Brésil : des responsables du secteur de l’éducation du monde entier plaident en faveur de systèmes d’enseignement public plus solides
Des enseignant·e·s, des dirigeant·e·s syndicaux·ales et des responsables politiques de onze pays se sont réunis à Fortaleza, au Brésil, dans le cadre d’un Séminaire international sur l’éducation. Cette rencontre de deux jours, qui a coïncidé avec la réunion des ministres de l’Éducation du G20, a servi de plateforme de discussion sur les stratégies visant à renforcer l’enseignement public dans un contexte mondial complexe.
La collaboration internationale : un sujet clé
Le Séminaire international sur l’éducation, qui s’est tenu les 29 et 30 octobre 2024, a été organisé par les syndicats de l’éducation brésiliens CNTE, CONTEE et PROIFES, affiliés à l’Internationale de l’Éducation.
Heleno Araújo, président de la CNTE, a insisté sur le pouvoir transformateur de l’éducation, en déclarant : « Nous avons le pouvoir de transformer ce monde en quelque chose de plus proche de ce que nous rêvons et souhaitons pour chaque personne. L’éducation est le moteur de cette transformation et nous devons agir depuis nos lieux de travail pour que nos actions aient une portée mondiale. »
Ont participé à l’événement des représentant·e·s de l’Allemagne, de l’Angola, des États-Unis, du Costa Rica, de la Guinée-Bissau, du Portugal, de Sao Tomé-et-Principe, du Cap-Vert, de l’Uruguay, de l’Argentine et du Brésil. David Edwards et Mugwena Maluleke, respectivement secrétaire général et président de l’Internationale de l’Éducation, ont également participé à la rencontre.
Dans son intervention, David Edwards a souligné l’importance fondamentale de l’unité entre le personnel enseignant du monde entier. « Le renforcement de l’organisation syndicale et la promotion de la solidarité entre les enseignantes et enseignants et les personnels de soutien à l’éducation à travers le monde constituent des mesures cruciales pour transformer l’éducation et la société dans son ensemble. » Il a également souligné qu’il était nécessaire de remédier à la pénurie mondiale d’enseignant·e·s et de protéger les droits des enseignant·e·s, à plus forte raison dans un monde de plus en plus inégalitaire.
Mugwena Maluleke a salué la résilience et le leadership de l’Amérique latine dans le domaine de l’éducation, reconnaissant la région comme un modèle de diversité culturelle et sociale dans le domaine de l’éducation. M. Maluleke a appelé les participant·e·s à s’attaquer aux inégalités qui touchent de manière disproportionnée les communautés autochtones et d’ascendance africaine et à plaider en faveur de politiques qui promeuvent un environnement d’apprentissage plus équitable et plus inclusif. Le président de l’Internationale de l’Éducation a également souligné qu’il était important d’intégrer l’éducation environnementale dans les programmes d’études, en plaçant les préoccupations environnementales au premier plan du discours éducatif.
Deux membres du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation ont également assisté à l’événement : Roberto Baradel, secrétaire adjoint de la centrale syndicale argentine CTERA, et Maike Finnern, présidente du syndicat allemand de l’éducation GEW.
Dans son intervention, Roberto Baradel a exprimé la solidarité de la CTERA avec les luttes menées par les enseignant·e·s du monde entier et a réitéré l’appel à la paix et à une solution pacifique aux conflits dans le monde. Il a également souligné l’importance de la solidarité internationale qui permet de sauver des vies en Amérique latine et dans le monde.
Pour sa part, Maike Finnern a souligné que « l’éducation est essentielle pour renforcer la démocratie », en particulier à une époque où les partis extrémistes et les politiques autoritaires gagnent du terrain en Allemagne. Mme Finnern a attiré l’attention sur le problème brûlant de la pénurie de 200.000 enseignant·e·s dans le pays et a préconisé la mise en place de stratégies visant à attirer davantage de jeunes vers la profession enseignante, conformément à la campagne mondiale de l’Internationale de l’Éducation « La force du public : ensemble on fait école ! ». La représentante du GEW a également souligné qu’il était urgent de s’attaquer aux inégalités en matière d’éducation, d’autant plus qu’une proportion importante (60 %) des enfants en Allemagne sont issus de l’immigration.
Le séminaire a été l’occasion d’une réunion spéciale commémorant le 25e anniversaire de la Confederação Sindical de Educação dos Países de Língua Portuguesa (CPLP-SE), où l’accent a été mis sur l’importance de cette organisation dans le paysage éducatif mondial.
Recommandations de l’ONU en vue du renforcement de l’enseignement public
L’activité comprenait des discussions autour des 59 recommandations sur la profession enseignante élaborées par les Nations Unies avec la participation de l’Internationale de l’Éducation. Ces recommandations, qui visent à garantir des conditions de travail décentes pour le personnel enseignant, un financement public adéquat de l’éducation et une approche éducative inclusive, en accord avec la justice sociale, la citoyenneté mondiale et la préservation de l’environnement, ont figuré au cœur des discussions du séminaire.
Sonia Alesso, présidente du Comité régional de l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine, a souligné l’importance de ces recommandations et la nécessité de contrer les récits qui imputent au personnel enseignant la responsabilité des problèmes éducatifs, des récits souvent propagés par des groupes extrémistes. Le séminaire a permis de réfléchir à la manière dont ces recommandations pourraient être mises en œuvre pour améliorer la valeur et le respect accordés aux professionnel·le·s de l’éducation dans le monde entier.
Les défis auxquels font face les systèmes éducatifs publics
L’activité a permis d’aborder un certain nombre d’enjeux pressants auxquels sont confrontés les systèmes d’enseignement public dans le monde entier. Les participant·e·s ont engagé des discussions sur l’emploi, les salaires et l’avenir de l’enseignement public à la lumière des défis sociaux, politiques et économiques actuels. Des préoccupations ont été soulevées au sujet de la pénurie croissante d’enseignant·e·s et de l’érosion de leurs droits. La rencontre a également permis de renforcer les liens institutionnels et d’exprimer la solidarité internationale pour faire face à ces difficultés.
La charte de Fortaleza : une vision collective pour l’avenir
Le séminaire a abouti à la rédaction de la Charte de Fortaleza, un manifeste énonçant un engagement commun en faveur de l’enseignement public et la reconnaissance des professionnel·le·s de l’éducation. Ce document, qui sera présenté aux représentant·e·s qui assisteront au Sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 à Rio de Janeiro en novembre, témoigne de la solidarité et de la collaboration internationales indispensables pour relever les défis auxquels fait face l’enseignement public.