Tchad : un congrès syndical crucial pour l'avenir de l'éducation
Lors du 6e Congrès ordinaire du Syndicat des enseignants du Tchad (SET), les syndicalistes ont redynamisé leur syndicat, discuté de stratégies pour revaloriser la profession enseignante, révisé les textes statutaires du syndicat, désigné les conseiller·e·s nationaux·ales et élu un nouveau bureau exécutif national.
L’évènement s’est tenu 4 au 6 septembre 2024 dans la capitale N’Djamena avec un financement conjoint de l’Internationale de l’Éducation (IE), du syndicat norvégien Union of Education Norway, de la Centrale des syndicats du Québec et de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants.
Renforcer le dialogue social
Dans son allocution au Congrès, le ministre de l’Éducation nationale et de la Promotion civique, Mamadou Gana Boukar, a reconnu que « cette grande rencontre » avait « pour objectif général le rassemblement des militants et la détermination du SET à œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants ».
Il a rappelé que le Président du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, s’est proposé « de faire de l’éducation la pierre angulaire de son contrat avec l’ensemble des Tchadiens et des Tchadiennes » et s’est engagé « à transformer notre système éducatif à un modèle de référence qui prépare notre jeunesse à relever les défis de demain et à participer activement à l’édification d’un Tchad nouveau, fier et uni ».
Pour le ministre, la transformation de l’École « à laquelle souscrivent toutes les nations du monde entier » ne peut s’obtenir qu’en mettant en exergue la valorisation de la fonction enseignante, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage et le renforcement du partenariat tant interne qu’externe.
Concernant plus précisément le dialogue social, il a ajouté : « Nous devons renforcer le partenariat syndicat-ministère à travers des bonnes propositions et surtout dans un esprit de constante concertation, de franc dialogue car nous sommes des partenaires incontournables. Notre désir le plus ardent est que nos actions, nos pensées, nos décisions soient orientées et centrées sur nos élèves, nos apprenants sans lesquels il n’existe pas d’enseignants, sans lesquels le ministère de l’éducation nationale n’a pas sa raison d’être. Je voudrais saisir cette opportunité pour réitérer l’engagement de mon département à vous accompagner sur ces chantiers. »
Défendre les intérêts des professionnel∙le∙s de l’éducation et un enseignement public de qualité
Pour le secrétaire général nouvellement élu lors du Congrès, Ngolaou Bolmbari, le plus important est de procéder à la restructuration de tous les organes de base.
« Après avoir procédé à la restructuration de toutes les sections provinciales, on va certainement se pencher sur les revendications des enseignants. Cette restructuration nous permettra de faire en même temps le recensement de tous les militants du SET. C’est ce que nous allons entreprendre dans les jours qui viennent, la rentrée scolaire qui aura lieu en octobre. Nous commencerons par N’Djamena, car cela n’implique pas un coût financier trop élevé. Je veillerai à ce qu’il y ait une fluidité dans les relations entre le Bureau exécutif national et les organes de base. »
Entretemps, a-t-il assuré, le syndicat recherchera des financements pour descendre dans les provinces.
« Ma priorité en tant que secrétaire général, c’est de reprendre les négociations interrompues à cause d’une grève avant le Congrès. Il y a un cahier des charges qui a été soumis au gouvernement, il suffit que nous reprenions contact une fois que nous aurons pris notre service pour se pencher à nouveau sur ces revendications. »
Le secrétaire général sortant du SET, Blaise Mbaïriss Ngartoïde, a aussi insisté sur le thème du Congrès, « Tous mobilisés pour développer le SET : valorisons et transformons notre profession enseignante », qui « témoigne à suffisance la volonté, la détermination et l’engagement de tous les militants à se mobiliser pour l’unité, le rayonnement du SET et surtout à se battre inlassablement en dépit des conditions souvent difficiles pour la défense des intérêts des professionnels de l’éducation et par ricochet pour la promotion des droits sociaux, ainsi que pour l’effectivité d’une éducation publique, équitable, inclusive et de qualité au profit de tous les enfants du Tchad, tel que stipulé dans l’Objectif de développement durable 4. »
Il a également souligné que les congressistes devaient faire des propositions concrètes dans le but d’améliorer le fonctionnement du SET : « Il s’agira de trouver des solutions aux difficultés internes de liaison entre les différents échelons du syndicat. Il s’agira aussi d’équilibrer nos revendications avec la recherche de qualité de notre système éducatif. »
Recommandations des congressistes
Parmi les recommandations adressées au gouvernement, le SET demande l'amélioration des conditions de vie et de travail des enseignant·e·s, l'augmentation du budget de l'éducation à 20%, le respect du ratio élèves-enseignant, le respect des accords signés avec les partenaires sociaux, l’accélération du processus de traitement des dossiers des retraité·e·s, et la protection des responsables syndicaux·ales et des enseignant·e·s dans l'exercice de leurs fonctions.
Ce congrès réussi du SET représente une étape cruciale pour l'avenir de l'éducation au Tchad. En surmontant les défis actuels et en mettant en œuvre les recommandations formulées, la nouvelle équipe espère redynamiser le syndicat et améliorer la qualité de l'enseignement au profit de tous les enfants du Tchad.