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Les syndicats continuent de faire progresser l’égalité et l’équité de genre par, et dans l’éducation

Publié 28 juillet 2024 Mis à jour 29 juillet 2024

Atteindre l’égalité et l’équité de genre dans l’éducation et au sein des syndicats reste une des principales priorités des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation. Une nouvelle enquête menée auprès de 123 syndicats de l’éducation dans le monde, révèle un engagement fort de la part de ceux-ci, ainsi que des progrès importants réalisés, mais aussi des défis et des axes d’amélioration en matière d’équité. Lors du 10e congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation en Argentine, l’égalité de genre a été mise à l’honneur à travers l’organisation de différents événements sur le sujet et le vote de plusieurs résolutions visant à accélérer les progrès.

Renforcer la diversité et mener des actions fortes en faveur de l’égalité de genre au sein des syndicats

Conduite tous les quatre ans, l’enquête examine et cartographie le travail des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation (IE) dans le renforcement de l’égalité et de l’équité de genre au sein des syndicats de l’éducation, et du secteur de l’éducation plus largement. La dernière édition de cette enquête indique plusieurs évolutions positives, notamment une meilleure inclusivité des organisations en faveur des personnes s’identifiant comme femmes, non- binaires ou transgenres. Entre 2019 et 2023, la part des syndicats déclarant que moins d’un quart de leurs membres s’identifient comme femmes a chuté de 20 % à 12 %, tandis que celle dont 50 à 74 % des membres sont des femmes est passée de 26 % à 28 %.

Les organisations mettent également en œuvre d’importantes activités visant à promouvoir l’égalité de genre au sein de leur structure, et auprès de leurs membres. Environ 60 % des syndicats répondants ont formalisé des politiques en matière d’égalité de genre, et 52 % disposent de quotas de genre. La plupart de ces mesures ont été établies après 2015, ce qui indique une tendance à l’adoption d’orientations progressistes.

Parmi les syndicats interrogés, 61 % déclarent mener des initiatives contre les violences basées sur le genre au sein de leur organisation, en particulier des actions de sensibilisation. En outre, plus de 50 % des syndicats ont rejoint le mouvement mondial de lutte contre la violence et le harcèlement dans le monde du travail en intégrant la convention no 190 de l’Organisation internationale du Travail au sein de leur structure. Environ 80 % des syndicats conduisent des formations sur le genre et la non-discrimination dans l’éducation afin d’améliorer l’égalité de genre dans les organes de prise de décision. De plus, 70 % des organisations ont mis en place des réseaux ou comités consultatifs sur les questions de genre.

L’enquête montre aussi que les syndicats continuent de promouvoir et de renforcer l’éducation transformatrice de genre. Les syndicats s’efforcent de remettre en question et déconstruire les stéréotypes, les attitudes, les normes et pratiques par le biais de formations d’enseignant·e·s et l’élaboration des programmes scolaires. Par ailleurs, de nombreuses organisations adoptent déjà une approche intersectionnelle en faveur de l’égalité de genre. Plusieurs d’entre elles développent des initiatives visant à défendre les droits des groupes marginalisés, tels que les étudiant·e·s en situation d’extrême pauvreté, les étudiant·e·s en situation de handicap, les enfants déscolarisé·e·s et les étudiant·e·s en zone rurale reculée.

Des enjeux persistent : des postes de direction inaccessibles et des mouvements antiféministes grandissants au sein des sociétés

En dépit d’une forte progression de la diversité au sein des membres et de la mise en place croissante de systèmes de quotas et de politiques en matière d’égalité de genre, la prédominance des hommes aux postes de direction des syndicats de l’éducation persiste. L’enquête révèle que seuls 25 % des secrétaires généraux·les et 40 % des secrétaires généraux·les adjoint·e·s sont des femmes. Ces chiffres, qui n’ont globalement pas augmenté depuis 2010, s’expliquent par la charge de travail supérieure, les attentes sociétales et communautaires, ainsi que la surveillance que subissent les femmes et qui les dissuadent de se présenter.

Soutenir et encourager l’accès des femmes aux postes de direction des syndicats de l’éducation fait partie des principales priorités de l’Internationale de l’Éducation.

