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Roumanie: la lutte syndicale continue pour améliorer la qualité de l'éducation

Publié 26 février 2025 Mis à jour 26 février 2025

Malgré les défis financiers et les pénuries d'enseignant∙e∙s en Roumanie, des initiatives syndicales déterminées et des réformes significatives sont en cours pour améliorer la qualité de l'enseignement. La Fédération des Syndicats Libres de l'Enseignement (FSLE) ne ménage pas ses efforts pour surmonter les obstacles et garantir un avenir meilleur pour les élèves et les enseignant∙e∙s.

Financement insuffisant de l'enseignement public

Vice-président de la FSLE et membre du Bureau Comité syndical francophone de l'éducation et de la formation, qui regroupe les organisations syndicales de l’enseignement francophones affiliées à l’Internationale de l’Éducation, Adrian Voica a souligné que le financement de l'enseignement public en Roumanie est insuffisant, avec seulement 3% du produit intérieur brut alloué à celui-ci, alors que la loi nationale sur l'éducation prévoit un minimum de 6%. Cette insuffisance a des effets dévastateurs sur les enfants de milieux vulnérables, a regretté M. Voica.

Conséquences sur les élèves

Il a également rapporté qu’un rapport de la Commission européenne indique que les élèves des milieux défavorisés en Roumanie accusent un retard de 2 ans et demi par rapport à ceux des milieux plus favorisés. Par ailleurs, le mode de financement actuel ne répond pas aux besoins du système éducatif, et les mécanismes de redistribution financière manquent de transparence.

Pénurie dans la profession enseignante

M. Voica a mentionné un déficit d’enseignant∙e∙s en Roumanie, notamment dans des matières telles que les mathématiques, la biologie, la physique et la chimie. Le ministère de l'Éducation a reconnu que 1.015 postes étaient vacants pour ces disciplines au début de l'année scolaire. Pour combler ce déficit, le ministère a fait appel à des enseignant∙e∙s retraité∙e∙s, des étudiant∙e∙s et du personnel provenant d'autres secteurs, comme la banque.

Report de la retraite

M. Voica a ainsi expliqué que la loi sur l'enseignement en Roumanie a ainsi été modifiée pour permettre aux enseignant∙e∙s de rester en poste jusqu'à l'âge de 70 ans, ce qui a été critiqué par les syndicats, car cela pourrait constituer un précédent dangereux pour l'augmentation de l'âge légal de la retraite. En février 2025, 95% des enseignant∙e∙s éligibles à la retraite ont choisi de poursuivre leur activité, soit environ 5.000 membres de la profession au niveau national.

Augmentation du salaire

Selon M. Voica, une des raisons principales est l'augmentation de 50% des salaires en 2024. Il a fait observer que l'augmentation de salaire de 50% pour les enseignant∙e∙s en 2024 a été obtenue après une grève de quatre semaines qui a bloqué les examens. Cette augmentation était nécessaire pour attirer les étudiant·e·s vers les métiers de l'éducation, retenir les enseignant∙e∙s dans la profession et améliorer la qualité de l'éducation.

Conditions de travail dans l'enseignement privé

Le dirigeant syndical a aussi décrit le système éducatif privé en Roumanie, qui représente environ 5% des écoles au niveau national, et noté que les syndicats considèrent que le financement de l'enseignement privé est inégal par rapport à l'enseignement public, car les écoles privées bénéficient d'un triple financement provenant de l'État, des parents et des sponsors.

M. Voica a ajouté que de beaucoup d’enseignant∙e∙s quittent le système privé pour rejoindre l'enseignement public en raison de salaires inférieurs, d'heures supplémentaires non rémunérées et de l'interdiction implicite de créer ou d'adhérer à un syndicat.

Campagne « La force du public : ensemble on fait école ! »

Il a enfin confirmé que la campagne de l'Internationale de l'Éducation « La force du public : ensemble on fait école ! » a été lancée en Roumanie avec des affiches, des communiqués de presse et des matériaux élaborés par l'Internationale de l'Éducation.

Cette campagne constitue un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et qu'ils investissent davantage dans la profession enseignante, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.