Liban : les droits fondamentaux au cœur du combat des éducateur·trice·s
Les rues du Liban ont une fois de plus fait résonner les voix des enseignant∙e∙s qui protestent contre les politiques injustes imposées par les gouvernements successifs. Aucune de ces administrations ne s’est jamais préoccupé du sort des éducateur·trice·s, dont les maigres salaires ne leur permettent pas de vivre décemment et les privent de leur dignité.
« Bien qu’ils aient la responsabilité majeure de former les générations futures, les enseignants et enseignantes sont laissés seuls face aux difficultés engendrées par les crises actuelles et les conséquences de la guerre », a tenu à souligner Manal Hdaife, membre de la Ligue des enseignants et enseignantes des écoles primaires publiques du Liban (PPSTLL) et présidente de la structure transrégionale de l’Internationale de l’Éducation pour les pays arabes.
La grève du 26 mars 2025 s’inscrit dans la continuité de la lutte déjà ancienne pour des salaires équitables et de meilleures conditions de travail. Les enseignant·e·s réclament non seulement un revenu correct, mais aussi « le respect et la reconnaissance de leur rôle crucial pour la société. L’effondrement économique et l’instabilité politique au Liban ont dégradé encore davantage leur situation, les laissant dans l’incapacité croissante de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille », a déclaré Mme Hdaife.

Les statistiques révèlent la dure réalité
Le salaire de base des enseignant·e·s au Liban est d’environ 30 dollars, auxquels on ajoute les primes, soit un total avoisinant les 330 dollars par mois. Grâce à des négociations et à un dialogue social constructif avec les syndicats, ainsi qu’à la pression exercée sur le gouvernement, l’ancien ministre de l’Éducation, Abbas Al-Halabi, a réussi obtenir une prime mensuelle de productivité de 375 dollars. Le salaire moyen d’un∙e enseignant∙e s’élevait ainsi à environ 760 dollars par mois. Mais c’était sans compter sur le gouvernement actuel, qui a violé cet accord et a modifié la structure du paiement, faisant perdre aux enseignant·e·s les avantages qu’il∙elle·s avaient obtenus.
« La seule solution viable aujourd’hui est la mise en œuvre d’un nouveau barème des rémunérations. Ces mesures avaient pour but d’alléger certaines charges financières pesant sur les enseignants et enseignantes et de les encourager à ne pas abandonner la profession », a déclaré la dirigeante du syndicat libanais de l’éducation.
Un combat empreint de détermination pour l’avenir des enfants du Liban
L’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres à travers le monde ont exprimé leur soutien total et leur solidarité absolue avec les enseignant·e·s libanais·es qui s’opposent aux autorités publiques inconscientes – ou délibérément négligentes – qui semblent résolues à saper l’enseignement public. Comme l’affirme la campagne de l’Internationale de l’Éducation La force du public : ensemble on fait école !, les gouvernements, au Liban et dans le monde entier, doivent financer l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et investir davantage dans les enseignant·e·s, le facteur clé pour dispenser une éducation de qualité.
Pour Mme Hdaife, « il s’agit d’une lutte pour l’avenir des enfants libanais, et les syndicats sont fermement décidés à faire en sorte que les enseignants et enseignantes reçoivent le soutien et le respect qu’ils et elles méritent ».