« Avoir des femmes à la tête des organisations, ce n’est pas juste une question d’égalité. Cela permet également d’enrichir nos environnements éducatifs et de garantir que chaque voix est entendue et prise en compte. Nous devons reconnaître que la diversité au sein des directions n’est pas seulement bénéfique, elle est essentielle dans le but de créer des solutions innovantes et de favoriser un progrès durable. »

Johanna Jaara Åstrand, vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation

En outre, les syndicats ont mis en garde contre la menace de la montée de l’extrême droite et des mouvements antiféministes, ainsi que des partis politiques religieux conservateurs, qui peuvent faire pression sur les organisations et les individus afin de maintenir, voire de revenir à, des normes sociales qui restreignent les droits fondamentaux des femmes et des groupes marginalisés.

L’égalité de genre mise à l’honneur lors du congrès mondial

L’égalité et l’équité de genre au sein des syndicats de l’éducation, et de l’éducation plus généralement, ont occupé une place de premier choix lors du 10e congrès mondial de l’IE qui s’est déroulé à Buenos Aires, en Argentine, entre le 26 juillet et le 2 août.

Le 28 juillet, des centaines de femmes syndicalistes du secteur de l’éducation et leurs allié·e·s se sont réuni·e·s lors du Caucus des femmes, une plateforme inclusive visant à aborder les problématiques particulières auxquelles font face les femmes dans l’éducation, à favoriser l’égalité de genre et à lutter contre les disparités tenaces dans le domaine de l’éducation et le monde du travail.

« À travers ce Caucus, nous voulons amplifier la voix des femmes au sein de nos syndicats, a souligné Johanna Jaara Åstrand, vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation, dans son discours d’ouverture du Conseil des femmes. Trop souvent, ces voix sont marginalisées et négligées. Pourtant, elles offrent une perspective unique et de nouvelles solutions à certains des principaux défis auxquels nous devons répondre aujourd’hui. En priorisant et mettant l’accent sur le vécu des femmes dans l’éducation et au sein des syndicats, nous ouvrons la voie à des politiques, des pratiques et des résultats plus inclusifs. Votre voix, vos histoires et vos solutions sont la force motrice de nos progrès collectifs. »

Haldis Holst, secrétaire générale adjointe de l’Internationale de l’Éducation, a presenté les résultats de la dernière étude de l’IE sur le genre et comment ceux-ci peuvent contribuer à nourrir l’action syndicale pour que l’équité entre les genres continue à progresser.

De surcroit, le Conseil a été pour les participant·e·s l’occasion de bénéficier du point de vue de leurs collègues du monde entier sur une variété de sujets d’importance majeure, notamment une éducation complète à la sexualité et la lutte contre les restrictions dans les programmes scolaires aux États-Unis, la mobilisation syndicale visant à mettre fin aux violences basées sur le genre dans les écoles en Afrique, l’expérience des syndicalistes irlandais·es dans la mise en œuvre d’une politique globale relative à la ménopause, les perspectives des collègues néo-zélandais·es concernant l’approche du dérèglement climatique sous un prisme féministe, ou encore le travail des syndicalistes paraguayen·ne·s de l’éducation sur l’économie des soins, son lien avec l’éducation et son rôle dans la promotion de sociétés équitables.

Un des temps forts du Caucus a été la session d’hommage au combat et à l’héritage des mères et des grands-mères de la Place de mai : des femmes qui se sont battues pour leurs enfants et leurs petits-enfants disparu·e·s, qui ont contribué à dénoncer les violations de droits humains du régime au niveau international et qui ont activement contribué à la chute de la dictature en Argentine.

Modérée par Sonia Alesso, membre du Bureau exécutif de l’IE et secrétaire générale de la CTERA, cette session a accueilli les interventions de María Adela Gard de Antokoletz, membre de la ligne fondatrice de l’association des Mères de la Place de mai, Claudia Victoria Poblete Hlaczik, petite-fille retrouvée – Grands-mères de la place de Mai, ainsi que les éminentes éducatrices et féministes argentines Dora Barrancos et Graciela Morgade.

« Nous sommes des femmes. Nous sommes pour la paix, pour l’autonomie de notre peuple. Pour la souveraineté, pour la solidarité, et pour l’inclusion. Nous sommes déterminées à défendre l’enseignement public. Viva les femmes de l’Internationale de l’Éducation, viva l’enseignement public à travers le monde. »

Fátima da Silva, Secrétaire générale de la CNTE, Brésil