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Mohammad Habibi
Mohammad Habibi

Iran : L’Internationale de l’Éducation dénonce la détention du syndicaliste enseignant Mohammad Habibi pour avoir défendu les étudiantes iraniennes

Publié 7 novembre 2024 Mis à jour 22 novembre 2024

Mohammad Habibi, enseignant et militant syndical à Téhéran, est une figure importante du mouvement iranien de défense des droits en matière d'éducation et un opposant à l'oppression exercée par le régime islamique. Son engagement à défendre les droits des enseignant·e·s et des étudiant·e·s lui a valu d’être arrêté, torturé et harcelé à plusieurs reprises par les autorités iraniennes, ce qui a fait de lui un symbole de la résistance syndicale.

L’activisme d’Habibi, en tant que porte-parole de l’association des enseignants et enseignantes de la province de Téhéran, s’est intensifié en 2022, lors des manifestations du mouvement « Femmes, vie, liberté » organisées par des jeunes femmes et étudiant·e·s réclamant justice et liberté suite à la mort de Jina Amini  [1]. Malgré une répression brutale du mouvement par les autorités qui a entraîné la mort de plus de 90 jeunes, Habibi s’est tenu aux côtés des étudiant·e·s et a poursuivi ses activités de plaidoyer, notamment en dénonçant les empoisonnements en série visant les écoles de filles.

Selon un rapport de l’Internationale de l’Éducation, en partenariat avec le Coordinating Council of Iranian Teacher Trade Associations (CCITTA), une série d’attaques chimiques a visé des écoles de filles en 2022 et 2023, perturbant leur éducation, affectant leur santé et provoquant une peur généralisée, qui a notamment contraint les parents à garder leurs filles à la maison. Les élèves ont fait état à l'époque de graves symptômes physiques, notamment des douleurs aux yeux et à la gorge, des difficultés respiratoires, des maux de tête, des douleurs abdominales, une pression artérielle basse, une faiblesse musculaire au niveau des jambes et des palpitations cardiaques.

En 2023, en raison de son activisme syndical et de ses efforts continus pour améliorer les conditions de travail des enseignant·e·s, Habibi a été licencié de son poste d’enseignant. Malgré les menaces et les représailles, le dirigeant syndical de 45 ans a continué à défendre les droits des enseignant·e·s et des étudiant·e·s, ce qui lui a valu sa dernière condamnation à six mois de prison; peine qu'il devra purger à partir du 11 novembre 2024.

En septembre 2024, à l’occasion du second anniversaire du mouvement « Femmes, vie, liberté », les autorités iraniennes ont renforcé les restrictions, en particulier dans les régions kurdes, afin d'empêcher les manifestations. Malgré ces mesures, des militantes, dont la lauréate du prix Nobel emprisonnée Narges Mohammadi, ont organisé des actions symboliques de protestation, telles que des grèves de la faim, pour attirer l'attention sur leurs revendications de liberté.

Au début du mois, Ahoo Daryaei a attiré l'attention de la communauté internationale après avoir protesté contre le code vestimentaire strict de l'Iran en se déshabillant et en se mettant en sous-vêtements après avoir été harcelée par des membres du groupe paramilitaire Basij à l'université islamique Azad de Téhéran. De nombreuses vidéos de sa protestation publique ont circulé avant qu'elle ne soit arrêtée par des policiers en civil. Amnesty International a demandé sa libération immédiate et l'ouverture d'une enquête sur les mauvais traitements qui lui auraient été infligés pendant sa détention.

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Jina Amini était également connue sous le nom de Mahsa Amini. Jina était son prénom kurde d’origine, Mahsa son prénom persan.