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Un avenir prometteur pour l'éducation au Sénégal : combler le déficit d'enseignant·e·s

Publié 20 février 2025 Mis à jour 21 février 2025

Confrontés à une grave pénurie d’enseignant·e·s dans le pays, les syndicats de l’éducation sénégalais membres de l’Internationale de l’Éducation, réunis au sein de l’Union Syndicale pour une Éducation de Qualité (USEQ), se félicitent de la décision gouvernementale de recruter des diplômé·e·s de manière ponctuelle et immédiate dans la profession et d’augmenter l’échelle des salaires dans l’enseignement public. Néanmoins, des défis demeurent dans l’éducation nationale sénégalaise, en particulier la scolarisation de 1,5 million d’enfants.

Un déficit alarmant

Au Sénégal, le secteur de l'éducation fait face à un défi de taille : un déficit de 6.529 enseignant∙e∙s, chiffre avancé par les autorités. Cette pénurie se répartit entre 4.313 enseignants nécessaires au niveau préscolaire et élémentaire, et 2.216 au niveau secondaire. Abdourahmane Gueye, coordonnateur de l’USEQ, a souligné l'importance cruciale d'avoir suffisamment d'enseignant·e·s pour garantir une éducation de qualité : « Pour parler d'un enseignement de qualité, il est impératif d'avoir d'abord un nombre suffisant d'enseignants et enseignantes ».

Abdourahmane Gueye, coordonnateur de l’USEQ

La réponse gouvernementale

Face à cette situation pressante, le gouvernement sénégalais a mis en place un programme de recrutement spécial. Ce programme va permettre de recruter 1.200 enseignant·e·s pour le secondaire et 2.000 pour le préscolaire et l'élémentaire. Malgré ces efforts, le nombre d'enseignant·e·s recruté·e·s restera insuffisant, laissant un déficit réel de 1.329 enseignant·e·s. « Le recrutement spécial est un pas dans la bonne direction, mais il n'est pas suffisant pour combler entièrement le déficit », a expliqué Gueye.

Inquiétudes et solutions

Si des inquiétudes ont été exprimées concernant ce processus de recrutement spécial, notamment le risque de recrutement politique et le manque de consultation des syndicats, Gueye s’est félicité que les syndicats ont réussi à établir une circulaire définissant les conditions de recrutement, les dossiers à fournir et les modalités de candidature pour garantir un processus le plus transparent possible.

Un engagement financier Important

Le Sénégal a fait des engagements financiers significatifs pour l'éducation, consacrant 7,30 % de son PIB et 26 % de son budget de fonctionnement au secteur, dépassant les critères internationaux de 6 % du PIB et 20 % du budget de fonctionnement. Grâce notamment au plaidoyer des syndicats de l’USEQ, le budget de l'éducation a été augmenté, permettant le recrutement de 4.000 enseignants supplémentaires pour l'année à venir. « Malgré ces efforts, des défis subsistent, notamment le déficit d'enseignants et enseignantes et l'accès à l'éducation pour tous les enfants », a fait observer le coordonnateur de l’USEQ.

Le défi de l'accès à l'éducation

L'accès à l'éducation est une autre préoccupation majeure, avec 1,5 million d'enfants au Sénégal qui ne sont pas scolarisés en raison du manque de places et d'enseignant·e·s. Pour Gueye, « même avec des efforts budgétaires significatifs, le problème de l'accès à l'éducation persiste. Il est crucial de continuer à travailler pour garantir que chaque enfant ait accès à une éducation de qualité. »

L'attractivité de la profession enseignante

Malgré ces défis, la profession enseignante reste attractive au Sénégal, avec 106.000 candidatures pour le recrutement spécial. Gueye attribue cela aux augmentations salariales obtenues en 2022, qui ont rendu la profession plus attrayante.

La formation continue

La formation continue des enseignant·e·s nouvellement recruté·e·s est une autre priorité. Le gouvernement s'est engagé à accompagner les enseignant·e·s tout au long de leur carrière pour améliorer leurs compétences et leur performance. « Il existe un déficit de formation continue, impactant la conscience professionnelle des enseignants. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler ce manque », a indiqué Gueye.

Soutien des parents et forte implication syndicale

Par ailleurs, l'Alliance nationale pour l'éducation, qui inclut les associations de parents d'élèves, les ONG et les syndicats (dont ceux de l’USEQ), s’est donné pour objectif de sensibiliser le gouvernement à l'importance de l'éducation et à mobiliser les parties prenantes pour améliorer le système éducatif. Cette alliance doit analyser la situation et proposer des stratégies pour un financement endogène et une gestion plus efficiente des ressources éducatives.

Soutien et syndicalisation

Les syndicats prévoient également des missions pour recruter et soutenir les nouveaux·elles enseignant·e·s, en organisant des formations et en fournissant un soutien logistique pour les aider à s'intégrer et à réussir dans leur carrière. « Nous aidons les nouveaux enseignants et enseignantes en leur trouvant des logements et en les accompagnant durant leur formation initiale, contribuant ainsi à leur intégration et à leur réussite », conclut Gueye.

La campagne « La force du public : ensemble on fait école »

Les développements récents concernant l'éducation au Sénégal s'inscrivent dans le cadre de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » de l’Internationale de l’Éducation. Cette campagne vise à promouvoir un enseignement public de qualité pour tou·te·s et le soutien à la profession enseignante, en mettant l'accent sur l'importance de l'investissement public et de la collaboration entre les parties prenantes pour renforcer les systèmes éducatifs. « Ensemble, nous pouvons garantir un avenir meilleur pour nos enfants », a conclu Gueye.