Royaume-Uni: les coupes réalisées dans le financement des écoles à l’origine de frais de scolarité élevés pour les étudiant·e·s défavorisé·e·s
Les syndicats britanniques de l'éducation tirent la sonnette d'alarme suite aux conclusions du rapport annuel publié récemment par l’Education Policy Institute (Institut des politiques éducatives). Elles montrent très clairement que réduire le financement des écoles nuit surtout aux résultats scolaires des étudiant·e·s vivant dans la pauvreté.
Le NEU exhorte le gouvernement à « s'engager à réduire de manière proactive la pauvreté des enfants et à y mettre un terme »
Le Rapport du Education Policy Institute(EPI) a révélé que l’écart au niveau de l’éducation entre les personnes désavantagées et les autres a cessé de se combler et qu’il est à l’origine d’un recul majeur pour la mobilité sociale. « Nous ne devrions pas être surpris par ces résultats, mais ils devraient déclencher d’urgence un changement d’approche. Réduire considérablement le financement des écoles tout en entraînant davantage de familles dans la pauvreté entraîne un coût élevé pour les étudiants pauvres et provenant de la classe ouvrière », a expliqué Rosamund McNeil, Secrétaire générale adjointe du National Education Union(NEU).
Elle a poursuivi en soulignant que « ces tendances montrent que le gouvernement ne peut pas prétendre au succès de ses ‘réformes’ de l'éducation. Le nouveau cabinet doit repenser l'éducation. Le Gouvernement s'attend à ce que les chefs d’établissement et les enseignants réduisent l’écart entre les étudiants défavorisés et les autres alors que l’ONU a prouvé que les politiques menées par ce même Gouvernement élargissent l’écart de pauvreté. »
Appelant à des changements dans l'approche gouvernementale, Rosamund McNeil a insisté sur le fait que « le gouvernement doit s'engager à réduire de manière proactive la pauvreté des enfants et à mettre fin à la pauvreté. Il doit également mettre en œuvre ce dont les écoles ont besoin pour que l'éducation soit accessible: augmentations de salaire équitables pour conserver les enseignants motivés, annulation des coupes budgétaires et programme d'études suffisamment large et flexible pour motiver tousles apprenants et s'adapter à la réalité de leur vie. »
Les éducateur·trice·s s estiment que la priorité constante donnée aux résultats des examens et à des données sans fin est le problème et non la solution. Le gouvernement devrait mettre l’accent sur le soutien au bien-être émotionnel des étudiant·e·s et le sentiment d’appartenance à leur école, qui améliorent leurs résultats d’apprentissage. Faire pression sur les écoles pour qu'elles se concentrent sur la préparation aux examens et aux tests est contre-productif pour l'apprentissage scolaire et le développement social. Rosamund McNeil a conclu en disant que « nous devons nous concentrer sur des activités telles que la lecture pour le plaisir, plus de sport et d'apprentissage en plein air et plus d'art et de théâtre – il a été prouvé que toutes ces activités motivent les étudiants,comblent le fossé de la motivation et inspirent l'intérêt et l'implication des enfants envers l'éducation ».
La NASUWT condamne «un système éducatif miné par les inégalités et les injustices»
Chris Keates, Secrétaire générale ad interim de la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers, a également souligné que « rien dans le rapport de l’EPI n’est surprenant », car « le rapport confirme ce que le NASUWT a mis en lumière dans ses propres recherches depuis un certain nombre d'années ».
Après avoir lancé l’avertissement selon lequel «nous avons maintenant un système éducatif miné par les inégalités et les injustices, elle a souligné que « les facteurs déterminants de cet état de fait sont les politiques sociales, économiques et éducatives du gouvernement qui ont conduit à des niveaux élevés de pauvreté infantile, à la fragmentation du système éducatif, à des coupes dans les services de spécialistes pourtant vitaux pour les écoles, à l'exploitation du personnel enseignant - qui a provoqué une crise nationale dans l'offre d'enseignants– et au coût croissant de l'éducation, ce qui, pour de trop nombreux enfants, signifie désormais que l'accès aux possibilités d'éducation est basé sur la capacité de payer des parents ».
La conclusion de Chris Keates est loin d’être optimiste: « Malgré les nombreuses preuves disponibles, le Gouvernement refuse toujours de reconnaître les dégâts qu’il a causés ».