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Mondes de l'éducation

Credit: GPE/Federico Scoppa
Credit: GPE/Federico Scoppa

Voix de l’éducation | Les personnels enseignants soutiennent fièrement la vision des filles pour l’avenir

Célébration de la Journée internationale de la fille

Publié 11 octobre 2024 Mis à jour 6 novembre 2024

À l’occasion de la Journée internationale de la fille le 11 octobre, les personnels éducatifs du monde entier réaffirment leur engagement à faire progresser les droits des filles à travers l’éducation. Le thème de cette année, « La vision des filles pour l’avenir », met en lumière le potentiel que les filles ont d’être actrices de changement et de construire un monde où elles sont protégées, respectées et autonomes.

Cependant, les filles ne peuvent pas réaliser cette vision seules. Il leur faut des allié·es qui écoutent et répondent à leurs besoins. Partout, les enseignantes et les enseignants se consacrent à cette mission.

Nous avons demandé à des enseignantes du monde entier de nous faire part de leurs pratiques et engagements en faveur de la vision des filles pour l’avenir. Voici leurs témoignages.

« Je soutiens mes élèves en défendant leur droit à l’éducation et en luttant contre l’exploitation des filles par leurs parents ou d’autres adultes de la communauté. Le travail des enfants est répandu dans ma région, ce qui signifie que nombre de filles n’ont pas accès à l’éducation dès leur plus jeune âge ou abandonnent l’école. Nous leur montrons que sans l'école, il n’y a pas de meilleures conditions de vie possibles. Nous leur montrons aussi qu’une enfant qui est exploitée pour son travail et qui n’étudie pas devient faible physiquement, mentalement, moralement et financièrement, et qu’elle sera dans son avenir mal considérée dans sa société. »

Jocelyne Kabanyana | Secrétaire générale du STEB (Syndicat libre des travailleurs de l'enseignement du Burundi) et enseignante au lycée municipal de Kabondo, Burundi

« Parler de mes étudiantes autochtones, c’est parler de rêves, de résistance et de littéralement briser les terribles barrières qui enferment mon peuple. Même sans le dire, les enfants autochtones connaissent le risque imminent auquel ils et elles font face jour après jour. En tant qu’enseignants et enseignantes, nous devons rester forts et fortes et leur faire comprendre qu’ils et elles peuvent, véritablement, rester à l’écart de la violence, dénoncer les abus et, souvent, l’abandon. En tant qu’éducateurs et éducatrices, nous devons écouter ces jeunes filles. Ce sont nous leurs modèles. J’essaye toujours d’organiser des cercles de discussion afin que les filles parlent de leurs soucis. Je partage mes expériences afin qu’elles comprennent et reconnaissent qu’elles aussi, elles peuvent réussir dans la vie. »

Luciane Machado Da Silva Guimarães | Enseignante autochtone du peuple Terena travaillant à l’école autochtone municipale Ramão Martins à Dourados, Mato Grosso do Sul, et membre de la CNTE (Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação), Brésil

« Dans ma classe, les filles argumentent, débattent, insistent, « se battent », expriment leur désaccord et rient. L’enseignement civique crée un espace qui permet aux étudiants et aux étudiantes de comprendre le monde politique qui les entoure. Ce sont les femmes et les filles qui sont les gardiennes de l’avenir. Si on ne les soutient pas, notre société ne réalisera pas toutes ses possibilités. En tant qu’enseignante, ma responsabilité est d’être un modèle, de défendre leur potentiel et de construire les outils dont elles ont besoin pour aujourd’hui et pour demain. Les filles ont besoin de leur pouvoir et ma classe est l’espace où elles peuvent être vues, entendues et crues. »

Michelle Codrington-Rogers | Enseignante à la Cherwell School Academy et membre du syndicat NASUWT, Royaume-Uni

« En tant que ancienne élève d’une école pour filles, proposer un environnement qui valorise et écoute les filles est naturel. Il est important d’encourager le partage d’idées et d’ambitions, tout en offrant les conseils nécessaires pour permettre une adéquation avec les objectifs personnels. Ancrer les conversations dans les expériences authentiques de femmes pionnières aide les filles à envisager sereinement leur avenir. J’encourage les filles à chercher et à occuper des positions de leadership en commençant par être aux commandes de leur propre vie. L’engagement et le mentorat passent par la participation à la gouvernance étudiante et à la direction dans les activités parascolaires. Elles acquièrent la capacité d’amplifier leurs perspectives de manière collaborative et respectueuse, ce qui leur donne le pouvoir d’atteindre des rêves largement impossibles. »

