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Australie : les cultures et histoires aborigènes, aujourd’hui au cœur de l’éducation

Publié 16 septembre 2024 Mis à jour 26 septembre 2024

Dans l’État le plus peuplé d’Australie, l’éducation aux cultures et aux histoires aborigènes fait à présent partie des matières imposées sur l’ensemble du cycle scolaire obligatoire, et ce grâce au travail de la New South Wales Education Standards Authority (NESA), en charge des programmes scolaires et des évaluations au sein de chaque école et système de Nouvelle-Galles du Sud. De la maternelle à la dixième année, les cultures et les histoires des Australiens autochtones seront désormais enseignées tout au long de la scolarité des élèves.

La New South Wales Teachers Federation, qui est une section de l’ Australian Education Union (AEU), affilié à l’Internationale de l’Éducation, s’est félicitée de cette nouvelle politique et avait d’ailleurs joué un rôle de premier plan en militant en faveur des changements nécessaires.

« Ces réformes des programmes scolaires marquent l’engagement des enseignant·e·s à faire toute la lumière sur notre passé. Tous les élèves bénéficieront ainsi d’une connaissance et d’une compréhension approfondies de cette terre ancienne, de la profondeur et de la beauté de notre passé aborigène, de la vérité au sujet des actes cruels de dépossession des propriétaires originaux à l’époque coloniale et du sens aigu de la culture et de la communauté qui perdure encore à l’heure actuelle, » a expliqué Henry Rajendra, Président de la NSWTF.

Et d’ajouter : « Les enseignant·e·s et leur syndicat œuvraient depuis plusieurs dizaines d’années pour que cette avancée morale et intellectuelle soit transposée dans le programme d’enseignement obligatoire. C’est aujourd’hui chose faite. »

Intégration des perspectives et expériences autochtones à tous les degrés du système scolaire

Au niveau secondaire, par exemple, les élèves découvriront comment les Australiens autochtones ont vécu la colonisation, notamment à travers les perspectives et expériences de ces peuples autochtones, les conflits majeurs qui ont opposé la puissance coloniale en expansion et les premiers habitants, y compris les guerres de la frontière et d’autres aspects de l’invasion, par les Britanniques, de ces terres alors peuplées par les Aborigènes depuis 60 000 ans.

Comme le rapporte le Sydney Morning Herald, « Jenni Wenzel, conseillère à la NESA, a fait observer que grâce à ces modifications des programmes scolaires, les enfants autochtones verraient leur culture désormais représentée dans le programme d’enseignement universel. « Tous les élèves doivent connaître l’histoire de l’Australie, et raconter la vérité en présentant des perspectives diverses est une étape importante dans cette démarche… Pour la première fois de ma vie, j’ai la certitude que mes petits-enfants et les générations futures connaîtront tout de l’histoire de l’Australie, et c’est l’école qui le leur aura enseigné. »

Ces changements récents clôturent ainsi le cycle de réforme des programmes scolaires, soutenue par le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud et par l’ensemble des secteurs de l’enseignement, dont objectif était d’élaborer un programme précisant ce que chaque élève devrait savoir et comprendre à propos des cultures et des histoires aborigènes.

La réforme prévoit un continuum de programmes pour les écolières et les écoliers. Les plus jeunes identifieront les modes de connexion des populations aborigènes à leur culture, leur pays et leur communauté, avant d’apprécier l’importance des langues aborigènes dans les cultures. Forts de ces connaissances, les élèves découvriront ensuite les interactions des populations aborigènes avec leurs environnements et avec les autres, et la dernière année du cycle primaire leur apprendra comment ces populations ont su conserver leurs cultures, leurs héritages et leurs identités au fil du temps.

Les années lycée mettront l’accent sur l’étude des répercussions du colonialisme et du choc des cultures et sur la compréhension de l’invasion, de la dépossession, de la résistance, du racisme et de l’accaparement des terres qui a suivi l’occupation britannique. Il est très significatif que des enseignant·e·s et des aîné·e·s aborigènes aient participé à toutes les étapes de l’élaboration de ce programme historique.

Un enjeu mondial

Au-delà de l’Australie, de nouvelles recherches de l’Internationale de l’Éducation révèlent une augmentation substantielle du nombre de syndicats de l’éducation qui reconnaissent et s’engagent sur les questions des peuples autochtones depuis une dizaine d’années.

La nouvelle édition de l’ enquête quadriennale de l’Internationale de l’Éducation sur les peuples autochtones et le droit à l’éducation révèle une reconnaissance et un engagement accrus de la part des syndicats de l’éducation sur les questions touchant les peuples autochtones.

Dans l’ensemble, bien que le rapport indique une prise de conscience et un respect croissants des syndicats de l’éducation à l’égard des peuples autochtones, des défis persistants tels que l’instabilité politique, les contraintes budgétaires ainsi que certaines contrariétés juridiques entravent encore la pleine réalisation de leurs droits dans le domaine éducatif.