Taïwan : le dirigeant du syndicat de l’éducation entame une grève de la faim pour assurer le financement du fonds de pension
Le 20 août dernier, Hou Chung-Liang, président de l’Association nationale taïwanaise des enseignant·e·s (National Teachers’ Association − NTA/Taïwan), a entamé une grève de la faim en vue d’obtenir justice et de pousser les autorités à assumer leurs responsabilités. Cette action radicale vise à faire pression sur le gouvernement afin que ce dernier remplisse ses obligations en tant qu’employeur de tous les personnels de la fonction publique, notamment les enseignant·e·s et les employé·e·s de l’éducation.
Réforme législative et inaction du gouvernement
Fin 2022, après plusieurs années de pressions exercées par la NTA/Taïwan, le Yuan législatif − l'assemblée législative monocamérale de Taïwan − a adopté des amendements aux lois régissant le système des pensions. En vertu de ces amendements, le gouvernement central était tenu de financer intégralement le fonds de pension de la fonction publique, sur la base d’un rapport du ministère de la Fonction publique. Avancée significative en faveur du financement durable du fonds de pension, cette réforme garantissait le paiement des allocations de pension des enseignant·e·s et des personnels de l’éducation, qui travaillent sans relâche.
La réalité : le spectre d’un déficit financier
Selon le rapport du ministère de la Fonction publique, les caisses du fonds de pension seront vides en 2051. Ce rapport proposait au gouvernement central de choisir parmi trois options financières, étalées sur 10, 15 et 20 ans, pour combler ce déficit. Mais le gouvernement n’a pas respecté ces conditions légales, pas plus que les recommandations des actuaires.
Insuffisance des fonds alloués par le gouvernement
Au cours de l’exercice budgétaire précédent, à peine 5 milliards de nouveaux dollars taïwanais (TN$), soit 140.700.000 euros, ont été débloqués pour compenser le déficit du fonds de pension en 2023, alors que le ministère de la Fonction publique recommandait l’allocation d’un budget annuel de 31,7 milliards TN$ (900.600.000 euros) sur une période de 10 ans. Cette année, le ministère de la Fonction publique a proposé un financement annuel de 29,7 milliards TN$ (836.000.000 euros), mais le gouvernement s’en est tenu à 19,4 milliards TN$ (546.000.000 euros), après une réunion du Cabinet le 22 août dernier.
Durant sa grève de la faim, Hou Chung-Liang et d’autres dirigeant·e·s de syndicats locaux ont manifesté sous des températures extrêmes. Dans une interview accordée à la presse, Hou Chung-Liang a critiqué le gouvernement qui, pour la deuxième fois en deux ans depuis les élections de 2022, ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de ses employé·e·s. Hou Chung-Liang reproche aux autorités « une absence de responsabilité et une gestion malhonnête du budget national, qui menacent les droits des personnels enseignants et des employés de l’éducation ».
Revendications de la NTA/Taïwan
La NTA/Taïwan, le plus grand syndicat national représentant les enseignant·e·s et les personnels de l’éducation, a formulé deux revendications concrètes. Primo, le gouvernement doit adopter un programme de financement du fonds de pension plus durable, étendu sur une période de 10 ans, conformément aux recommandations du ministère de la Fonction publique.
Secundo, le gouvernement doit promettre à ses employé·e·s qu’il n’y aura aucune autre réforme des pensions due à des déficits non comblés nécessitant de réduire le financement du fonds de pension de la fonction publique.
Un combat pour l’avenir
Au travers de sa grève de la faim, Hou Chung-Liang condamne avec véhémence la mauvaise gestion du fonds de pension de la fonction publique par le gouvernement. Bien qu’il ait été admis aux services d’urgence pour recevoir des soins médicaux immédiats, Hou Chung-Liang reste déterminé à poursuivre son combat pour un avenir juste et durable pour tous les personnels de la fonction publique à Taïwan.
L’Internationale de l’Éducation appelle les autorités publiques de Taïwan à répondre aux revendications de la NTA/Taïwan, à financer l’éducation et à faire en sorte que les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation puissent bénéficier de conditions de vie et de travail décentes.