Nadine A. Molloy | Principale du Ardenne High School en Jamaïque, ancienne présidente de la JTA (Jamaica Teachers’ Association) et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation

« En tant qu’éducateurs et éducatrices, nous renforçons nos étudiantes en encourageant une réflexion critique sur les systèmes qui perpétuent les inégalités de genre. Nous créons des espaces sûrs où elles peuvent parler de leurs expériences et de leurs aspirations. En faisant cela, nous reconnaissons les défis uniques auxquels elles font face, tout en les aidant à tirer parti de leurs forces. En enseignant l’histoire des mouvements pour les droits des femmes aux Philippines et dans le monde, nous les incitons à envisager et à œuvrer en faveur d’un avenir sans discriminations de genre. Nous les soutenons dans leurs combats, amplifions leur voix dans nos communautés et travaillons ensemble à faire tomber les barrières qui empêchent les femmes de réaliser leur plein potentiel. »

Ruby Bernardo | Enseignante et présidente de la branche de l’Alliance of Concerned Teachers dans la Région de la capitale nationale, Philippines

« En tant qu’enseignante réfugiée, je comprends les difficultés auxquelles les jeunes filles réfugiées doivent faire face et qui ont un impact social, émotionnel, psychologique et également économique sur le long terme. Ces difficultés sont le résultat de barrières qui limitent la participation des filles aux prises de décision sur des sujets importants qui les concernent car elles ne sont pas autonomisées par l’éducation. Elles sont soumises aux mariages forcés et précoces, et deviennent une ressource économique et de main d’œuvre pour la famille. L’humiliation mine leur estime de soi et leur confiance en elles.

En tant qu’enseignante, j’ai créé un espace de discussion où je retrouve des adolescentes. Elles aiment beaucoup cette séance car c’est pour elles l’occasion de s’ouvrir sur les choses qui les touchent. Avec d’autres collègues, nous redonnons de l’espoir en partageant des témoignages et des expériences de vie afin de leur faire comprendre que l’avenir est fait de bien plus que ce qu’elles ont traversé. Nous invitons des filles et des femmes qui ont brisé les barrières culturelles à venir parler à nos étudiantes. Cela a permis de créer un espace sûr et d’encourager nos jeunes filles à affronter la vie avec sérénité. »

Stella Oryang Aloyo | Enseignante réfugiée du Soudan du Sud travaillant dans le camp de réfugié·e·s de Palabek dans le district de Lamwo en Ouganda et membre de l’UNATU (Uganda National Teachers Union)

Défendre le droit des filles à l'éducation dans le monde entier

Dans tous les contextes – de la salle de classe à la scène internationale – les personnels éducatifs s’efforcent de faire progresser les droits des filles par le biais de l’éducation.

Depuis des dizaines d’années, l’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres préconisent l’accès des filles à une éducation publique, gratuite et inclusive de qualité. Il s’agit d’un levier essentiel permettant de donner à ces dernières les moyens et le soutien nécessaires pour réaliser leur plein potentiel et mener une vie épanouie.

Si des progrès importants ont été accomplis en matière d’accès à l’éducation, des millions de filles continuent aujourd’hui de voir leur droit à l’éducation et à un meilleur avenir bafoué.

En Afghanistan, par exemple, le régime des Talibans empêche les filles d’aller à l’école, privant ainsi délibérément 1,4 millions d’entre elles d’une éducation. Les enseignantes ont également interdiction de travailler et sont consignées chez elles. Bien que certaines enseignantes et étudiantes courageuses aient ouvert des classes secrètes, toutes les filles afghanes ont droit à l’éducation et toutes les enseignantes ont le droit d’exercer leur profession. C’est pourquoi l’Internationale de l’Éducation a recueilli les témoignages d’enseignantes afghanes (lien en anglais) dans le but d’ alimenter le plaidoyer mondial (lien en anglais) en faveur des droits des femmes en Afghanistan et d’encourager des changements structurels au sein du pays.

Le droit des filles à l’éducation est également menacé en Iran. Entre décembre 2022 et avril 2023, alors que les femmes manifestaient dans tout le pays au son de « Femme, vie, liberté », les écoles pour filles étaient la cible d’une série d’attaques chimiques. L’internationale de l’Éducation a documenté 358 cas d’empoisonnement au gaz dans des établissements scolaires au cours de cette période. Ce travail visait à sensibiliser et à plaider en faveur d’environnements inclusifs et équitables pour l’ensemble des élèves.

Les personnels enseignants du monde entier et leurs syndicats continuent à faire progresser les droits des filles et leur vision de l’avenir par le biais de l’éducation. Cliquez ici pour en savoir plus sur le travail de l’Internationale de l’Education en faveur de l’équité de genre.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.