Iran : L'Internationale de l'Education exige la fin de toutes les violations des droits humains et syndicaux !
Ce 16 septembre 2023 marque le premier anniversaire de l'assassinat de Jina Mahsa Amini par la police iranienne. Sa mort a déclenché de vastes manifestations dans tout le pays et a donné naissance au mouvement "Femme, vie, liberté" (Woman Life Freedom). Depuis lors, l'appareil répressif de l'État s'est efforcé de faire taire toute dissidence, multipliant les attaques contre les citoyen·ne·s, les enseignant·e·s et les syndicalistes iranien·ne·s et se livrant à de graves violations des droits humains, des droits du travail et des libertés civiles.
Les enseignant·e·s et les établissements d'enseignement ont été la cible d'une répression et d'un contrôle plus sévères en raison de l'importante participation des jeunes dans les mouvements de protestation. La communauté mondiale de l'éducation exige la libération de tous les enseignant·e·s syndicalistes emprisonné·e·s et appelle les autorités iraniennes à respecter les libertés et les droits fondamentaux de tous les travailleurs et toutes les travailleuses, y compris les libertés d'association et d'expression, ainsi que le droit de se réunir pacifiquement sans ingérence de l'État.
Empoisonnement d'étudiantes
Lors des manifestations nationales pour la liberté de la vie des femmes, des centaines d'empoisonnements au gaz ont été signalés dans des écoles de filles. L'Internationale de l'Education a joint ses forces à celles de son organisation membre en Iran, le Conseil de coordination des associations professionnelles d'enseignant·e·s iranien·ne·s (CCITTA), afin de documenter 358 cas d'attaques chimiques. Lire le rapport ici.
Du 3 décembre 2022 au 29 avril 2023, 358 attaques au gaz toxique ont été lancées contre 325 écoles pour filles (certaines écoles ont été la cible d’attaques multiples). Saeed Karimi, directeur adjoint auprès du ministère de la Santé, a reconnu le 13 mars 2023, que 13 000 élèves avaient reçu des soins lors de la série d’attaques chimiques contre les écoles. De nouvelles attaques ont eu lieu entre le 13 mars et le 29 avril 2023, augmentant le nombre des écolières atteintes. Le nombre exact d’élèves touchées n’a cependant pas été communiqué. Il y a lieu de craindre que des attaques similaires ne se reproduisent lors de la reprise de l'année scolaire le 23 septembre prochain.
Les autorités ont affiché un manque certain de responsabilité en ne manifestant pas une réaction claire et transparente face à cette situation alarmante. Les attaques au gaz toxique contre des écoles pour filles avaient pour but de supprimer toute résistance et d’instaurer la peur au sein des familles, pour inciter les parents à garder leurs filles à la maison et entraîner des dysfonctionnements dans l’éducation de ces dernières durant un certain temps.
Attaques contre les enseignant·e·s et leurs syndicats
Depuis des années, les enseignant·e·s iranien·ne·s expriment des revendications légitimes en faveur de conditions de travail décentes et de la reconnaissance de leurs libertés et droits fondamentaux en tant que travailleur·se·s et citoyen·ne·s. Depuis le 1er mai 2022, plusieurs responsables syndicaux enseignants ont été arrêtés, détenus et torturés de manière injustifiée pour avoir mené des activités syndicales pacifiques autorisées par les lois nationales et internationales.
Ces dernières semaines, les autorités iraniennes ont réprimé les enseignant·e·s et leurs représentant·e·s syndicaux afin d’empêcher la résurgence des rassemblements de l’année dernière, alors que le premier anniversaire de l’assassinat extrajudiciaire de Jina Mahsa Amini intervient le 16 septembre.
