Uruguay : Les syndicats dénoncent un espionnage visant des enseignant.e.s et des étudiant.e.s
Suite aux révélations d’une enquête journalistique, la Federacion Nacional de Profesores de Enseñanza Secundaria de Uruguay (Fédération nationale des enseignants du secondaire de l’Uruguay – FENAPES) a dénoncé des faits d’espionnage à l’encontre de membres du mouvement syndical et d’étudiant.e.s mineur.e.s.
La FENAPES, conjointement avec la centrale syndicale uruguayenne PIT-CNT, a sollicité des entretiens urgents avec le Conseil d’administration de l’Institut uruguayen de l’enfance et de l’adolescence (INAU), le Conseil de direction central (CODICEN) de l’Administration nationale de l’éducation publique (ANEP), la Commission des droits de l’homme de la chambre des députés et le procureur de la Cour, pour faire part de sa profonde préoccupation face à la gravité des faits.
Selon la FENAPE, ces faits viennent s’ajouter à la longue liste d’abus et de persécutions que subissent les militants sociaux de la part du gouvernement, et dont l’incidence est plus marquée sur les travailleurs et militants du secteur de l’éducation publique. La persécution à l’encontre d’étudiant.e.s mineur.e.s est considérée comme une violation des droits de la personne et une menace pour l’État de droit.
Ces évènements font suite aux plaintes déposées antérieurement par le syndicat concernant la persécution et les attaques du gouvernement contre le droit à l’éducation, la liberté syndicale et la liberté académique, entre autres droits humains fondamentaux et droits du travail.
La Vice-présidente de la FENAPES, Marcela Da Col, s’est dite inquiète devant l’absence de prise de position d’une partie des responsables politiques qui, jusqu’à présent, s’étaient montrés très actifs sur les réseaux sociaux à propos de l’action des syndicats de l’éducation. Mme Da Col a soulevé la question de l’absence de prise de position et du silence ostensible des responsables politiques dans ce contexte.
Dans le cadre de ce dossier, des enquêtes portant sur des irrégularités et des infractions ont été ouvertes contre plusieurs hauts-responsables de la police, parmi lesquels figurent notamment des directeurs adjoints de la police. Ces enquêtes ont conduit au limogeage de plusieurs hauts-officiers nommés par le gouvernement en place, notamment le directeur de la police nationale, Diego Fernandez, et le directeur exécutif adjoint de la police, Jorge Berriel. Au total, six officiers supérieurs de la police ont été mis en examen, bien que l’identité de deux d’entre eux n’ait pas encore été révélée..
Le secrétariat exécutif de la centrale syndicale PIT-CNT a déclaré son rejet absolu de ces pratiques et a annoncé qu’il maintiendra un état d’alerte permanent face à de tels actes, sans exclure d’autres actions. La situation est d’autant plus préoccupante que le contrôle et la surveillance au sein des institutions éducatives sont encouragés.
L’Internationale de l’Éducation mesure la gravité de ces allégations et soutient inconditionnellement les organisations syndicales uruguayennes dans leur quête de justice. Le comité régional de l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine a publié une déclaration sur ce sujet et des efforts soutenus sont menés pour porter ces faits à l’attention des instances internationales chargées de la protection des droits humains.