Danemark: Consternation du syndicat devant l’intervention du Gouvernement marquant la fin du lock-out des enseignant(e)s
Le lock-out des enseignant(e)s danois a pris fin suite à l’intervention du Gouvernement dans l’action industrielle entre le Danish Union of Teachers (DLF) et l’association représentant les municipalités (Local Government Denmark – LGDK [KL]). Le DLF est affilié à l’IE.
« Les écoles se trouvent dans une bien mauvaise posture: les enseignantes et enseignants ont été littéralement ‘écrasés’ par le partenariat entre le Gouvernement et LGDK, » a déclaré le Président du DLF Anders Bondo Christensen, le 25 avril 2013. Et d’ajouter : « Le fait que l’intervention législative accède aux demandes de LGDK est un véritable outrage. Il n’y pas eu de négociations dignes de ce nom parce que LGDK s’est toujours senti assuré de l’appui du gouvernement. Nous sommes à présent confrontés à une réforme majeure du système scolaire qui est bien mal amorcée. »
« DLF continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir afin de garantir que ses membres sont en mesure de délivrer un enseignement de grande qualité. » Le syndicat œuvrera en faveur d’une réforme de la « loi sur les établissements de l’enseignement public primaire et secondaire inférieur », étayée par les connaissances actuelles et des travaux de recherche, a-t-il expliqué.
« La solidarité et l’engagement sans faille témoignés par les enseignantes et enseignants dans tout le pays ont renforcé l’unité au sein de DLF, » a poursuivi Bondo Christensen. « Les enseignantes et enseignants ont démontré leur engagement professionnel et leur volonté de délivrer un enseignement de qualité. »
Contexte du lock-out
Depuis le 2 avril, les employeurs interdisaient à 69.000 enseignant(e)s de se rendre dans les écoles. Le lock-out avait été annoncé le 28 février, après que les employeurs ont déclaré unilatéralement que les négociations relatives à la nouvelle convention collective avaient échoué. Les enseignant(e)s ne sont pas en grève, bien au contraire ; depuis l’annonce du lock-out, ils/elles ont déclaré vouloir reprendre le travail et enseigner. Les organisations d’enseignant(e)s ont souhaité reprendre les négociations pour parvenir à un compromis, mais LGDK n’était pas disposé à transiger sur la demande de nouvel accord ne prévoyant aucune limite pour les modalités relatives au temps de travail.
CSEE: La coopération, et non la contrainte - clé du dialogue social
L’IE Europe, le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), a suivi avec une inquiétude croissante l’évolution du conflit entre LGDK et DLF. Le 23 avril, la Présidente du CSEE Christine Blower et le Directeur européen Martin Rømer ont adressé une lettre de protestation au négociateur en chef de KL, Michael Ziegler.
« Depuis le 1er avril, LGDK a mis en place un lock-out massif des enseignant(e)s dans le but de contraindre DLF à accepter les conditions d’une nouvelle convention collective qui ne limite pas le nombre d’heures de cours hebdomadaires des enseignant(e)s, » précise la lettre.
Le CSEE insiste à nouveau sur l’importance de respecter la tenue de véritables négociations sur le temps de travail des enseignant(e)s, compte tenu des attentes très élevées des élèves, des parents et des autorités qui comptent sur ces derniers/dernières pour délivrer un enseignement de grande qualité.
« Sous l’angle du dialogue social, cette ultime demande de LGDK paraît inflexible et totalement contraire à la nature même des négociations, qui reposent normalement sur des concessions mutuelles ! Nous vous enjoignons toutefois de reprendre les pourparlers sans tarder, de temporiser et de mener de véritables négociations qui aboutiront pour les deux parties. »
La lettre souligne qu’il est inutile de maintenir le lock-out plutôt que de rétablir le dialogue. Selon l’OCDE, les systèmes scolaires les plus efficaces sont ceux des pays où les syndicats d’enseignant(e)s et les employeurs entretiennent de bonnes relations. La mise en place de systèmes scolaires de qualité, sous la contrainte, n’est jamais apparue comme une solution valable dans aucun pays, et un accord sur le temps de travail qui ne limite pas le nombre d’heures de cours n’est que pure invention de la part de LGDK, intimidant ainsi les enseignant(e)s et leurs organisations. La modernisation des relations de travail doit être le fruit de la coopération, et non de la contrainte.
L’IE condamne les actions du gouvernement
Dans une lettre adressée à la Première ministre du Danemark Helle Thorning-Schmidt, datée du 26 avril, le Secrétaire général de l’IE Fred van Leeuwen a fait savoir que l’IE condamnait « la décision du gouvernement danois de présenter au Parlement une loi d’urgence qui accédera aux requêtes des employeurs de manière unilatérale. L’échec de la négociation collective dans un pays bien connu pour ses institutions de dialogue social compétentes est une tragédie. »
Le gouvernement procède de facto à une révision radicale de la convention collective concernant les enseignant(e)s, en autorisant les chefs d’établissement à imposer un temps de travail et un temps de préparation des cours sur une base individuelle, sans négociation ni accord, a souligné van Leeuwen. Nous laissons passer une occasion importante d’amélioration du système éducatif, propice à l’équité.
Van Leeuwen a également souligné que « Les enseignantes et enseignants danois ont lutté pour préserver leurs droits au travail parce qu’ils se soucient avant tout de la qualité de l’éducation. Les syndicats d’enseignants danois veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs élèves. »
Et d’ajouter: « L’IE et la communauté internationale de l’éducation ont fait part de leur indignation face à l’ultimatum posé par le gouvernement et l’échec de la conduite de négociations de bonne foi pour résoudre le différend opposant les syndicats d’enseignants à LGDK. » L’IE soutient totalement les actions de ses collègues danois qui se mobilisent en faveur de l’enseignement public de qualité.