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Dennis Sinyolo, Director of the Education International Africa Regional Office
Dennis Sinyolo, Director of the Education International Africa Regional Office

L'Afrique rend hommage à ses enseignant·e·s, principaux agents de transformation de l'éducation et du continent

Publié 5 octobre 2023 Mis à jour 22 mars 2024

Plusieurs événements ont été organisés dans différentes régions d'Afrique à l'occasion de la Journée mondiale des enseignant·e·s (JME), le 5 octobre, en reconnaissance du rôle crucial des enseignant·e·s, qui offrent à la jeunesse du continent une éducation de qualité et un avenir pacifique et durable. Les gouvernements africains doivent investir dans les enseignant·e·s, les motiver et les soutenir.

Lors de la commémoration régionale/africaine de la JME à Abidjan, en Côte d'Ivoire, organisée conjointement avec l'UNESCO, l'Union africaine (UA) et l'UNICEF, Dennis Sinyolo, directeur du Bureau régional africain de l’Internationale de l’Éducation (IERAF), a déclaré que « les salaires peu élevés et les mauvaises conditions de travail ont porté atteinte à la dignité de l'enseignant africain. Nous saluons les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante appelant les gouvernements à remédier à la pénurie mondiale d'enseignantes et enseignants et à restaurer la dignité de la profession par le biais d'un financement à long terme pour des enseignantes et enseignants bien qualifiés et bien soutenus ».

Le plan en cinq points de l'IERAF pour revitaliser la profession enseignante en Afrique

Il a ensuite proposé un plan en cinq points pour revitaliser la profession enseignante en Afrique, appelant les gouvernements africains à :

  1. Former et recruter suffisamment d'enseignant·e·s qualifié·e·s. Tous les élèves ont droit à un·e enseignant·e hautement qualifié·e, compétent·e, soutenu·e et motivé·e.
  2. Faire confiance aux enseignant·e·s et les respecter en leur accordant l'autonomie professionnelle et la liberté nécessaire pour enseigner de manière créative, collaborer et mener des recherches.
  3. Faire de l'enseignement une profession attrayante et non un choix par défaut, en garantissant des salaires et des conditions de travail décents.
  4. Impliquer les enseignant·e·s dans un véritable dialogue social et politique institutionnalisé par l'intermédiaire de leurs syndicats.
  5. Investir dans l'éducation et les enseignant·e·s en respectant les critères de financement de l'éducation convenus au niveau international, à savoir allouer au moins 20 % du budget national ou au moins 6 % du produit intérieur brut à l'éducation.

Soulignant que, par le biais de la campagne en cours, La force du public : ensemble on fait école !, l'IE continuera à faire pression sur les gouvernements africains pour qu'ils fournissent un enseignement public de qualité pour toutes et tous, Sinyolo a réaffirmé ce qui suit : « Une éducation de qualité est dispensée par des enseignantes et enseignants hautement qualifiés, compétents, fiables, appréciés, soutenus et motivés. »

Cérémonie de remise du Prix continental de l’enseignant·e de l’Union africaine

Huit enseignant·e·s originaires du Ghana, du Kenya, du Malawi, de Mauritanie, de Maurice, du Maroc, du Nigeria et d'Afrique du Sud ont été récompensé·e·s lors de la cérémonie de remise du Prix continental de l'enseignant·e de l’Union africaine et du webinaire sur la profession enseignante.

Monica Idinoba (UA), au nom du Prof. Mohammed Belhocine, commissaire de l'UA en charge de l'éducation, la science, la technologie et l'innovation (ESTI), a commencé son discours de bienvenue en rappelant que « la transformation de l'éducation commence par les enseignants » et que « chaque profession se développe grâce à la profession d'enseignant ».

La formation des enseignants, a-t-elle déclaré, est une priorité essentielle de la Stratégie d'éducation continentale pour l'Afrique (CESA) 2016-2025.

Elle a ajouté que si l'Afrique a fait des progrès significatifs en matière d'accès à l'éducation, il y a encore de grandes disparités au sein des pays africains et entre eux : « Si rien n'est fait pour transformer l'éducation, les objectifs fixés par la CESA, l'Agenda 2063 de l'UA : l'Afrique que nous voulons, et les objectifs de développement durable des Nations Unies ne seront pas atteints, ce qui aura un impact à long terme sur l'apprentissage des enfants et sur différents aspects du développement humain sur le continent. »

Pour l'ambassadeur de l'Union européenne (UE) en Éthiopie, Roland Kobia, lui-même ancien enseignant, « les enseignantes et enseignants sont au cœur des systèmes éducatifs » et « le COVID a montré à quel point les systèmes éducatifs sont résilients et adaptables ».

Il a ajouté que lors du renouvellement de leur partenariat, l'UE et l'UA ont réaffirmé que l'éducation était une priorité commune.

« L'empreinte que les enseignantes et enseignants laissent dans l'esprit des enfants n'a pas de prix, elle a un impact durable sur leur vie », a-t-il conclu.

Le directeur de l’Institut International de l’UNESCO pour le renforcement des capacités en Afrique (IIRCA), Quentin Wodon, a également souligné que son organisation a publié, le 5 octobre, un guide régional de formation visant à renforcer la santé mentale et le soutien psychosocial (MHPSS) des enseignant·e·s en formation et en poste en Afrique.

Le guide de formation, a-t-il dit, montre que l'épidémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur les enseignant·e·s, les formateur·trice·s d'enseignant·e·s et les apprenant·e·s, ainsi que sur l'ensemble du système éducatif, et que les problèmes psychologiques tels que la dépression, l'anxiété, la frustration et le stress se sont aggravés.

« En tant qu'institut dont la mission est de donner aux enseignants les moyens de permettre à tous les apprenants de s'épanouir, notre détermination à renforcer la santé mentale et le bien-être psychosocial des enseignantes et enseignants sur le continent africain demeure entière. Les enseignantes et enseignants se trouvent incontestablement au cœur de la réalisation d'une éducation de qualité ; par conséquent, leur bien-être est essentiel pour améliorer les résultats de l'apprentissage », a-t-il convenu.