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Les syndicats prônent une plus grande autonomie des enseignant·e·s à travers le projet de cercles d’apprentissage pour l’évaluation formative

Publié 27 juillet 2024 Mis à jour 3 octobre 2024

Les cercles d’apprentissage pilotés par les enseignant·e·s pour l’évaluation formative ont permis aux éducateur·trice·s de développer de nouvelles formes de résistance aux évaluations standardisées et d’acquérir une plus grande autonomie pédagogique et professionnelle.

C’est ce qu’ont souligné des enseignant·e·s du Brésil, de Corée du Sud et de Côte d’Ivoire lors de la session « Retrouvons une autonomie professionnelle » à l’occasion du 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE) à Buenos Aires, en Argentine. Au cours de la rencontre, les participant·e·s ont partagé des expériences pratiques sur les différentes façons d’utiliser l’activisme pédagogique et la pédagogie de l’espoir comme outils permettant de stimuler l’intérêt de leurs élèves et d’améliorer le processus d’apprentissage.

Le projet a pour but de fournir aux enseignant·e·s les outils et le soutien nécessaires à l’identification et à la mise en place de pratiques efficaces d’évaluation formative pilotées par les enseignant·e·s, et ce en vue de leur diffusion subséquente au sein des syndicats et entre ces derniers. Ce projet a été développé au Brésil, en Uruguay, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Malaisie, en Corée du Sud et en Suisse.

Nadine Molloy, membre du Bureau exécutif de l’IE, conseillère et ancienne présidente de l’Association des enseignant∙e∙s de Jamaïque (Jamaica Teachers’ Association, JTA), a modéré la séance et expliqué la dynamique de la session parallèle. « Cette rencontre doit permettre un partage d’expériences pratiques sur les différentes manières d’utiliser l’activisme pédagogique et une pédagogie de l’espoir pour créer des communautés de pratique qui s’entraident et se soutiennent mutuellement, ainsi que sur la manière dont les syndicats peuvent influencer le discours autour de cet effort éducatif crucial », a déclaré Mme Molloy.

Heleno Araujo, président de la Confédération nationale des travailleur·euse·s de l’éducation (Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação, CNTE) du Brésil et vice-président pour l’Amérique latine au Bureau exécutif de l’IE, a ouvert le premier panel. « L’évaluation formative nous permet de remettre en question l’évaluation standardisée, elle nous permet de reconquérir l’autonomie des enseignantes et enseignants, de construire une autre culture dans nos écoles, et de générer des connaissances », a expliqué M. Araujo lorsqu’il a évoqué la mise en œuvre du projet au Brésil.

Andjou Andjou, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement primaire public de Côte d’Ivoire (SNEPPCI) a, quant à lui, fait part de l’expérience de son pays dans la mise en œuvre du projet. « L’évaluation formative permet une interaction dynamique, une interaction au jour le jour, dans le cadre de laquelle l’enseignante ou enseignant est présent à toutes les étapes du processus d’apprentissage. Il ne s’agit pas seulement d’évaluer les apprentissages en fin de cycle, mais d’accompagner l’ensemble du processus, de sorte que l’on n’ait pas à remédier à quoi que ce soit parce que l’on est constamment présent », a déclaré le dirigeant syndical ivoirien.

Hyunsu Hwang, directeur international du Syndicat des enseignant∙e∙s et des travailleur∙euse∙s de l’éducation coréen∙ne∙s (Korean Teachers and Education Workers Union, KTU), a évoqué les entraves et les persécutions dont fait l’objet le travail syndical en Corée du Sud, avec notamment le licenciement d’enseignant·e·s et l’annulation du statut juridique du syndicat. « Les enseignantes et enseignants sont des professionnels au même titre que les médecins, qui examinent ensemble un nouveau cas pour trouver la solution appropriée. De la même manière, les enseignantes et enseignants peuvent travailler de concert afin de mieux mener à bien leur travail », a expliqué M. Hwang, plaidant pour une plus grande autonomie des enseignant·e·s.

Mary Metcalfe, professeure à l’université de Johannesburg, a commenté les interventions des panélistes et s’est félicitée de l’assimilation du travail mené conjointement par les enseignant·e·s impliqué·e·s dans le projet.

Pour une plus grande autonomie professionnelle

Lors de la deuxième partie de la session parallèle, trois enseignantes brésiliennes ont relevé les points saillants des cercles d’évaluation formative et expliqué comment le projet leur a permis d’acquérir une plus grande autonomie professionnelle et d’assumer des rôles de direction.

Luciane Machado Da Silva Guimarães, membre de l’ethnie Terena et enseignante à l’Escola Municipal Indígena Ramão Martins, à Dourados, dans l’État du Mato Grosso do Sul, au Brésil, s’est penchée sur la pertinence du projet à la fois pour ses activités d’enseignante et pour le peuple autochtone dont elle est issue. « Nos ancêtres ont mené une lutte acharnée pour arriver ici, nous sommes passées par une université pour être ici, or nos dirigeantes et dirigeants n’ont jamais mis les pieds dans une salle de classe, elles et ils ne sont jamais allés à l’école. Il est nécessaire pour moi d’être ici, il est nécessaire d’être ici pour représenter et donner une voix à nos dirigeantes et dirigeants », a-t-elle souligné. Mme Da Silva a mis en exergue le rôle joué par le travail collectif dans la reconquête de l’autonomie.

Maria José Mariano, éducatrice à l’Escola Municipal Dona Maria Augusta, à Lagoa Santa, dans l’État brésilien du Minas Gerais, a expliqué comment l’évaluation standardisée étouffe la créativité et l’autonomie des enseignant·e·s dans le cadre du processus d’enseignement et d’apprentissage. Elle a également souligné qu’il était important que les syndicats de l’éducation soutiennent l’évaluation formative afin de renforcer l’autonomie des enseignant·e·s.

Francismere Rodrigues Depiere Grandis, éducatrice à l’Escola Municipal de Ensino Fundamental Germano Lazaretti, à Campos de Julio, dans l’État du Mato Grosso, au Brésil, est revenue sur les débuts du projet dans l’établissement scolaire où elle travaille, comment les familles s’attendaient à recevoir des notes d’évaluation traditionnelles et comment elles se sont adaptées au processus d’évaluation formative. « Les élèves de première année, âgés de cinq ans, apprenaient à lire et en même temps apprenaient à s’auto-évaluer. Elles et ils reconnaissaient leurs limites et contribuaient au processus d’enseignement et d’apprentissage », a expliqué Mme Rodrigues à propos de la mise en œuvre du projet.

La session parallèle comprenait un espace de tables rondes où les participant·e·s réparti·e·s par langue ont échangé des informations sur les politiques d’éducation et d’évaluation dans leurs pays respectifs. Au terme de l’activité, certains groupes ont passé en revue les thèmes qui avaient été abordés.

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