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The Director of the Education International Latin America (EILA) regional office, Combertty Rodríguez.
The Director of the Education International Latin America (EILA) regional office, Combertty Rodríguez.

La coopération au développement et l'avancée de la privatisation de l'éducation en Amérique latine : perspective depuis la ligne de front

Publié 13 mai 2024 Mis à jour 29 mai 2024

Le directeur du bureau régional Amérique latine de l'Internationale de l'Éducation (IEAL), Combertty Rodríguez, a présenté une analyse détaillée de la tendance croissante à la privatisation de l'éducation en Amérique latine, révélant les complexités et les défis auxquels sont confrontés les syndicalistes de l'éducation et les systèmes éducatifs publics, dans un contexte de pressions politiques, économiques et sociales. Il a été catégorique sur le fait que le travail de la coopération au développement (CD) dans la région peut soutenir les efforts visant à remédier à la situation.

Très critique vis-à-vis des politiques éducatives actuellement en vigueur en Amérique latine, le 7 mai, lors d'un Café en ligne sur la CD réunissant des partenaires de la CD, M. Rodríguez a décrit une tendance inquiétante à la privatisation et à la marchandisation de l'éducation. Cette tendance est alimentée par un mélange de rapports de force politiques, d'influence du secteur privé et de pressions économiques internationales, principalement des programmes néolibéraux qui prônent une réduction de l'implication de l'État dans les secteurs publics.

Le panorama politique

Selon M. Rodríguez, les gouvernements de la région détournent de plus en plus de fonds publics au profit d'entreprises privées, une stratégie révélée par les recherches de l'Observatoire latino-américain des politiques éducatives (OLPE). Ces changements se font souvent au détriment des systèmes éducatifs publics, qui font face à un manque criant de financement.

À un niveau plus large, il a mis en évidence une approche antidémocratique, dans laquelle les partenariats public-privé (PPP) et les accords de même nature servent davantage à favoriser les intérêts privés qu'à promouvoir l'égalité en matière d'éducation. Ces politiques sont par ailleurs soutenues par des mouvements de droite qui, comme le constate M. Rodriguez, ont acquis, dans plusieurs pays, un pouvoir considérable sur le législatif et l'exécutif, pouvant ainsi légitimer et accélérer le processus de privatisation.

Les conséquences sociales

M. Rodríguez a également attiré l'attention sur les conséquences sociales de ces politiques. L'affaiblissement du mouvement syndical et de la mobilisation sociale, en particulier dans le domaine de l'éducation, constitue un problème majeur dans la lutte contre ces tendances à la privatisation. Il a fait remarquer que les syndicats, qui sont souvent les seuls défenseurs de l'enseignement public, sont l'objet d'une persécution accrue, ce qui comprend notamment des restrictions de leur capacité à s'organiser et à faire grève, en particulier lorsque les systèmes éducatifs sont déclarés comme des services de première nécessité.

L'impact de ces politiques éducatives ne se limite pas à la salle de classe. M. Rodríguez a souligné l'augmentation du trafic de drogue et de la violence qui y est associée. La dégradation de la sécurité des écoles et du bien-être des élèves qui en découle complique encore davantage la situation pour défendre l'enseignement public.

Comment contrecarrer la privatisation

Malgré toutes ces difficultés, l'IEAL, sous la présidence de Sonia Alesso, secrétaire générale de la Confédération des travailleuses et travailleurs de l’Éducation de la République argentine (Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina-CTERA), travaille activement à contrer ces tendances en renforçant le mouvement syndical et en soutenant des initiatives telles que le Réseau latino-américain des travailleuses de l'éducation et l'engagement auprès des communautés indigènes pour façonner des politiques publiques plus inclusives, a rapporté M. Rodríguez.

Appel à l'action : campagne de l'IE « La force du public : ensemble on fait école ! »

M. Rodríguez a appelé à redoubler d'efforts pour donner la priorité au financement public de l'enseignement public, en s'alignant sur la campagne mondiale « La force du public : ensemble on fait école ! ». Il a insisté sur le fait qu'il est capital d'élaborer de nouvelles propositions éducatives qui impliquent les enseignant∙e∙s, les parents et les étudiant∙e∙s, afin de libérer l'éducation de la privatisation, comme c'est le cas dans le cadre du Mouvement pédagogique latino-américain.

Il a également reconnu la nécessité de garantir le maintien des syndicats et par conséquent l'importance de leur autofinancement.

Il a rappelé aux partenaires de la CD l'existence de la carte des projets de coopération de l'IE, les invitant à remplir la base de données avec les différents projets en cours et les priorités des partenaires.

La voie à suivre, telle que l'a proposée M. Rodríguez, requerra un effort concerté pour faire en sorte que l'enseignement public ne soit pas la victime des intérêts économiques et politiques et qu'elle demeure un pilier fondamental des sociétés démocratiques en Amérique latine.

Les partenaires de la coopération au développement ont également présenté les divers programmes mis en place dans la région, dont les « Écoles Territoires de Paix » en Colombie sont un exemple clé.