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Nombre record de violations des droits des travailleur·euse·s en 2023, selon l’Indice des droits dans le monde

Publié 14 juillet 2023 Mis à jour 22 mars 2024

Neuf pays sur dix ont violé le droit de grève en 2023. Soixante-dix-sept pour cent des pays ont empêché des travailleur·euse·s de créer ou de rejoindre un syndicat. L’Indice des droits dans le monde 2022, publié le 30 juin 2023, met en évidence les injustices subies par les travailleur·euse·s partout dans le monde et la situation dans les pays comptant le nombre le plus élevé de violations des droits des travailleur·euse·s.

Les droits des travailleur·euse·s menacés

En Eswatini, plus de 80 personnes auraient perdu la vie à la suite de la répression policière menée lors de manifestations réclamant la démocratie et des salaires équitables. Des dirigeant·e·s syndicaux·ales ont été contraint·e·s à l’exil et deux députés ont été arrêtés et placés en détention sans procès. Les réunions syndicales et les actions de protestation sont interdites et, le 21 janvier 2023, Thulani Maseko, avocat des droits humains et militant politique, a été assassiné.

Bhekie Mamba, Président du Trade Union Congress of Swaziland (TUCOSWA), s’est interrogé sur la violence dirigée contre les travailleur·euse·s en Eswatini et a expliqué que « même aujourd’hui, nous voyons des travailleuses et travailleurs battus par la police et l’armée, d’autres harcelés et tués par la police et l’armée qui parcourent les rues après leurs heures de travail ». Mamba a ajouté que « tout cela a donné aux employeurs la possibilité de saper les mécanismes de négociation, parce qu’ils savent que les travailleuses et travailleurs ne peuvent rien faire ».

Les violentes atteintes aux droits des travailleur·euse·s en Eswatini témoignent de la crise que traversent les travailleur·euse·s du monde entier et qui menacent les syndicats.

L’indice des droits dans le monde

« Cet Indice des droits dans le monde nous brosse non seulement un tableau des droits des travailleuses et travailleurs et des droits syndicaux, mais il reflète aussi l’état de la démocratie dans le monde », selon Luc Triangle, secrétaire général faisant fonction de la Confédération syndicale internationale (CSI).

L’Indice des droits dans le monde, publié par la CSI, collecte et analyse des données sur la mesure dans laquelle les pays et les entreprises respectent le droit international relatif aux droits des travailleur·euse·s. L’analyse repose sur 96 indicateurs, fondés sur des normes juridiques internationales relatives aux droits fondamentaux sur le lieu de travail. L’Indice des droits dans le monde classe les pays selon une échelle de 1 à 5+ pour noter leur degré de respect des droits des travailleur·euse·s, 5+ étant le niveau le plus élevé de violation des droits.

Selon l’Indice des droits dans le monde 2023, le top 10 des pires pays pour les travailleur·euse·s comprenait le Bangladesh, le Bélarus, l’Équateur, l’Égypte, l’Eswatini, le Guatemala, le Myanmar, la Tunisie, les Philippines et la Turquie, l’Équateur et la Tunisie ayant été ajoutés à la liste en 2021. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont été identifiés comme la pire région du monde pour les travailleur·euse·s, ce qui est conforme aux neuf éditions précédentes de l’indice des droits dans le monde.

Dans tous les pays, les données révèlent une hausse significative des violations des droits des travailleur·euse·s à l’échelle mondiale depuis la première parution de l’indice des droits dans le monde en 2014. Paapa Danquah, directeur juridique de la CSI, a expliqué que « neuf pays sur dix ont violé le droit de grève, soit une augmentation par rapport à 2014, où le ratio était de 6 sur 10 ». Danquah a également souligné qu’en 2023, 42 % des pays ont restreint la liberté d’expression et la liberté de réunion, alors que le pourcentage était de 26 % en 2014. De même, le pourcentage de pays dans lesquels des travailleur·euse·s ont été arrêté·e·s et détenu·e·s est passé de 25 % en 2014 à 46 %. Soixante-dix-sept pour cent des pays ont interdit aux travailleur·euse·s le droit de créer ou de rejoindre un syndicat. Des travailleur·euse·s ont été victimes de violence dans 44 pays et des syndicalistes ont été assassinés dans huit pays, à savoir le Brésil, la Colombie, l’Équateur, l’Eswatini, le Salvador, le Guatemala, le Pérou et la Sierra Leone.

Engagement en faveur de la solidarité

En tant que voix des syndicats de l’éducation dans le monde, l’Internationale de l’Éducation se tient au côté des syndicats qui, malgré le danger, la corruption et la violence, ont continué de lutter pour les libertés civiles. L’Internationale de l’Éducation soutient la mission de l’Indice des droits dans le monde, à savoir attirer l’attention sur les injustices que subissent les travailleur·euse·s et demander des comptes aux gouvernements qui suppriment les travailleur·euse·s et les syndicats dans le monde.

« La frontière entre autocratie et démocratie s’estompe, lorsque le dialogue entre l’État et le citoyen disparaît, lorsque des nations flirtent avec l’autocratie pour faire passer des lois impopulaires, lorsque les gouvernements déploient des forces pour faire cesser une résistance légale, la démocratie est en danger et les travailleuses et travailleurs en subissent les conséquences », a indiqué Triangle. « Mais l’indice est une force visant à bâtir un monde meilleur parce qu’il montre ce qu’il se passe réellement. »