Fidji : Les jeunes militant·e·s prêt·e·s à reprendre le flambeau syndical
Inciter les jeunes éducateur·trice·s à améliorer et développer l’action syndicale à Fidji, tel était l’objectif d’une activité de formation dédiée organisée par le Council of Pacific Education (COPE) en octobre 2020.
Le COPE a accueilli une formation sur l’établissement et le leadership des jeunes au profit des membres de la Fijian Teachers’ Association (FTA), destinée à leur enseigner les compétences nécessaires en vue d’assumer des rôles de leadership au sein de leur syndicat. Cette formation a été soutenue financièrement par des partenaires de coopération, à savoir l’ Independent Education Union of Australia, le New Zealand Educational Institute Te Riu Roa et la New Zealand Post Primary Teachers’ Association.
18 jeunes enseignant·e·s appartenant à 15 sections syndicales de la FTA et 10 dirigeant·e·s syndicaux·ales ont participé à l’atelier de deux jours à Suva, aux Fidji. L’un des principaux objectifs de la formation, qui s’est tenue du 16 au 17 octobre 2020, était d’organiser les représentant·e·s des jeunes de la FTA dans l’ensemble du pays en vue d’une communication efficace et d’établir un plan d’action au profit de l’aile jeunesse de la FTA.
Des intervenant·e·s clés, tels que le Secrétaire général du COPE, Govind Singh, l’Expert de l’éducation de l’UNICEF Pacifique, Iosefo Volau, et la Coordinatrice des femmes du COPE/Coordinatrice des femmes de la FTA, Nanise Kamikamica, ont apporté leur contribution et motivé les jeunes représentant·e·s au cours de l’atelier.
Les questions de l’égalité de genre, des ODD et du renouveau syndical ont également été abordées
La manifestation a également permis de diffuser les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et les cadres politiques internationaux relatifs aux droits humains et syndicaux. Elle a contribué à l’amélioration des relations et du travail en réseau entre la FTA, le COPE, le bureau de l’Internationale de l’Éducation en Asie-Pacifique (EIAP) et le siège de l’Internationale de l’Éducation.
Les discussions ont également porté sur la commercialisation et la privatisation de l’éducation, l’égalité de genre, les campagnes syndicales et le rôle des jeunes dans le renouveau syndical.
Les participant·e·s ont également été informé·e·s de l’avancement de l’ Agenda pour l’éducation 2030 aux niveaux mondial, régional et national. Il·elle·s ont, par ailleurs, bénéficié d’informations sur le rôle des enseignant·e·s et de leurs syndicats dans la mise en œuvre et le suivi des progrès des Objectifs de développement durable (ODD), en particulier les ODD 4, 5 et 8.
Les jeunes dirigeant·e·s expriment leurs préoccupations et leurs points de vue
L’atelier a également donné aux jeunes dirigeant·e·s l’occasion d’exprimer leurs préoccupations et leurs points de vue sur les opérations, la gestion, la direction et les structures syndicales existantes. Il s’agissait d’un retour d’information précieux, qui a contribué au processus de renouvellement syndical au sein de la FTA. Les participant·e·s ont été encouragé·e·s et motivé·e·s à continuer à travailler collectivement dans le cadre syndical afin de faire campagne pour leurs droits, leurs responsabilités et leurs conditions d’emploi.
Selon Govind Singh, le secrétaire général du COPE, le Conseil est activement engagé dans des programmes de développement de la jeunesse à l’échelle nationale et régionale depuis plus d’une décennie.
« Les jeunes sont, entre autres, l’un des groupes les plus vulnérables en matière d’accès à l’emploi, d’égalité des chances et de rémunération, d’accès limité à la protection sociale et aux postes de direction », a-t-il réaffirmé. Singh a également admis que la plupart des syndicats de la région mettent en œuvre une démarche d’intégration et ne font pas de distinction entre les membres jeunes et les autres.
Bien que le seul groupe distinct au sein du COPE soit jusqu’à présent le réseau des femmes, l’idée d’une aile jeunesse progresse, a-t-il déclaré.
