Sénégal : réussite syndicale avec l’obtention d’avancées salariales
Lors d’une réunion à haut niveau avec nombreux·euses ministres, les dirigeants des principaux syndicats de l’éducation sénégalais ont obtenu un accord sur plusieurs mesures positives, à savoir le relèvement de la rémunération des personnels de l'Éducation et de la Formation et la revalorisation du régime indemnitaire des fonctions dirigeantes et administratives. Les perspectives pour l’éducation et les personnels enseignants ont également été discutées.
Cette réunion s’est tenue le 26 février, sous la présidence de Mariama SARR, Ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public.
Y ont participé plusieurs membres du gouvernement, ainsi qu’Amidou Diedhiou, secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), et Abdourahmane Gueye, secrétaire général de l'Union démocratique des enseignantes et enseignants du Sénégal (UDEN) – deux syndicats membres de l’Internationale de l’Éducation, accompagnés par plusieurs autres secrétaires généraux de syndicats de l’enseignement.
Relèvement de la rémunération des personnels de l'Éducation et de la Formation
Sur le relèvement de la rémunération des personnels de l'Éducation et de la Formation, il a été décidé :
- La revalorisation de la prime scolaire.
- La revalorisation de l'indemnité spéciale d'enseignement.
- La revalorisation de l'indemnité de contrôle et d'encadrement pédagogique.
- La revalorisation de l'indemnité de recherche documentaire et de surcharge horaire.
- La revalorisation du point indiciaire.
- Défiscalisation de l’indemnité représentative de logement allouée aux enseignant·e·s à compter du 1er mai 2022.
Les primes vont ainsi augmenter pour toutes les catégories de personnels, dans des proportions allant jusqu'à +220%.
Revalorisation du régime indemnitaire des fonctions dirigeantes et administratives
Sur la revalorisation du régime indemnitaire des fonctions dirigeantes et administratives, la proposition gouvernementale d’adopter une approche fonctionnelle, en lieu et place de la création de corps des administrateur·trice·s scolaires, a été retenue.
À cet effet, un dispositif opérationnel de renforcement des capacités sera mis en place.
De plus, il a été retenu de revaloriser l'indemnité versée aux enseignant·e·s occupant une fonction dirigeante et administrative.
Les cinq priorités du ministère de l’Éducation nationale
Par ailleurs, les signataires ont réaffirmé leur engagement en faveur des cinq priorités du ministère de l’Éducation nationale, à savoir :
- Promouvoir un climat social apaisé dans l'espace scolaire ;
- Renforcer l'efficience et l'efficacité du système ;
- Renforcer les capacités des parties prenantes pour un meilleur pilotage de la qualité ;
- Assurer à tous et toutes l’accès à une éducation de base de qualité ; et
- Systématiser l’éducation aux valeurs.
Mobilisation et action syndicales récompensées
« Il y a eu signature d’un protocole d'accord en 2018, mais ensuite il y a eu une panne du dialogue », a expliqué Amidou Diédhiou, secrétaire général du SELS.
Il a rappelé qu’après que le gouvernement a accepté de rouvrir le dossier en octobre 2021, « nous avons fait quatre mois de suivi des accords et devant l’impasse nous avons décidé d’aller en grève. Le combat a été âpre. Jamais une lutte syndicale n'a apporté un aussi grand gain sur le plan de la rémunération nette et des indemnités. »
Abdourrahmane Gueye, secrétaire général de l’UDEN, a confirmé qu’après la grève de 2018, le gouvernement s’était engagé sur 11 points mais il a tardé à agir, ce qui a irrité les enseignant·e·s.
Pour lui, tout est parti d'un audit commandé par l'État sénégalais pour analyser les dysfonctionnements dans le traitement des fonctionnaires. Il est apparu que ceux et celles du secteur de l'éducation étaient mal payé·e·s par rapport aux autres.
Il a précisé que tous les syndicats les plus représentatifs et les autres non représentatifs ont décrété deux mois de grève et que le système a alors été paralysé. Cinq séances de négociation ont ensuite été tenues.
Concernant les avancées salariales, « c'est la première fois en 30 ans qu'on obtient des augmentations de cette ampleur », a insisté Gueye.
Un comité de suivi chargé de veiller à la mise en œuvre de l’accord a également été mis en place. Il est composé de représentant·e·s gouvernementaux·ales et syndicaux·ales.
Les syndicats restent extrêmement prudents et seront très vigilants dans les semaines et mois qui viennent quant à la mise en œuvre effective de ces engagements gouvernementaux.