« 2021 sera-t-elle l'année décisive pour la mobilisation contre les changements climatiques ? », par Susan Hopgood.
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Alors que nous entrons en 2021 et que nous nous souhaitons une bonne et heureuse année, l’arrivée des vaccins contre la COVID-19 est une bonne raison d’être optimiste quant à la menace la plus immédiate pour l’humanité. Malheureusement, au sujet de notre danger le plus urgent à long terme - les changements climatiques - il n'y a pas de vaccin, pas de voie brillante se présentant devant nous dans les mois à venir. Il y a plutôt ce que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a appelé le mois dernier notre « planète brisée » et notre « guerre suicidaire… contre la nature ». [1]
Mais si l’on considère l'enseignement comme un acte ultime d'optimisme, cela vaut la peine d'identifier et de nourrir les signes d'espoir de passage à l'action contre les changements climatiques en 2021. Il y en a plusieurs et les éducateur·trice·s font partie de ceux et celles qui agissent en première ligne. Cette année, le monde verra une accélération, attendue depuis longtemps, des efforts collectifs en faveur de la santé de la planète. Il y aura une mobilisation généralisée pour rendre les gouvernements réactifs et responsables afin de ralentir cette catastrophe mondiale et donner plus d’importance à l'éducation au climat et aux compétences civiques.
L'Internationale de l'Éducation (IE) mène ce combat depuis longtemps. Notre Campagne Uni∙e∙ s visant à adopter les Objectifs de développement durable des Nations Unies a reconnu les liens entre une éducation de qualité, la durabilité environnementale et les droits humains.
Notre Congrès mondial de 2019 a adopté des résolutions pour «exploiter le pouvoir de l'éducation» par le biais des programmes d'études et du développement professionnel et en solidarité avec les étudiant·e·s qui manifestent contre les changements climatique s. Plus tard, lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 25), l'IE s'est publiquement engagée à soutenir ses 32,5 millions de membres en fournissant des outils et un renforcement des capacités afin de lutter contre le changement climatique.
En juin dernier, le Bureau exécutif de l’IE a rejoint l’ initiative mondiale pour l’alphabétisation climatique aux côtés de centaines d’autres syndicats et d’organisations du secteur de l’éducation et de la société civile, ainsi que de particuliers, afin d’accroître la compréhension et les connaissances des étudiant·e·s quant à la crise climatique et encourager les initiatives dans ce domaine.
Les éducateur·trice·s savent que l'éducation au climat n'est pas qu'une matière scientifique. C'est de la science, des mathématiques, de la linguistique, de la géographie, de l'éducation civique, de l'histoire, de la littérature et plus encore. C'est un sujet interdisciplinaire crucial qui doit être abordé à la fois en classe et à travers une approche globale de l'école. Les programmes, la formation pédagogique et le matériel pédagogique et d'apprentissage doivent être révisés et améliorés de toute urgence pour faire face à la crise à laquelle nous sommes confronté·e·s et donner à tou·te·s les apprenant·e·s les compétences et les connaissances nécessaires durant cette transition vers de nouvelles économies et et de nouveaux emplois durables.
Travaillant pour influencer la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 26) en Écosse en novembre dernier, l'IE a récemment rejoint EarthDay.org et à des organisations actives dans plus de 100 pays afin d’insister pour que l'éducation au climat fasse partie du programme de base. L'éducation au développement durable doit être intégrée dans tous les domaines, comme l'exige déjà le programme australien. Au-delà du programme et de la « voix de l’enseignant·e » dans tous les aspects de l’éducation au climat, les écoles elles-mêmes peuvent ouvrir la voie à des communautés durables grâce à l’ingénierie et à la modernisation, notamment des technologies telles que les panneaux solaires, les réservoirs d’eau, l’isolation et la conception et la construction écoénergétiques.
