Ei-iE

Mobilisation croissante des syndicats pour les droits des peuples autochtones dans et par l’éducation

Publié 27 juillet 2024 Mis à jour 27 juillet 2024

Une nouvelle étude de l’Internationale de l’Éducation montre une augmentation substantielle du nombre de syndicats de l’éducation reconnaissant et s’engageant sur les questions des peuples autochtones, et ce, au cours des 10 dernières années. Des défis majeurs persistent, empêchant les élèves et les enseignant·e·s autochtones de faire respecter leurs droits dans de nombreuses régions du monde. Le rôle des syndicats de l’éducation dans la résolution de ces problèmes a été un point central à l’ordre du jour du 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation, qui se tient à Buenos Aires.

Davantage de syndicats de l’éducation défendent les droits des peuples autochtones

La nouvelle édition de l’enquête quadriennale de l’Internationale de l’Éducation sur les droits des peuples autochtones dans l’éducation, révèle une meilleure reconnaissance et un plus grand engagement des syndicats de l'éducation à l'égard des problèmes qui touchent les peuples autochtones.

L’enquête visait à cartographier le travail des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation (IE) dans la promotion des droits des peuples autochtones dans l’éducation et elle a recueilli des données auprès de 69 syndicats de l’éducation de 55 pays à travers le monde. L’édition 2024 de l’enquête a reçu des réponses de 15 syndicats supplémentaires par rapport à celle menée en 2014, ce qui suggère une mobilisation syndicale croissante en faveur des droits des peuples autochtones.

Plus de la moitié des syndicats participants estiment que les problèmes auxquels sont confrontés les peuples autochtones sont pertinents pour leur travail. Toutefois, la moitié des syndicats ayant répondu à l’enquête de l’IE indiquent qu’ils travaillent dans des contextes où les peuples autochtones ne sont pas officiellement reconnus par leur gouvernement. En outre, 40 % affirment qu’il n’existe aucun mécanisme (par exemple, un recensement) permettant de dénombrer les populations autochtones dans leur propre juridiction. Ces résultats soulignent la nécessité pour les gouvernements non seulement de reconnaître leurs populations autochtones, mais aussi de préserver et de renforcer les langues et les systèmes de connaissance autochtones. Il est intéressant de noter que le rapport suggère que « lorsque les organisations ont indiqué que les populations autochtones n’étaient pas comptabilisées dans leur juridiction, les mêmes organisations ont souvent indiqué que les questions autochtones de manière plus générale n’étaient pas particulièrement pertinentes dans leur contexte ».

Plus d’un tiers des syndicats de l’éducation ayant répondu à l’enquête s’impliquent activement dans des activités de plaidoyer sur un large éventail de sujets tels que la sécurité culturelle sur le lieu de travail, le maintien des enseignant·e·s spécialistes des langues autochtones, les indemnités culturelles pour les enseignant·e·s qui dirigent des pratiques culturelles ou encore les formations pour les responsables d’établissement non autochtones, entre autres.

Dans l’ensemble, bien que le rapport témoigne d’une prise de conscience et d’un respect croissants envers les peuples autochtones au sein des syndicats de l’éducation, des problèmes persistants tels que, l’instabilité politique, les contraintes budgétaires et les divergences juridiques entravent la pleine réalisation des droits des peuples autochtones dans le domaine de l’éducation.

Le congrès mondial se concentre sur le renforcement du travail syndical sur les droits des peuples autochtones

Le rôle des syndicats de l’éducation dans la défense des droits des peuples autochtones a été souligné lors du 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation, qui se tient en Argentine du 26 juillet au 2 août.

Le 27 juillet, plus de 150 syndicalistes autochtones et leurs allié·e·s se sont réuni·e·s pour le Caucus des peuples autochtones.

Le Caucus des peuples autochtones de l’IE « est plus ancien que l’adoption de la Déclaration de Coolangatta, la création de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones et la signature de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le Caucus fournit un espace aux enseignant·e·s, aux dirigeant·e·s syndicaux·ales et aux activistes, afin de renforcer collectivement notre réseau et nos connaissances au niveau mondial », a noté Raymond Basilio, membre du Bureau exécutif de l’IE et Secrétaire général de l’Alliance of Concerned Teachers des Philippines, en souhaitant la bienvenue aux participant·e·s à cet important événement.

Basilio a souligné le travail réalisé au cours des cinq dernières années en faveur des droits des peuples autochtones. La campagne « Enseignez pour la planète » de l’IE, qui appelle à une éducation climatique de qualité pour toutes et tous, a été élaborée, mise en œuvre et évaluée en collaboration avec les syndicats de l’éducation et les peuples autochtones.

Le bureau régional de l’IE en Amérique latine et les organisations membres de l’IE dans la région ont lancé un nouveau Manifeste sur l’éducation publique et les peuples autochtones, préparé par plus de 150 enseignant·e·s représentant les peuples autochtones. Lors de la conférence régionale de l’IE en Asie-Pacifique, le Caucus des peuples autochtones a proposé une résolution « sur la promotion des droits des peuples autochtones : terre, langue et culture » que la Conférence a adoptée. En 2022, l’IE a envoyé une délégation de plus de 70 syndicalistes de l’éducation à la Conférence mondiale des peuples autochtones sur l’éducation (WIPCE), le forum sur l’éducation autochtone le plus important et le plus diversifié au monde.

En outre, l’IE a commandité une étude sur le travail des syndicats de l’éducation dans la décolonisation de l’éducation. Cette étude, qui comprendra des recommandations aux syndicats pour la planification et la mise en œuvre d’actions clés visant à décoloniser l’éducation, sera lancée dans le courant de cette année.

Reconnaissant les progrès réalisés au cours des cinq dernières années, les participant·e·s au Caucus ont discuté des résultats de l’enquête quadriennale de l’IE sur les droits des peuples autochtones dans l’éducation, partagé leurs expériences, réfléchi aux défis auxquels les syndicats de l’éducation sont confrontés pour représenter les voix des peuples autochtones, et formulé des stratégies pour améliorer le travail des syndicats sur cette question essentielle.

« Lorsque le droit à la terre est violé, le droit à l'éducation, le droit de parler les langues autochtones ou de préserver les cultures autochtones sont tous violés. Les peuples autochtones sont victimes de ces atteintes à leurs droits dans de nombreuses régions du monde, mais lorsque je suis ici, avec vous, j'ai l'impression de ne pas être seule. Il est essentiel d'avoir des espaces comme ce Caucus et d'avoir une représentation autochtone dans les syndicats, »

Luciane Guimaraes du groupe ethnique Terena (CNTE, Brésil)