« En tant que conseiller pédagogique, je continue de transformer la vie des élèves en période de pandémie ».
Entretien avec Orlando Guerrero Sandí.
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À l'occasion de la Journée mondiale des personnels de soutien à l'éducation, le 16 mai, nous nous sommes entretenus avec Orlando Guerrero Sandí au sujet de son expérience pendant la pandémie. Orlando est conseiller pédagogique à l'école élémentaire de San José de Río Sucio, située dans le canton de Sarapiquí (dans la province d'Heredia, district de Puerto Viejo, au Costa Rica). Il a 19 ans de service et est membre du syndicat ANDE depuis 18 ans.
Orlando, pouvez-vous nous parler de votre expérience de travail dans l'éducation en tant que conseiller pédagogique pendant la pandémie ?
L'école où je travaille en tant que conseiller pédagogique est située dans une zone rurale ayant de nombreux besoins socio-économiques et un faible niveau d'éducation. Les parents de nombreux élèves ont émigré de leur pays d'origine, le Nicaragua.
Au cours de l'année scolaire 2020, en raison de la pandémie causée par la COVID-19 et selon les directives établies par les autorités sanitaires et éducatives du pays, l’« enseignement à distance » a été établi en tant que stratégie éducative selon les possibilités de chaque établissement éducatif et communauté.
Ce processus pédagogique pouvait être réalisé à distance grâce à des cours virtuels à l'aide de la plateforme virtuelle Teams. Cependant, notre établissement est fortement limité en termes d'accès à la technologie et à Internet, et de nombreuses familles n'ont pas de services d'électricité de base et d'autres n'ont pas de couverture téléphonique ou Internet.
Ainsi, pour pouvoir mettre en place son processus d’enseignement à distance, notre établissement a dû procéder à la livraison physique de GUIDES DE TRAVAIL AUTONOME selon les priorités d'apprentissage de base définies par le ministère de l'Éducation pour tous les programmes d'études des différentes matières enseignées dans les écoles.
Le service de conseil éducatif à ma charge a planifié ces guides en fonction du programme scolaire qui existe à l'école primaire, et je les ai livrés physiquement à chaque élève par l'intermédiaire de leurs parents, afin qu'ils puissent faire le travail à la maison pendant un mois. Ce processus s’est poursuivi pendant chaque mois de l'année scolaire.
Le mois suivant, chaque élève devait rendre les guides remplis afin que je puisse les réviser. Les élèves disposant d’un appareil électronique envoyaient leur travail réalisé par le biais de photographies servant de preuves.
Au cours de ce processus, mon travail a également consisté à soutenir le personnel éducatif et administratif de l’établissement en offrant des conseils techniques, afin qu'ils puissent mieux mener à bien leur travail dans le cadre de cette nouvelle modalité.
De même, une assistance téléphonique a permis de répondre à toutes les demandes de renseignements des parents sur le processus d'enseignement à distance, en relation avec les guides de travail autonome, mais aussi en ce qui concerne l'ensemble du processus éducatif de leurs enfants (comme les questions liées au domaine personnel-social et d’orientation des élèves).
Le conseiller pédagogique était membre du Comité institutionnel de l'UPRE (Unité pour la rétention, la réincorporation et la réussite scolaire) qui fait partie de la stratégie d'alerte précoce identifiant les risques de décrochage, c'est-à-dire les obstacles à la rétention et à la réussite scolaire.
L'équipe institutionnelle de l'UPRE procède à une analyse des situations de risque identifiées afin de stimuler le processus d'attention opportune et pertinente de l'élève, ainsi que de formuler des stratégies, des actions ou des projets pertinents le concernant. Le rôle du Comité UPRE a été particulièrement important pendant la pandémie.
Diriez-vous que la pandémie a changé la perception des autres vis-à-vis de votre rôle et de votre fonction au sein de l'école ?
En fait, je considère qu'en raison de mon rôle dans l’établissement ainsi que de la proximité et de la confiance que la communauté éducative et les familles m'ont placée, ils ont fait confiance à mon travail pendant mes 19 ans de carrière dans ce centre. Ils savent donc qu'ils peuvent compter sur mon soutien même en période de pandémie et dans la manière dont le processus éducatif est mené. Beaucoup de parents du centre éducatif ont eux-mêmes été mes élèves par le passé.
Que signifie pour vous faire partie du syndicat, surtout en ces temps difficiles ?
Le syndicat ANDE a été un soutien fondamental pour tous les travailleur·euse·s du secteur de l'éducation, non seulement les enseignant·e·s mais aussi les administrateur·trice·s, les technicien·ne·s, les concierges, les cuisinier·ère·s, les agents de sécurité et toutes les personnes en général qui travaillent dans le secteur de l'éducation, car il a toujours défendu et lutté pour que nous ayons les meilleures conditions de travail, même en période de pandémie. Nous avons bénéficié de formations et d’ateliers via différentes plateformes numériques et technologiques, afin de nous fournir des outils pour notre travail d'enseignement ou d'orientation, mais aussi pour répondre à nos besoins personnels et émotionnels face à cette pandémie.
Votre interview sera publiée à l’occasion de la Journée mondiale des personnels de soutien à l’éducation ! Si vous deviez choisir un message que vous aimeriez transmettre au monde au sujet des personnels de soutien à l’éducation, quel serait-il ?
Je me sens très heureux et fier d'être conseiller d'école primaire, d'être affilié au syndicat ANDE et de contribuer, par le biais de mon travail, à l'amélioration de l'éducation dans le pays et l’établissement où je travaille. Mais surtout, je suis très satisfait que mon travail me permette d'être un élément fondamental dans la transformation de la vie de chacun·e des enfants avec lesquels j'ai l'opportunité de travailler.
Peu importe les restrictions sanitaires en place ou le manque de ressources économiques des communautés ou du pays, il y aura toujours moyen de faire du bon travail au service des autres avec une bonne attitude et dévouement.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.