Campagne pour le financement de l'éducation au Cameroun : un nouveau souffle pour la transformation de l’éducation
Alors que le Cameroun se prépare pour une année électorale déterminante, les syndicats de l'éducation - la Fédération Camerounaise des Syndicats de l’Éducation (FECASE) et la Fédération des Syndicats de l’Enseignement et de la Recherche (FESER) - se mobilisent pour faire du financement de l'enseignement public une priorité nationale. Portée par la campagne La force du public : ensemble on fait école ! de l’Internationale de l’Éducation et soutenue par les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, cette initiative vise à transformer le paysage éducatif et à garantir un avenir meilleur pour les générations futures. Découvrez comment les acteurs de l'éducation s'unissent pour défendre des engagements budgétaires essentiels et lutter contre la privatisation grandissante de l’éducation.
Renforcement des capacités et plaidoyer budgétaire
Les syndicats ont organisé un atelier de formation essentiel pour comprendre et influencer le processus budgétaire de l'État. « Si nous parlons d'augmentation du budget, il est impératif de comprendre son montage et les raisons du non-respect des engagements de l'État », souligne le secrétaire général de la FECASE, Thobie Mbassi. Avec l'aide de spécialistes, les syndicalistes ont appris à lire et analyser les budgets, identifiant les dépenses superflues et les domaines nécessitant une augmentation des fonds. Cette formation s’est avérée cruciale pour le plaidoyer, permettant aux syndicalistes de mieux défendre l’augmentation des budgets devant les acteurs politiques, la société civile et les parents d'élèves.
Privatisation : une menace pour l'éducation
La privatisation de l'éducation représente une menace pour toute la communauté éducative. Les ateliers de formation et de sensibilisation ont également été l'occasion de discuter des dangers de la marchandisation de l'éducation, obtenant ainsi le soutien des parents et des ONG. Les syndicats se sont engagés à partager largement ces connaissances pour garantir un soutien solide à leurs actions.
Campagne politique et communication
Les syndicats ont décidé de réorienter leur campagne vers un enjeu politique majeur. « Nous voulons que le financement de l'éducation devienne un argument politique dans les prochaines campagnes électorales », explique Roger Kaffo, secrétaire général adjoint de la FESER. Pour ce faire, une rencontre avec les députés et les partis politiques est prévue en novembre, intégrant les 59 recommandations du groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante. Les syndicats camerounais de l’éducation ont synthétisé et réorganisé les recommandations en 10 groupes, chaque groupe renvoyant à un aspect précis du champ de l'enseignement. Par exemple, un groupe traite des recommandations qui concernent l'introduction du numérique dans l’éducation. Les syndicats feront également connaitre le Guide « Mettre en œuvre les Recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante » mis à leur disposition par l’Internationale de l’Éducation.
Extension et mobilisation régionales
Les descentes dans les régions du Littoral et de l'Ouest, notamment à Douala et Bafoussam, ont permis de renforcer la mobilisation locale. « Nous avons réévalué et donné un nouvel élan à la campagne grâce au soutien de l’Internationale de l’Éducation », ajoute M. Mbassi. La mobilisation inclut des rencontres avec les responsables de l'UNESCO et de l'Organisation internationale du Travail pour relayer les préoccupations des enseignant∙e∙s auprès du gouvernement.
Communication et sensibilisation accrues
Grâce à un nouveau financement, les syndicats vont intensifier leurs efforts de communication avec des émissions spéciales à la radio et à la télévision, ainsi qu'un déjeuner de presse prévu pour fin août, peu avant la rentrée scolaire. Des capsules vidéo en français et en anglais seront également produites pour atteindre un public plus large.
En vue de la rentrée scolaire, des affiches seront déployées dans les établissements éducatifs à travers le pays, et les recommandations des Nations Unies seront largement distribuées. « Nous voulons que chaque responsable syndical explique et sensibilise ses collègues sur l'importance d'un financement adéquat de l'éducation », insiste M. Kaffo.
Engagement syndical renouvelé
Les enseignant∙e∙s, confrontés à des promesses non tenues et des sanctions pour grèves sauvages, commencent à voir la nécessité de respecter les règles syndicales et de s'engager de manière constructive. Le mouvement 'On a trop supporté' (OTS) a mis en lumière les limites des actions non encadrées, renforçant ainsi le rôle crucial des syndicats.
Les syndicats camerounais, grâce à une stratégie réfléchie et des actions coordonnées, espèrent non seulement augmenter le financement de l'éducation, mais aussi transformer en profondeur le système éducatif.
Leur plan de campagne ayant été sollicité et mis sur la plateforme du Réseau des Enseignantes Syndicalistes de l'Afrique Centrale (RESAC), leur campagne pourrait bien servir de modèle à d'autres syndicats de la région, prouvant que l'engagement et la mobilisation peuvent mener à des changements durables.