Le 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education (IE), réuni à Buenos Aires (Argentine), du 29 juillet au 2 août 2024,
Fait noter :
que durant les trois derniers mois, dans le monde, divers partis de droite ont obtenu des victoires électorales, vu une montée de leur soutien et établi des programmes expliquant leurs objectifs s’ils devaient accéder au pouvoir. Ce phénomène est évident aux Etats-Unis si l’on considère les documents publiés sous le titre Project 2025 et qui appellent à une régression drastique en termes de droits et de protection des personnes LGBTQIA+ ; Project 2025 est un programme politique tout aussi radical qu’il est étendu et il émane d’un think tank conservateur dont le but est de remodeler tous les aspects de la politique sociale aux États-Unis ;
qu’étant donné les menaces émanant des forces politiques de droite, la Fédération américaine des enseignantes et enseignants (American Federation of Teachers, AFT) estime qu’une résolution urgente est nécessaire pour prévenir ces actions ;
qu’en tant que syndicats d’enseignant·e·s, il est de notre devoir de défendre les droits humains dans le monde ;
que la protection des droits humains, indépendamment de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre et de l’expression de genre, est un principe fondamental de l’IE et de ses organisations membres ;
qu’aux Etats-Unis, les courants de droite utilisent Project 2025 pour ouvrir la route à des lois ou à des régulations au niveau fédéral ou au niveau des Etats, dont le résultat serait de supprimer la protection des élèves contre les discriminations fondées sur leur statut de personnes LGBTQIA+, d’exiger de leur établissement qu’elles y soient désignées par le nom enregistré officiellement à la naissance et le pronom personnel correspondant (associés avec leur identité sexuelle biologique), mais aussi d’empêcher les personnes transgenres de servir dans les forces armées, mais aussi de « défendre le droit d’invoquer le premier amendement pour tous ceux et celles qui souhaitent pratiquer la discrimination contre les personnes LGBTQ+ ».
qu’en avril 2023, Yoweri Museveni, président de la république d’Ouganda, a promulgué l’une des lois anti-LGBTQ les plus extrêmes qui soient, et qui comprend la peine de mort pour « homosexualité aggravée » ;
que les récentes victoires électorales de partis politiques d’extrême droite aux élections pour le Parlement européen, les 6 et 9 juin 2024, représentent une menace pour les droits de la communauté LGBTQIA+, non seulement en Europe mais aussi dans le monde ;
qu’en France, le parti du Rassemblement National, qui a reçu 31,5 % des voix, est opposé à la gestation pour autrui, et estime qu’il s’agit d’une mercantilisation du corps de la femme, ce même parti étant hostile à la fécondation in vitro (FIV) ;
qu’en Allemagne, le parti de l’Alternative pour l’Allemagne, qui a reçu 16 % des voix, définit le mariage comme étant entre un homme et une femme, rejette « la normalisation du discours sur le genre » et estime qu’un « endoctrinement sur la question du genre » a lieu dans les écoles en Allemagne, et que « les informations concernant l’homosexualité, la bisexualité et la transidentité devraient se voir accorder moins de place dans les cours d’éducation sexuelle » ;
qu’en Belgique, le Vlaams Belang (« Intérêt flamand ») a reçu 14 % des voix, et ce parti « s’oppose au remboursement des opérations chirurgicales de réassignation de genre, aux ajustements du genre sur les pièces d’identité et aux toilettes neutres », de même qu’il se dit « pas très fan de l’adoption par des couples de même sexe » et estime qu’« il faut séparer ce qui relève des LGB et tout ce qui vient après » ;
qu’en Autriche, le Freiheitliche Partei Osterreichs (Parti de la liberté d’Autriche) a reçu 25,4 % des voix, et que c’est une formation politique qui estime que le mariage « ne peut exister qu’entre un homme et une femme » et qui rejette « tout autre cadre juridique susceptible de reconnaître les unions entre personnes du même sexe » ;
qu’en Hongrie, le parti Fidesz a reçu 44,82 % des votes, et cette formation politique n’a eu de cesse que de limiter les droits LGBTQIA+, et a fait promulguer une loi qui interdit de « montrer ou de promouvoir l’homosexualité et les réassignations de genre dans les contenus scolaires ou les programmes télévisés destinés aux moins de 18 ans » ;
qu’en Argentine, pays hôte de ce congrès, la communauté LGBTQIA+ et ceux et celles qui la soutiennent ont exprimé leur indignation face au programme anti-LGBTQIA+ du président Milei, ainsi que leur crainte que le gouvernement n’ait pour idée de revenir sur les avancées durement acquises par cette communauté ; et de fait, dans son outrecuidance et sa bigoterie, Milei a dénoncé les mouvements féministes et de défense des droits humains en les assimilant à des « sectes de l’idéologie du genre ».
Exprime la ferme conviction :
qu’il est de la responsabilité de l’IE et de ses organisations membres de militer en défense de leurs frères, sœurs et adelphes LGBTQIA+ ;
que l’augmentation de l’importance des partis d’extrême droite en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique (sinon, dans le monde entier) aura nécessairement pour conséquence l’augmentation du nombre de politiques anti-LGBTQIA+ qui seront envisagées et éventuellement appliquées ;
que l’augmentation de la discrimination à l’égard des jeunes personnes LGBTQIA+ aura nécessairement pour conséquence un accroissement de l’absentéisme, de moins bons résultats et des taux de décrochage scolaire plus élevés, ainsi qu’une augmentation du niveau de harcèlement et des taux de suicide ;
que l’augmentation de la discrimination à l’égard des personnes LGBTQIA+ qui sont éducateur·trice·s et personnels de soutien à l’éducation aura nécessairement pour conséquence que des membres de ces groupes perdent leur droit au travail ou leurs droits au sein de leur communauté, et exacerbera tout particulièrement le problème de la pénurie de travailleur·se·s de l’éducation à laquelle le monde fait face actuellement.
S’engage à :
continuer à soutenir les droits des personnes LGBTQIA+ dans toutes les campagnes et politiques de l’IE ;
dégager des fonds pour financer des espaces inclusifs et des réunions LGBTQIA+ ;
défendre sans relâche les personnes LGBTQIA+, qu’elles soient élèves, enseignant·e·s ou personnels de soutien, en particulier les personnes transgenres ou non-binaires ;
établir des partenariats avec des organisations LGBTQIA+ afin de développer et distribuer des contenus éducatifs portant sur les droits et la santé des personnes transgenres ;
continuer à défendre les travailleur·se·s employé·e·s qui, dans les établissements d’enseignement, de santé ou dans le secteur public, soutiennent les jeunes personnes LGBTQIA+, leur famille et leur communauté ;
encourager les organisations membres de l’IE à être vigilantes afin de surveiller et contrecarrer toutes les tentatives auxquelles les partis de droite pourraient se livrer pour revenir en arrière sur les politiques et régulations progressistes concernant les personnes et les communautés LGBTQIA+ ;
s’assurer que les droits des personnes LGBTQIA+ soient un pilier essentiel de toutes les réunions et conférences de l’IE.
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