des enseignant·e·s et des étudiant·e·s.
Les syndicats d’enseignants à la COP 27 pour lutter en faveur de la justice climatique
Le réseau en charge de la campagne a également évoqué les exigences principales soumises par l’Internationale de l’Éducation à la Conférence, et qui se trouvent intégrées aux outils COP 27 de l’Internationale de l’Éducation. Ces outils ont pour but d’aider les syndicats d’enseignants à mettre en œuvre leur plaidoyer au niveau national et sont le résultat synthétique d’un ensemble de recherches faites dans le cadre de l’Internationale de l’Éducation. Ces recherches, en expansion, portent notamment sur la transition juste, sur les conditions pour que le corps enseignant se sente suffisamment en confiance pour enseigner l’éducation climatique et sur l’ inclusion de l’éducation dans les Contributions déterminées au niveau national.
La COP se tenant à Charm el-Cheikh, en Égypte, les participant·e·s ont souligné l’importance de faire toute la lumière sur les diverses formes d’écoblanchiment mené par le régime actuel de ce pays, mais se sont aussi engagés à soutenir les militant·e·s luttant au niveau local (lien en anglais) pour les droits humains, les droits syndicaux, la liberté d’expression, le respect des libertés fondamentales dans l’espace public, ainsi que pour la libération des prisonniers politiques ( 60.000, selon une estimation (lien en anglais)) en Égypte.
La COP 27 va inclure une session ministérielle sur l’éducation climatique et une réunion pour faire avancer le Partenariat pour une éducation verte. L’Internationale de l’Éducation va également organiser en parallèle un événement consacré aux liens des éducateur·trice·s avec la transition juste. Vous pouvez suivre sur les médias sociaux les actions menées par l’IE ou consulter la page internet de la campagne « Enseignez pour la planète ». l’Internationale de l’Éducation. l’Internationale de l’Éducation ous pouvez aussi prendre part à la Journée d'action mondiale (lien en anglais) pour la justice climatique dans votre pays, le 12 novembre.
Les membres du réseau en charge de la campagne pour le climat montrent la voie
Les membres du réseau, de toutes les régions du monde, ont partagé leur expérience. Certains ont fait part de l’impact du changement climatique sur les éducateur·trice·s et l’éducation. C’est par exemple ainsi que nous avons appris qu’aux îles Fidji, les élèves, les enseignant·e·s et les communautés qui vivent le long des côtes doivent actuellement être relogés ailleurs du fait de l’élévation du niveau de la mer et que trois cyclones majeurs sont attendus dans les prochains mois. Au Royaume-Uni, a-t-on appris également, les vagues de chaleur extrême ont posé un dilemme : est-ce que les écoles devaient être fermées pour la sécurité des enfants ou bien est-ce qu’elles devaient rester ouvertes pour servir de lieu d’accueil protégé ? Faute de ligne directrice claire émanant du gouvernement, le syndicat a décidé de conseiller aux équipes éducatives de maintenir les écoles ouvertes, car les élèves vivant dans des conditions de pauvreté auraient souffert de températures encore plus élevées s’ils étaient restés chez eux.
D’autres syndicats ont parlé des priorités de la campagne. Par exemple, Sifiso Ndluvo, directeur exécutif de la ZIMTA, au Zimbabwé, a souligné que la crise climatique menace la croissance inclusive, la paix, la sécurité et la démocratie. Les problèmes liés au climat doivent être pris en compte quand on décide de financements pour le développement. Le SNTE, au Mexique, a fait remarquer que les progrès effectués dans la diffusion de messages d’action en faveur de la résilience climatique nécessitent l’engagement et la collaboration de tous les secteurs de l’économie, de même que davantage de liens entre les initiatives militant en faveur du climat et d’autres actions qui se trouvent en intersection (par exemple, celles concernant des problèmes environnementaux plus larges et les questions d’égalité des genres).
La prochaine réunion du Réseau aura lieu en décembre.
« Enseignant·e·s sur une planète en surchauffe : façonner la vision syndicale pour une transition juste » — on peut consulter l’étude complète et le résumé des conclusions via le lien suivant : https://www.ei-ie.org/fr/item/26964:educators-on-a-heating-planet-shaping-education-unions-vision-for-a-just-transition
On peut télécharger les outils COP 27 via le lien suivant : https://www.ei-ie.org/fr/item/26966:education-unions-for-climate-justice