Côte d'Ivoire : action syndicale massive pour faire respecter les droits syndicaux
À la suite d’assemblées générales syndicales, les syndicats ivoiriens ont appelé à un arrêt de travail de trois jours les 15, 16 et 17 octobre 2024. Cette décision vise à dénoncer le dialogue peu constructif et improductif qui perdure depuis près de deux ans entre les syndicats et les autorités publiques.
Revendications prioritaires
Lors d’une conférence de presse tenue dans la capitale Abidjan le 12 octobre 2024, les syndicats ont exigé un véritable cadre de discussion constructif avec des résultats concrets pour satisfaire leurs revendications prioritaires, parmi lesquelles se trouvent l'octroi de primes trimestrielles conséquentes aux personnels des secteurs de l'éducation, de la formation, de la santé, de l'emploi et des affaires sociales.
Dialogue social remis en question
Les syndicats ont été reçus par le Comité de dialogue social dans la fonction publique et par Madame la ministre d'État, ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration, Anne Ouloto. Cependant, le cadre proposé, à savoir le Comité consultatif de la fonction publique, n'a pas rassuré les syndicats en raison de la densité des sujets à l'ordre du jour et de l'absence d’échéancier, a souligné David Bli Blé, porte-parole des organisations syndicales et secrétaire général de la Centrale Professionnelle de l’Enseignement-Côte d’Ivoire (CEPEN-CI), une organisation membre de l’Internationale de l’Éducation (IE).
Répression syndicale
Les syndicats estiment par ailleurs que les autorités ministérielles, notamment le ministère de l'Éducation nationale et de l'Alphabétisation, répriment la liberté syndicale. Ils expliquent en effet que le directeur des ressources humaines de ce ministère a envoyé sur tout le territoire ivoirien « des missions de menace, de mutation abusive, de suspension, de relèvement de fonction et de privation de certains services aux enseignants, directeurs d’école, inspecteurs de l’enseignement primaire et préscolaire et aux chefs d'établissements sur tout le territoire national ».
Appel à la cessation des menaces
Les syndicats protestent vivement contre ces méthodes qu'ils jugent « inacceptables et dignes d'un autre âge ». Ils rappellent que la Côte d'Ivoire est « un État de droit où la liberté d'expression et d'association sont garanties ». Le droit de grève est un droit constitutionnel, réaffirmé par les lois relatives au statut général de la fonction publique et au code du travail, ainsi que par les conventions 87 et 98 de l'Organisation Internationale du Travail sur la liberté syndicale et la négociation collective ratifiées par la Côte d'Ivoire, assurent-ils.
M. Bli Blé a conclu en déclarant que « le protocole d'accord portant trêve sociale ne saurait abroger toutes ces dispositions conventionnelles et légales. Nous demandons donc à nos autorités de cesser de traquer et de menacer nos camarades, enseignants et autres fonctionnaires. »
L’IE demande également la cessation immédiate de la répression syndicale, l’installation un dialogue constructif et des actions concrètes pour améliorer les conditions de travail de tous les personnels concernés en Côte d’Ivoire.