« Investir dans l’éducation: la vraie clé du succès pour les pays », par Olli Luukkainen et David Edwards
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L’humanité fait face à de nombreuses menaces, telles que le changement climatique et les multiples dangers qui mettent en péril l’environnement. Il est nécessaire d’adopter une nouvelle vision pour résoudre ces problèmes. Modifier nos modes de vie et nos habitudes de consommation peut contribuer à améliorer la situation, mais c’est grâce à l’éducation, la formation et la recherche que l’humanité pourra survivre.
Nos sociétés ont besoin d’une vision commune pour un avenir meilleur. L’éducation, la formation et la recherche doivent être reconnues comme les domaines d’investissement les plus importants. Une éducation de haute qualité constitue le fondement du bien-être des individus et des pays. Il ne s’agit bien évidemment pas seulement d’un investissement politique, mais d’un plan de financement durable et à long terme.
Ces questions fondamentales seront abordées lors du Sommet international sur la profession enseignante (ISTP) organisé par le gouvernement finlandais et l’OAJ les 14 et 15 mars à Helsinki. Cet événement permettra à l’OAJ et sa fédération syndicale mondiale, l’Internationale de l’Education de se pencher sur une vision pour l’avenir de l’éducation aux côtés de ministres issu·e·s d’une vingtaine de pays différents, tant des pays européens tels que l’Espagne, la Pologne et le Royaume-Uni, que des pays d’Asie de l’Est comme la Corée du Sud et Hong Kong. Il s’agit d’un événement annuel unique puisqu’il implique des syndicats d’enseignants membres de l’Internationale de l’Education, comme l’OAJ, et des ministres de l’éducation, qui se réunissent toutes et tous sur un même pied d’égalité. Leur objectif commun est d’améliorer l’ensemble des politiques relatives aux enseignant·e·s.
Cette année, les participant·e·s à l’ISTP, comme on l’appelle, discuteront du leadership dans le domaine de l’éducation, de l’éducation de la petite enfance et de tous les enjeux complexes liés à l’éducation, notamment comment pallier le manque de formation et de motivation des enseignant·e·s.
La transition numérique et les nouvelles méthodes d’apprentissage constituent un autre enjeu complexe. D’aucuns diront que ces innovations remettent en cause les aptitudes et les compétences professionnelles des enseignant·e·s, mais nous croyons que la transition numérique ne diminue pas l’importance du travail des enseignant·e·s. Au contraire, nous pensons que les enseignant·e·s sont nécessaires pour guider les étudiant·e·s, afin que chacun·e puisse réaliser pleinement son potentiel et trouver sa place dans la société. Les enseignant·e·s soutiennent et encouragent l’apprentissage ainsi que le développement des individus. C’est pourquoi ils·elles doivent pouvoir suivre des formations complémentaires et bénéficier d’opportunités de développement professionnel en matière de technologies de l’information lorsqu’ils·elles déclarent en avoir besoin.
Parmi les autres enjeux complexes de l’éducation figure l’exclusion sociale. Les enfants et les jeunes sont socialement exclus, tant dans les pays en développement que dans les sociétés prospères. Même en Finlande, le nombre d’élèves peu performants à l’enquête PISA de l’OCDE a plus que doublé au cours des dix dernières années. Trouver un emploi est d’autant plus difficile pour ceux et celles qui ne font pas d’études. Les individus qui n’ont qu’un diplôme du premier cycle de l’enseignement secondaire ont des carrières plus brèves que ceux et celles ayant suivi avec fruit le deuxième cycle de l’enseignement secondaire au moins. Ces personnes sont également en moins bonne santé, et leur niveau d’instruction a une incidence sur leur bien-être.
L’exclusion sociale est, selon nous, inacceptable. Chaque personne a la même valeur et peut contribuer à la société. Etre humain·e, c’est avant tout se sentir important·e et utile. Une éducation de la petite enfance et une éducation de base de qualité, avec des enseignant·e·s qui ont le temps de traiter les enfants et les jeunes en tant qu’individus et peuvent réellement contribuer à leur apprentissage, leur permettent de se sentir apprécié·e·s. Ces deux questions seront au cœur du débat du Sommet.
Il est essentiel que l’instruction obligatoire soit étendue afin que chaque élève puisse au moins obtenir un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. La formation et l’éducation doivent également être accessibles aux adultes, lorsqu’ils·elles ont besoin de mettre à jour leurs connaissances ou d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles ou civiques. Le besoin d’éducation et le désir de s’instruire ne dépendent pas de l’âge: chaque individu devrait, à tout âge, avoir la chance de pouvoir apprendre.
Nous saluons l’enseignement finlandais pour son équité et sa gratuité. Ce système constitue un vrai modèle d’enseignement public où chacun·e peut étudier, quelle que soit sa condition sociale. Les efforts déployés pour maintenir l’égalité dans le système éducatif ont été en partie responsables du succès de l’éducation en Finlande.
Pourtant, les jeunes issu·e·s de minorités linguistiques et culturelles poursuivent plus rarement que les autres des études du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur. L’éducation de ces groupes doit donc être soutenue. Il est également important de veiller à ce que les différences entre les écoles et les municipalités ne se creusent pas trop. En outre, il est essentiel que les enfants puissent aller à l’école locale, où ils·elles peuvent étudier en toute sécurité tout en étant encadré·e·s par un·e enseignant·e compétent·e.
La Finlande n’est pas le seul pays qui entend relever le niveau d’éducation. Pour la première fois, l’ISTP souligne l’importance d’une éducation de la petite enfance orientée vers la pédagogie. Les pays participants doivent commencer par reconnaître que des investissements suffisants dans l’éducation, la recherche et l’innovation représentent la clé de leur succès. Les pays qui comprennent la valeur de l’éducation seront les futurs modèles de réussite.
Le niveau d’aptitudes et de compétences doit être relevé, et nous devons investir dans l’éducation et la formation tout au long de la vie.Nous devons reconnaître que les immigrant·e·s apportent également une contribution très importante à la recherche, à la base de talents et au marché du travail. L’éducation pour tou·te·s doit signifier ce qu’elle dit: elle doit inclure tout le monde.
Nous partageons cette vision avec l’ensemble des enseignant·e·s et des éducateur·rice·s. Rien ne peut remplacer une éducation de qualité pour tou·te·s. L’avenir de l’humanité en dépend.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.