Serbie : la syndicalisation se traduit par un financement accru, des frais de scolarité réduits et des salaires plus équitables dans l’enseignement supérieur
Dans une décision historique, la Serbie a annoncé d’importantes réformes de son système d’enseignement supérieur, promettant un avenir meilleur aux enseignant·e·s comme aux étudiant·e·s. Ces réformes, saluées comme une victoire par les syndicats d’enseignant·e·s et les mouvements étudiants, marquent un tournant dans le paysage éducatif du pays.
Accord historique sur les amendements à la loi sur l’enseignement supérieur
Ana Brnabić, présidente de l’Assemblée nationale, a révélé le 23 février qu’un accord avait été trouvé sur les amendements à la loi sur l’enseignement supérieur. Ces amendements prévoient une augmentation de 20 % du budget de l’enseignement supérieur, soit environ 12 milliards de dinars (près de 102.360.000 euros). Ce financement accru devrait transformer le secteur, répondant à la fois aux demandes des étudiant·e·s et de la profession enseignante.
Réduction des frais de scolarité : une victoire pour les étudiant·e·s
L’un des amendements les plus significatifs est la réduction de 50 % des frais de scolarité. La population étudiante sera directement remboursée à partir du budget, ce qui rendra l’enseignement supérieur plus accessible à un plus large éventail de groupes sociaux. Cette mesure devrait alléger le fardeau financier des étudiant·e·s et de leurs familles, garantissant ainsi que l’éducation reste un droit et non un privilège.

Augmentation du financement et ajustements des salaires pour les éducateur·trice·s
Les établissements d’enseignement supérieur bénéficieront également d’un financement accru pour couvrir les coûts de fonctionnement et les salaires. Les salaires de l’enseignement supérieur seront alignés sur ceux de l’enseignement primaire et secondaire, ce qui se traduira par une augmentation de 16 %. Cet ajustement est une victoire longtemps attendue par les éducateur·trice·s, qui ont milité pour des salaires plus justes et de meilleures conditions de travail.
Reconnaissance de l’action syndicale
Marina Milenkovic, vice-présidente du comité de l’enseignement supérieur du syndicat serbe de l’éducation (Teachers Union of Serbia – TUS), a salué ces amendements comme le résultat direct des efforts persistants du syndicat. « Avec l’adoption des nouveaux amendements à la loi sur l’enseignement supérieur par l’Assemblée nationale de la République de Serbie le 6 mars 2025 et leur publication au Journal officiel le même jour, la mise en œuvre des dispositions qui améliorent considérablement le statut de l’enseignement supérieur en Serbie va commencer », a-t-elle déclaré.
Mme Milenkovic a en outre souligné : « Les revendications de longue date pour résoudre les problèmes croissants de l’enseignement supérieur, portées à la fois par les syndicats et les représentants et représentantes des établissements d’enseignement supérieur, ont été prises en compte dans cette loi, en réponse à l’une des demandes des étudiants et étudiants qui depuis plusieurs mois ont bloqué le fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur ».

Un appel à sauver l’année universitaire
Parallèlement à ces changements positifs, Mme Brnabić a exhorté les universités et les étudiant·e·s à reprendre les cours et à sauver l’année universitaire. Face au risque de voir l’année universitaire compromise par la poursuite des grèves, elle a souligné l’importance de la reprise des cours pour éviter de compromettre l’avenir de plus de 230.000 étudiant·e·s.
Un pas vers une autonomie accrue des universités
Les amendements garantissent également une autonomie accrue aux universités en réduisant de 30 % à 25 % la proportion de représentant·e·s nommé·e·s par le gouvernement au sein des conseils de faculté, tandis que la proportion de représentant·e·s des salariés passe de 55 % à 60 % et que celle des représentant·e·s des étudiant·e·s reste inchangée à 15 %, a noté Mme Milenkovic. Par ailleurs, la durée du mandat des organes de direction est réduite de quatre à trois ans. Ce changement devrait contribuer à une meilleure gouvernance des établissements d’enseignement supérieur, ouvrant la voie à des processus décisionnels plus démocratiques.
La vice-présidente du TUS a ajouté que la préparation des amendements à la loi sur l’enseignement supérieur avait été coordonnée avec les représentant·e·s des ministères concernés du gouvernement de la République de Serbie (éducation et finances) ainsi qu’avec les représentant·e·s des huit universités publiques de Serbie. « Les initiateurs et initiatrices de l’amendement estiment que les dispositions de la loi amélioreront la qualité de l’enseignement supérieur, en amélioreront l’accessibilité et la pertinence, favoriseront l’internationalisation de l’éducation et, surtout, amélioreront considérablement les conditions matérielles des employés et employées. »
Rassemblement massif à Niš : un appel en faveur de la justice et de l’État de droit
Le 1er mars, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Niš dans le cadre d’une grande manifestation étudiante. Les manifestant·e·s se sont engagé·e·s à faire du pays balkanique une nation libre, où règnent la justice et l’État de droit, tout en envoyant un message fort : « Nous méritons mieux ».

Solidarité du mouvement syndical européen de l’éducation
Le directeur du Comité syndical européen de l’éducation (CSEE) Jelmer Evers a chaleureusement salué ces récentes avancées dans le système d’enseignement supérieur serbe.
« Il s’agit d’une avancée majeure pour l’enseignement supérieur en Serbie. Des financements accrus, des frais de scolarité réduits et des salaires plus justes. Voilà des changements qui comptent. Investir dans l’enseignement public, c’est investir dans l’avenir. Le CSEE est aux côtés de nos organisations membres serbes pour s’assurer que ces engagements se traduisent par de réelles améliorations pour les enseignants et enseignantes et les étudiants et étudiantes. »
Jelmer Evers, directeur du Comité syndical européen de l’éducation
La force du public : ensemble on fait école !
Ces récents développements en Serbie font écho aux objectifs de la campagne La force du public : ensemble on fait école ! de l’Internationale de l’Éducation.
La force du public : ensemble on fait école ! est un appel urgent lancé aux gouvernements pour qu’ils investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et qu’ils investissent davantage dans la profession enseignante, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.
Ces réformes marquent une avancée significative pour le système d’enseignement supérieur serbe. En s’attaquant aux problèmes financiers et structurels qui minent le secteur depuis des années, le gouvernement a démontré sa volonté d’améliorer la qualité et l’accessibilité de l’éducation. Alors que le pays va de l’avant, la collaboration entre les étudiant·e·s, les éducateur·trice·s et les décideur·euse·s politiques sera cruciale pour assurer le succès continu de ces initiatives.