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Ensemble pour l’enseignement public : démystifier les partenariats public-privé

Publié 10 février 2025 Mis à jour 12 février 2025

Le Consortium international sur la privatisation de l’éducation et les droits a récemment publié une note de position (en anglais) assortie d’ un document d’orientation politique (en anglais) qui apportent un nouvel éclairage sur le fonctionnement des partenariats public-privé dans l’éducation, les écarts entre la théorie et la pratique et les stratégies auxquelles les gouvernements et les institutions éducatives peuvent recourir pour renforcer l’enseignement public et gratuit pour tou·te·s.

Le manque de financement public dans le domaine de l’éducation est souvent ouvertement compensé par la conclusion de partenariats avec des acteurs non étatiques pour ce qui a trait au financement et à la fourniture de l’éducation. Sous le titre « Démystifier les partenariats public-privé dans l’éducation : ce que tout·e décideur·euse politique devrait savoir », le nouveau document d’orientation et la note de position explorent les défis posés par les partenariats public-privé, soulignant les écueils courants dans leur mise en œuvre et l’absence de réglementation stricte pour garantir qu’ils n’aient pas d’impact négatif sur les systèmes d’enseignement public. Lancé à l’occasion d’un événement mondial en ligne le 30 janvier, le document d’orientation vise à soutenir une prise de décision mieux informée et plus stratégique concernant les partenariats public-privé dans l’éducation, à protéger les ressources publiques, à améliorer la mise en œuvre des politiques et à renforcer la responsabilité.

« L’idée selon laquelle les partenariats public-privé seraient en mesure de fournir des services éducatifs de qualité avec moins de fonds est un mythe. La vérité, c’est que les partenariats public-privé ne garantissent pas la qualité et profitent des deniers publics. Parallèlement aux coupes budgétaires dans l’enseignement public qui nuisent aux systèmes éducatifs, des manœuvres subtiles permettent de s’emparer de l’argent public et de le mettre au service de groupes privés. Nous devons donc également discuter de l’utilisation des fonds publics et des raisons pour lesquelles l’argent public finit aux mains du secteur privé », a souligné Gabriela Bonilla, directrice régionale de l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine, lors de l’événement qui a marqué le lancement de la nouvelle note de position et du document d’orientation.

Mme Bonilla a également fait remarquer que les partenariats public-privé se nourrissent du mythe néolibéral selon lequel tous les systèmes publics ont échoué et que l’État lui-même est un acteur défaillant. Les attaques incessantes contre le secteur public et les atteintes à la réputation des enseignant·e·s et des fonctionnaires servent les intérêts commerciaux de groupes qui vendent leurs services à l’État. Alors que les critiques et les évaluations systématiques visent les enseignant·e·s et le système éducatif, la responsabilité des acteurs privés impliqués dans l’éducation depuis des décennies par le biais de partenariats public-privé n’est, elle, pas mise en cause.

Qui plus est, les partenariats public-privé servent les intérêts de gouvernements qui bafouent la liberté d’association et rejettent le dialogue social avec les syndicats de l’éducation. Dans ces cas, les autorités éducatives s’empressent de remplacer les syndicats d’enseignant·e·s par des ONG, des entreprises privées et des fondations auxquelles est confiée la mise en œuvre d’une partie de la politique éducative. Même des gouvernements respectueux de l’État de droit ont normalisé la sous-traitance des politiques éducatives, entraînant par là même un transfert constant de fonds publics et de responsabilités vers le secteur privé.

Le fait que les enseignant·e·s participent à la conception et à la définition de la politique éducative et des stratégies pédagogiques, en s’appuyant sur les connaissances qu’il·elle·s acquièrent chaque jour dans leurs classes, est essentiel pour la qualité de l’éducation dispensée, comme le soulignent les Recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante.

« À travers sa campagne La force du public : ensemble on fait école !, l’Internationale de l’Éducation s’engage à construire des partenariats pour défendre la justice fiscale, encourager l’annulation de la dette publique et protéger l’État en tant qu’acteur responsable de l’enseignement public », a conclu Mme Bonilla.