Inde : l'Internationale de l'Éducation travaille avec des éducateur·trice·s et des organisations alliées pour mettre un terme au travail des enfants
« Chaque enfant a le droit d'apprendre, de jouer et de grandir sans être exploité », a déclaré Kamala Kanta Tripathy, secrétaire général de la All India Primary Teachers' Federation (Fédération indienne des enseignant·e·s du primaire - AIPTF), lors d'une récente mission menée par l'Internationale de l'Éducation (IE) dans le cadre du travail de l'IE visant à l’élimination du travail des enfants.
« Un enseignement public à temps plein de qualité pour toutes et tous est une condition préalable et le gouvernement doit garantir des conditions de travail décentes aux enseignantes et enseignants», a ajouté Kamala Kanta Tripathy en faisant référence à l'éducation comme le moyen le plus efficace d'éradiquer le travail des enfants.
Avec ses organisations membres, l’IE développe et soutient des projets de lutte contre le travail des enfants dans des pays cibles à travers le monde depuis plus de 10 ans. Ces projets visent à rendre l'environnement scolaire propice pour attirer les enfants à l'école et prévenir l'abandon scolaire.
Une délégation, composée de Dominique Marlet de l'IE, du secrétaire général de l'AIPTF Tripathy, et de la coordinatrice du projet de l'AIPTF Nisha Cairae, s'est rendue dans l'État du Rajasthan, dans le nord de l'Inde, et a rencontré des dirigeant·e·s locaux·ales affilié·e·s à l'AIPTF, du 19 au 22 mars, pour évaluer les progrès du programme d'éradication du travail des enfants entrepris avec le soutien du financement quinquennal du gouvernement néerlandais « Work: No Child's Business » (WNCB).
Le travail des enfants nuit à une éducation de qualité pour tou·te·s
Concernant l'Inde, l'organisation de défense des droits de l'enfant Educo dans ce pays et son partenaire, la Campagne contre le travail des enfants, ont averti à la mi-2021 que la pandémie de COVID-19 avait probablement poussé davantage d’enfants vers le travail, y compris sous ses pires formes.
En outre, un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de l'UNICEF a souligné que 9 millions d'enfants supplémentaires risquaient d'être poussé·e·s au travail dans le monde d'ici la fin de 2022, en raison de la pandémie de COVID. En Inde, la fermeture des écoles et la crise économique à laquelle sont confrontées les familles vulnérables, déclenchée par la pandémie, sont probablement des facteurs qui poussent les enfants dans la pauvreté et donc au travail et à des migrations périlleuses, note le rapport.
Au cours de la récente mission, Kamala Kanta Tripathy a répété que « nous ne pouvons pas avoir une véritable éducation pour toutes et tous sans mettre fin au travail des enfants ».
Les enseignant·e·s participant au programme ont également exprimé un vif intérêt pour les opportunités d'apprentissage pour les enfants à l'intérieur et à l'extérieur de l'école.
Bien que les dirigeant·e·s de l'AIPTF au Rajasthan aient une connaissance superficielle du projet d'éradication du travail des enfants du WNCB, les dirigeant·e·s au niveau local ont déclaré que le WNCB avait accéléré la vitesse de l'engagement syndical dans la lutte contre le travail des enfants. Les syndicalistes de l'éducation se concentrent sur l'autonomisation des parents, y compris ceux des enfants à risque, pour qu'ils participent aux comités de gestion des écoles, et la collaboration a commencé avec les ONG qui amènent les enfants à l'école, les enseignant·e·s et leur syndicat prenant le relais.
Dans leur lutte contre le travail des enfants, les éducateur·trice·s sont confronté·e·s à de multiples défis
Les dirigeant·e·s syndicaux·ales du Rajasthan ont également présenté les défis auxquels les enseignant·e·s sont confronté·e·s dans cet État. Alors que les enseignant·e·s ont un bon statut et que leur rémunération a été augmentée, les transferts imposés posent problème. En outre, les quatre cinquièmes du temps des enseignant·e·s sont consacrés à des tâches administratives telles que la tenue d'un registre de présence et la commande quotidienne de repas et de lait.
Des réunions techniques ont également abordé la diligence raisonnable dans la chaîne d'approvisionnement, les défis de l'éducation et la situation des apprenant·e·s de première génération. Divers enjeux ont été soulignés lors de ces rencontres, notamment :
- L’absence d'une véritable enquête gouvernementale sur l'incidence du travail des enfants.
- La perte d'apprentissage importante due au COVID.
- La moitié des élèves des écoles publiques appartiennent à des castes inférieures et n'ont pas l'environnement social pour soutenir leur apprentissage.
- Les établissements d'enseignement présentent encore de nombreux défauts structurels.
- Des réunions avec les ONG travaillant sur les chaînes d'approvisionnement, telles qu'Aravali et Manjari, ont porté sur la chaîne d'approvisionnement en minerais de mica au Rajasthan, le rôle des écoles dans la chaîne d'approvisionnement et les défis de maintenir les enfants à risque dans l'éducation.
- Les mariages d'enfants en cours.
- L’absence de syndicalisation des enseignant·e·s dans les établissements d'enseignement privés.
Malgré ces défis, l'AIPTF mobilise des éducateur·trice·s dans toute l'Inde pour s'assurer que tou·te·s les enfants sont à l'école, pas au travail, et ont accès à une éducation de qualité.
L'AIPTF commencera à former des enseignant·e·s et des personnes ressources au niveau local pour mieux relier le projet d'éradication du travail des enfants aux campagnes existantes contre la privatisation et contre la violence basée sur le genre en milieu scolaire.