Conférence des jeunes du COPE 2019
Cette idée d’une aile jeunesse a émergé de la Conférence des jeunes qui s’est tenue durant trois jours en amont de la Conférence triennale du COPE de 2019. Singh a souligné qu’à cette occasion les participant·e·s avaient recommandé que le COPE :
- Créée un réseau de jeunes au sein de sa structure.
- Recense les programmes de formation nationaux et internationaux en faveur du développement des syndicats de jeunes. Et prévoit un budget approprié afin de financer un réseau de jeunes au sein du COPE et un programme de formation amélioré.
- Exhorte les affiliés et les centrales syndicales nationales à mettre en œuvre des programmes d’action positive visant à recruter davantage de jeunes dans les syndicats.
- Recommande aux affiliés de revoir leurs statuts afin d’améliorer la représentation et la participation des jeunes membres dans les structures décisionnelles de leurs syndicats.
En conséquence, le COPE a été explicitement chargé d’appeler ses affiliés dans le Pacifique à organiser des réseaux de jeunes avec des activités ciblées dans la région.
Tous les obstacles à la participation des jeunes membres doivent être levés
Concernant ces obstacles qui empêchent les jeunes de s’engager ou d’assumer des responsabilités au sein du syndicat, Singh a ajouté que :
- Le climat politique qui règne dans les syndicats et la culture syndicale peuvent décourager les membres potentiels.
- La relation entre le gouvernement et les syndicats est mal comprise.
- La pression exercée par l’entourage pour ne pas adhérer aux syndicats prend de l’ampleur.
- Les conditions d’emploi ont évolué au cours des cinquante dernières années.
- Les contrats individuels proposés par les employeurs interdisant la négociation collective se multiplient.
- Les normes sociales ont créé des fossés intergénérationnels, intragénérationnels et professionnels.
- La sensibilisation des jeunes et des membres de la base aux principes de base des droits syndicaux et des droits de l’homme est nettement insuffisante, de même que l’information des jeunes sur l’importance des conventions collectives et la nécessité d’une forte adhésion syndicale.
Il a poursuivi en soulignant les problèmes auxquels sont confronté·e·s les jeunes enseignant·e·s, comme les mauvaises conditions de travail, les classes à effectifs élevés et les contrats de travail.
Les syndicats fidjiens font de leur mieux pour changer ou influencer la situation malgré les pressions exercées afin de dissuader d’adhérer à un syndicat, a-t-il fait observer. Ils exhortent le gouvernement à investir davantage dans des emplois décents pour les jeunes, afin de permettre à chaque jeune enseignant·e de gagner suffisamment pour mener une vie décente.
Les jeunes syndicalistes de l’éducation apportent des idées, de la créativité et une formidable énergie
Singh a également salué le fait que les jeunes militant·e·s sont innovant·e·s et créatif·ive·s et savent utiliser les nouvelles technologies et les plateformes numériques : « Les jeunes ont les idées, la créativité et une formidable énergie pour façonner, renouveler et redonner vie à des syndicats enseignants forts, indépendants et démocratiques dans la région. Les jeunes éducateurs sont pleins d’espoir et, après à une formation et un soutien appropriés, ils savent résoudre les problèmes et sont à même de susciter un changement social constructif et de devenir de grands dirigeants syndicaux. »
Soulignant en outre que le COPE a appelé ses affiliés à organiser des activités nationales incluant les jeunes et les femmes, il a déclaré que le COPE conseille aux syndicats de mettre en œuvre les recommandations de la Conférence des jeunes.
« Il est de plus en plus évident que les jeunes représentent un capital humain fondamental qui n’est pas encore pleinement exploité. La création, au sein des syndicats, de structures dédiées à la jeunesse pourrait en effet contribuer grandement à la syndicalisation et à l’augmentation des effectifs, » a admis Singh.
Il a fait observer que l’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres devraient se montrer plus attentives aux besoins des jeunes. « Cette stratégie de relance et de renouvellement pourrait s’avérer très porteuse pour les syndicats », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de veiller à ce que le pourcentage de jeunes membres se traduise à tous les niveaux de décision et dans les effectifs du syndicat.