L’Internationale de l’Education est particulièrement préoccupée par la situation des personnes suivantes, classées par affiliation aux associations régionales d’enseignant·e·s. Toutes les associations provinciales et de villes sont membres du Coordinating Council of Iranian Teachers’ Trade Associations, qui est affilié à l’IE :
- Association des enseignant·e·s de la province d'Alborz : Masoud Farhikhteh
- Association des enseignant·e·s de Téhéran (y compris le district d’Eslamshahr) : Esmail Abdi, Rasoul Bodahi, Mohamad Darkesh, Jafar Ebrahimi, Mohammad Habibi, Zeinab Hamrang, Farzaneh Nazaranpour, Fatemeh Tadrisi, Mohammad Taghi Falahi et Sara Siah Pour
- Association des enseignant·e·s de la province du Kurdistan :
- Association des enseignant·e·s du district de Diwandareh : Omid Shahmohamadi
- Association des enseignant·e·s du district de Marivan : Shiva Amelirad, Eskander Lotfi, Shaban Mohammadi, Tahsin Mostafa, Massoud Nik Khah et Sayvan Solaymani
- Association des enseignant·e·s du district de Sanandaj : Loghman Afzali, Mokhtar Asadi et Majid Karimi
- Association des enseignant·e·s du district de Saqez : Solaiman Abdi
- Association des enseignant·e·s de la province de Bushehr : Mahmoud Melaki
- Association des enseignant·e·s du district de Mashhad dans la province de Khorasan Razavi: Hashem Khastar et Ateke Rajabi
- Association des enseignant·e·s de la province de Khuzestan : Pirouz Naami
- Association des enseignant·e·s du district de Shahreza dans la province d’Isfahan : Hamid Rahmati
- Association des enseignant·e·s de la province de Gilan : Anoush Adeli, Fariba Anami, Aziz Ghasemzadeh, Hasan Nazarian et Mahmoud Sedighipoor
- Association des enseignant·e·s de la province de Fars : Mohammad Ali Zahmatkesh, Abdolrezagh Amiri, Asghar Amirzadegan, Moghan Bagheri, Zahra Esfandyari, Mehdi Fathi, Abolfal Khoran, Gholamreza Gholami Kondazi, Iraj Rahnama et Afshin Razmjoo
- Association des enseignant·e·s de la province de Tchaharmahal-et-Bakhtiari et de Shahrekord : Mohammad Saeedi Abul al-Shaghaqi
- Association des enseignant·e·s du district d'Esfarayen dans la province de Khorasan Shomali : Saeid Motahari.
Depuis mai 2022, ces dirigeant·e·s syndicaux·les ont subi de graves violations de leurs droits, notamment :
- Arrestations et détentions, souvent à l’isolement pendant de longues périodes
- Torture pour leur extorquer de faux aveux et les forcer à renoncer à leur mandat syndical.
- Détention prolongée au-delà des peines d’emprisonnement initiales
- Paiement de cautions exorbitantes, dont certaines atteignent 50 000 dollars pour une libération temporaire.
- Accès inadéquat aux traitements médicaux
- Accès limité à une aide juridique
- Restriction des droits de visite de la famille
- Diffusion de fausses informations à leur sujet sur les médias sociaux
- Harcèlement des membres de leur famille
- Formulation d’accusations déraisonnables
- Transfert d’affaires judiciaires au tribunal révolutionnaire islamique, généralement réservé aux affaires hautement politiques
- Licenciements de leur poste d’enseignant
- Rétrogradations et réductions salariales.
Ces actions représentent diverses formes de harcèlement illégal et non fondé à l’encontre de ces leaders syndicaux.
L'Internationale de l'Education a lancé un appel à l'action urgente, appelant ses organisations membres à travers le monde à se mobiliser en solidarité avec les enseignant·e·s syndicalistes iranien·ne·s. Cliquez ici pour en savoir plus et faire entendre votre voix en soutien aux collègues de la République islamique d'Iran !
Le 6 septembre, l'Internationale de l'Education a également envoyé une lettre de protestation aux autorités iraniennes, demandant un congé médical urgent pour Jafar Ebrahimi, membre du Conseil de coordination des associations professionnelles d'enseignants iraniens. Injustement emprisonné pour ses activités syndicales légitimes, Jafar Ebrahimi est en prison depuis 20 mois. Durant cette période, sa santé s'est considérablement détériorée et il risque maintenant de perdre la vue s'il n'a pas accès immédiatement à des soins médicaux appropriés. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Le mouvement syndical mondial aux côtés du peuple iranien
Le 12 septembre, le Conseil des Global Unions, qui représente plus de 200 millions de travailleurs et travailleuses dans le monde, a publié une déclaration condamnant l'escalade des violations des droits humains, des droits du travail et des libertés civiles des leaders et militants syndicaux par diverses autorités iraniennes.
Cliquez ici pour lire la déclaration complète du Conseil des Global Unions.