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Inégalités en matière d'éducation, de santé et de richesses: reprise après la pandémie

Résolution du 10e Congrès mondial

Publié 2 août 2024 Mis à jour 16 octobre 2024

Le 10e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Buenos Aires, en Argentine, du 29 juillet au 2 août, constate ce qui suit:

  1. Au plus fort de la pandémie de Covid-19, plus de 1,6 milliard d'élèves ont été touchés par la fermeture d'écoles, et début 2022, plus de 616 millions d'enfants étaient encore affectés par la fermeture totale ou partielle d'écoles, les élèves les plus jeunes et les plus marginalisés subissant les pertes d'apprentissage les plus importantes.
  2. L'augmentation de l'absentéisme scolaire depuis la pandémie et que les élèves de milieux défavorisés sont plus susceptibles d’absences régulières.
  3. La hausse des niveaux de la dette publique qu'ont connu les pays en développement à la suite de la pandémie fait que 3,3 milliards de personnes vivent aujourd'hui dans des pays qui dépensent plus pour les intérêts de la dette que pour l'éducation ou la santé. Cette situation va probablement empirer, avec plus de la moitié des pays à faibles revenus étant déjà surendettés ou présentant un risque élevé de surendettement.

Le Congrès salue :

  1. Le rapport de l'IE, L’Intelligence artificielle et ses répercussions dans l’éducation, qui souligne les risques qu'implique la marchandisation accrue de l'éducation.

Le Congrès condamne :

  1. L'aggravation des inéquités entre les élèves et leurs communautés favorisées et les défavorisées .
  2. La marchandisation accrue de l'éducation et les entreprises qui ont profité de la crise pour pénétrer le secteur de l'éducation et qui présentent leurs technologies de l’éducation comme une solution pour la reprise.
  3. Les gouvernements des pays à revenus élevés qui persistent à ne pas respecter leur engagement d'accorder 0,7 % de leur revenu national brut à l'aide publique au développement (APD).
  4. L'impact de l'aggravation de la dette sur la capacité des gouvernements à financer correctement leur système éducatif, et l'inaction des donateurs, des partenaires internationaux du développement et des institutions financières internationales en matière de réduction du fardeau de la dette.

Le Congrès décide :

  1. De prendre des actions visant à garantir une éducation de qualité, équitable et inclusive pour toutes et tous les élèves et de réaliser un ciblage des ressources et du soutien à consacrer à ceux et celles étant les plus à risque. Cela doit inclure une attention constante au recrutement et au maintien d'un personnel enseignant et éducatif de haute qualité y compris les personnels de soutien et ceux qui se préparent à devenir éducateur·trice, et la garantie que les enseignant·e·s et les éducateur·trice·s bénéficient de bonnes conditions de travail, y compris du droit de s'organiser et d'être membre d'un syndicat.
  2. Que les syndicats des pays à revenus élevés fassent pression sur leur gouvernement afin qu'ils respectent leur engagement d'allouer 0,7% à l'APD et qu'au moins 15% de ce financement soit attribué à l'éducation et que l'utilisation de ce financement soit définie avec les syndicats, en veillant à ce que les fonds externes répondent aux besoins et aux priorités nationales.
  3. Que les syndicats collaborent entre eux pour garantir une imposition progressive, en réformant le système fiscal, afin que les ratios impôts/PIB augmentent et que 4 à 6 % du PIB et/ou au moins 15 à 20 % des dépenses publiques totales soit consacré à l’éducation.
  4. D'intensifier les efforts à travers la campagne de l'IE "La Force du public : Ensemble on fait école !" afin d'obtenir des actions et des réformes audacieuses au niveau mondial en faveur d'une fiscalité progressive et d'un allègement ou d'un effacement de la dette pour les pays dont ce fardeau menace leur capacité à investir de manière adéquate dans les services publics.
  5. Que les syndicats prennent en compte les recommandations du rapport L’Intelligence artificielle et ses répercussions dans l’éducation pour formuler leur opposition à l'utilisation inappropriée de l'IA et des technologies de l'éducation dans les stratégies de reprise post-pandémie.
  6. De mener des recherches pour déterminer dans quelle mesure les entreprises technologiques privées et les technologies de l’éducation employées pendant la pandémie ont été intégrées dans les systèmes éducatifs nationaux et comment cela a affecté l'enseignement et l'apprentissage, ainsi que les programmes, la pédagogie et l'évaluation.