Les accents mis sur le développement professionnel des éducateur·trice·s, sur la connaissance du climat et sur la durabilité dans l'éducation doivent également être accompagnés d'une organisation et d’une mobilisation renforcées - les éducateur·trice·s et leurs allié∙e∙s travaillant ensemble.
La nouvelle année apportera un nouveau leadership pour l'action climatique au sein de l'administration américaine du Président Joe Biden, qui a promis de rejoindre l' Accord de Paris dès son premier jour de fonction. Il prévoit également, durant ses 100 premiers jours, « un sommet mondial sur le climat pour impliquer directement les dirigeants des principales nations émettrices de carbone du monde afin de les persuader de rejoindre les États-Unis et prendre des engagements nationaux plus ambitieux, au-delà des engagements qu'ilsont déjà pris ».
Ce qui rend les promesses de Biden les plus remarquables, c'est leur contraste frappant avec Donald Trump, bien sûr, mais aussi avec des acteurs extrémistes comme Jair Bolsonaro, au Brésil, et sa déforestation délibérée de l’Amazonie et, dans mon propre pays, l'Australie, Scott Morrison, qui a a été mondialement condamné pour avoir ignoré la crise climatique potentiellement mortelle dans son pays, avec des effets désastreux sur l'ensemble de notre région.
Dans mon propre syndicat, l’ Australian Education Union(AEU), nous ripostons. Pendant la saison catastrophique des feux de brousse au début de l'année, les éducateur·trice·s se sont retrouvé·e·s en première ligne pour lutter contre les incendies qui ont fait rage pendant des semaines, défendre les milieux scolaires et apporter un soutien moral aux étudiant·e·s soucieux·eusesde leur avenir.
En collaborant avec le mouvement syndical au sens large en Australie, nous poussons le gouvernement à adopter des objectifs en matière d’émissions en travaillant, par le biais d’alliances, à une politique visant à garantir que les travailleur·euse·s ne soient pas exclu·e·s du débat ou des solutions.
Et avec le classement des « grèves des écoles pour le climat» menées par les étudiant·e·s l’année dernière parmi les plus grandes manifestations de l’histoire de l’Australie, l’AEU est désormais l’un des 25 syndicats australiens qui soutiennent l’action directe des étudiant·e·s pour souligner la négligence continue du gouvernement.
La promotion de l’éducation au climat et de l’éducation civique en général dans une période de polarisation politique accrue et de désinformation représente un défi de taille. Cela est vrai qu’il s’agisse de la dérive climatique de droite d’un Morrison en Australie, du ‘ marquage’ en rouge(red-tagging) d’un Duterte aux Philippines ou de la répression judiciaire d’un Orban en Hongrie. Ignorer le contrôle par les extrémistes des informations nécessaires à la démocratie n'est pas une option si nous voulons que nos institutions soient responsables et que les secteurs publics soient florissants. Par-dessus tout, nos étudiant·e·s doivent apprendre à reconnaître les problèmes, à rechercher des informations fiables, à s'engager de manière constructive au-delà des différences et à prendre des mesures pour aider à résoudre les problèmes.
En tant qu'enseignant·e·s, membres des personnels de soutien à l'éducation et syndicalistes, notre responsabilité n’est pas seulement d'enseigner et de défendre la vérité : nous avons maintenant la responsabilité absolue d'identifier, de dénoncer et de corriger les fausses informations, la désinformation et les mensonges éhontés.
Il n'y a aucune raison de croire que 2021 sera la « bonne et heureuse année » qui changera le cours de l'histoire mondiale. Mais si nous sommes en mesure, en décembre, de parler d’une année où les éducateur·trice·s ont aidé à conduire le monde vers un changement mesurable en faveur de la science et de la vérité, cela sera qualifié à juste titre de début audacieux.
[1] Le discours complet d’António Guterres à l’Université de Columbia est disponible sur le site ci-dessous (en anglais) : https://www.un.org/sg/en/content/sg/speeches/2020-12-02/address-columbia-university-the-state-of-the-planet
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.